La COP 30 s'ouvre à Belém: pour l'Afrique, quels sont les grands enjeux de la Conférence sur le climat?
Par Séraphine Charpentier Patrice Férus
Le grand rendez-vous climat des Nations-Unies, la COP30, démarre ce lundi 10 novembre à Belém, au Brésil. Pour les pays africains, les enjeux sont de taille. Ils pèsent 15% de la population mondiale, représentent seulement 4% des émissions mondiales de combustibles fossiles et sont parmi les victimes les plus directes du réchauffement climatique.
Le grand rendez-vous climat des Nations-Unies, la COP30, démarre ce lundi 10 novembre à Belém, au Brésil. Pour les pays africains, les enjeux sont de taille. Ils pèsent 15% de la population mondiale, représentent seulement 4% des émissions mondiales de combustibles fossiles et sont parmi les victimes les plus directes du réchauffement climatique.
Ces 60 dernières années, l’Afrique s’est réchauffée plus rapidement que le reste du monde, selon le rapport sur l’état du climat en Afrique en 2023 rédigé par l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Pour le continent, la Conférence des parties (COP) sur le climat, qui ouvre ses portes pour sa 30e édition à Belém, au Brésil, ce lundi 10 novembre, est capitale. Elle devra répondre sur de nombreux points aux demandes des dirigeants africains ayant répondu présent à l'événement.
Le financement climatique
Comme point central de leurs doléances, le financement climatique: "Ceux qui sont responsables de la crise climatique aujourd’hui doivent être redevables et doivent pouvoir payer", déclare sur TV5MONDE Bondo Bonaventure, chargé de campagne "Forêt pour le Bassin du Congo" à Greenpeace Afrique.
En 2024, la COP de Bakou actait l'engagement financier des pays du Nord de 300 milliards de dollars par an versés d'ici 2035 aux pays en développement. Une somme critiquée car vue comme bien trop faible par les pays du Sud. Ils comptent revenir à la charge lors de cette COP30, en vertu du principe du pollueur payeur. En face, les pays du Nord renvoient la balle à d'autres pays n'ayant pas contribués, comme la Chine et à des investisseurs privés.
Dans son avis rendu le 23 juillet 2025, la Cour internationale de justice de La Haye aux Pays-Bas a confirmé l'obligation pour les pays développés d'assister financièrement les pays en développement, en application de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de l’accord de Paris. Plusieurs taxes de "solidarité mondiale" seront également à la table des discussions pour cette COP30.
Un Fonds aux pertes et préjudices
Fruit de la COP28 à Dubaï, le Fonds de réponse aux pertes et préjudices était destiné à soutenir financièrement les pays vulnérables les plus touchés par les effets du changement climatique. Signé par 198 pays en 2023, il représentait à l'époque une victoire âpre de la part des pays en développement. Cependant, son existence reste aujourd'hui théorique.
"Les besoins se comptent en milliards de dollars et aujourd'hui, le Fonds a mobilisé 741 millions de dollars, c'est en dessous des besoins"
Ibrahima Cheikh Diong, directeur exécutif du Fonds, début 2025 sur France24
Les États africains perdent en moyenne 2 à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à gérer les extrêmes climatiques. Pour certains, le chiffre monte jusqu'à 9% du PIB. Dans son rapport sur l'état du climat en Afrique en 2024, l'OMM indique que l'Afrique a enregistré la décennie la plus chaude de son histoire, avec de nombreux événements climatiques extrêmes: le phénomène océanographique El Niño, des sécheresses extrêmes en Zambie et au Malawi qui ont déclaré l'état de catastrophe naturelle, des inondations en Afrique du Sud, des glissements de terrain en Éthiopie...
Accord sur la protection des forêts tropicales
Pour cette COP30, un accent particulier est mis sur les forêts tropicales, véritables puits à carbone. Symbole s'il en est, l'organisation de l'événement aux portes de l'Amazonie, dans la petite ville de Belém. Dès l'ouverture de la conférence, le président brésilien Inacio Lula da Silva a annoncé la création d'un Fonds, le Tropical Forest Forever Facility.
L'instrument financier doit permettre la protection des forêts tropicales de l'Amazonie, du Bassin du Congo et d'Indonésie notamment. Dans ce système, la forêt intacte représentera une certaine valeur.
Chaque année, les pays choisissant de respecter et préserver cet écosystème plutôt que de l'exploiter recevront une rémunération issue de financements publics et privés. Une cinquantaine de pays se sont déjà dits prêts à contribuer, mais peu d'engagements fermes existent à ce jour.