Guerre commerciale : Pékin met en garde les pays qui négocient avec Washington au détriment de ses intérêts

Pékin a mis en garde contre des mesures de rétorsion à l'encontre des pays qui concluent des accords commerciaux avec les États-Unis au détriment des intérêts de la Chine, alors que d'autres nations sont entraînées dans la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies du monde.
Dans sa dernière réponse à la forte augmentation des droits de douane américains, le ministère chinois du commerce a déclaré dans un communiqué que Pékin "respecte les efforts déployés par toutes les parties pour résoudre leurs différends commerciaux avec les États-Unis par le biais d'une consultation équitable". Toutefois, la Chine n'acceptera aucun accord commercial conclu sous l'égide des États-Unis qui nuirait à ses intérêts et "répondra résolument et réciproquement par des contre-mesures" afin de sauvegarder ses droits et ses intérêts."
Dans la déclaration, la Chine a qualifié les droits de douane américains d'"intimidation unilatérale" dans le commerce international, ajoutant que "si le commerce international régresse à la loi de la jungle où les forts s'attaquent aux faibles, tous les pays deviendront des victimes."
La semaine dernière, l'administration Trump aurait prévu de faire pression sur les partenaires commerciaux des États-Unis pour qu'ils limitent les accords avec la Chine dans le cadre des négociations tarifaires en cours. Les pays ayant des liens commerciaux étroits avec la Chine pourraient se voir imposer des droits de douane dits "secondaires".
Par ailleurs, le président chinois Xi a visité la semaine dernière les principaux partenaires commerciaux de l'Asie du Sud-Est, notamment le Viêt Nam, la Malaisie et le Cambodge, à l'occasion de son premier voyage à l'étranger de l'année. Cette visite témoigne de "la volonté renouvelée de la Chine de renforcer la stabilité et la prospérité régionales, et de son soutien déterminé à l'intégration économique régionale, alors que le protectionnisme et l'unilatéralisme mondiaux ne cessent de s'intensifier", a rapporté l'agence de presse nationale Xinhua.
Tensions commerciales non tarifaires
La guerre tarifaire semble avoir atteint son paroxysme entre les États-Unis et la Chine, les deux parties ayant indiqué qu'elles ne procéderaient pas à de nouvelles augmentations. Jusqu'à présent, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 145 % sur les produits chinois, tout en suspendant les droits de douane réciproques sur d'autres pays. La Chine a réagi en imposant des droits de douane de 125 % sur les produits américains et a déclaré qu'elle "ignorerait" toute nouvelle augmentation, la qualifiant de "jeu de chiffres dénué de sens". M. Trump a également indiqué qu'il ne prévoyait pas d'autres augmentations des droits de douane, craignant que des mesures supplémentaires ne paralysent les échanges commerciaux entre les deux pays.
Toutefois, les deux parties ont intensifié leurs tensions commerciales par des moyens non tarifaires. La Chine a récemment imposé des restrictions à l'exportation sur un large éventail de minéraux essentiels, en ciblant particulièrement les États-Unis. Quelques jours plus tard, Trump a signé un décret pour enquêter sur les importations de minéraux critiques, déclarant : "Les minéraux critiques, y compris les éléments de terres rares, sous la forme de minéraux transformés, sont des matières premières essentielles et des intrants de production critiques nécessaires à la sécurité économique et nationale."
Ajoutant à l'escalade, l'administration Trump a annoncé des taxes sur les navires de construction chinoise accostant dans les ports américains vendredi dernier. La décision, révélée par le Bureau du représentant américain au commerce (USTR), fait suite à une enquête d'un an lancée à l'origine sous l'administration Biden.
Alors que le président Trump a indiqué à plusieurs reprises que la Chine approcherait les États-Unis pour conclure un accord commercial, il n'y a pas d'indication claire de la part de Pékin qu'un accord est imminent.
L'euro et l'or s'envolent en raison de l'augmentation de la demande de valeurs refuges
Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont continué à déstabiliser les marchés mondiaux au cours de la session asiatique de lundi. Alors que la plupart des bourses occidentales sont restées fermées pour les vacances de Pâques, l'aversion au risque a de nouveau dominé le sentiment du marché. Les actifs refuges, tels que l'or et l'euro, ont grimpé en flèche ; dans le même temps, le dollar américain s'est encore affaibli et les contrats à terme sur les actions américaines ont accentué leurs pertes.
À 5 h 50 CEST, les contrats à terme sur l'or au COMEX avaient bondi de 1,8 % pour atteindre 3 389 dollars l'once, tandis que l'or au comptant avait progressé de 1,4 % pour atteindre 3 376 dollars l'once, marquant tous deux de nouveaux records. La paire EUR/USD a dépassé 1,50 pour la première fois depuis novembre 2021. D'autres devises refuges, dont le yen japonais et le franc suisse, se sont également renforcées de manière significative face au dollar.