Royaume-Uni : la décision de fermer l'aéroport d'Heathrow suscite des controverses

Après la fermeture de l'aéroport londonien d'Heathrow en raison d'un incendie, des interrogations ont été soulevées, notamment par les compagnies aériennes, quant à la nécessité d'une telle mesure.
L'opérateur du système énergétique national a laissé entendre que l'aéroport disposait de suffisamment d'électricité provenant d'autres sources pour continuer à fonctionner.
La fermeture de l'aéroport, l'un des plus fréquenté au monde, a eu de lourdes conséquences : plus de 1 300 vols ont été annulés vendredi, quelque 200 000 passagers ont vu leur voyage perturbé. Les experts du secteur estiment que ce chaos coûtera des dizaines de millions d'euros aux compagnies aériennes.
Ouverture d'une enquête
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l'incendie qui a provoqué la mise hors service de l'une des trois sous-stations électriques qui alimentent l'aéroport Heathrow en électricité.
Celle-ci a en premier mieux été menée par la police antiterroriste dans un contexte marqué par la crainte d'attaques potentielles soutenues par la Russie. Le chef de l'agence d'espionnage britannique MI6 a accusé Moscou d'organiser une campagne de sabotage "d'une témérité stupéfiante" contre les alliés de l'Ukraine dans sa guerre contre l'invasion totale de la Russie.
L'enquête a ensuite été confiée à la London Fire Brigade, qui a déclaré se concentrer sur l'équipement de distribution électrique de la sous-station.
La police affirme cependant n'avoir trouvé aucune preuve d'acte criminel.
Divergences dans les scénarios de crises préconisés
Cet accident a suscité des tensions entre la compagnie britannique d'électricité et les dirigeants de l'aéroport, préconisant des scénarios de gestion de crise opposés.
De son coté, le directeur général du gestionnaire d'électricité National Grid, John Pettigrew, a soutenu dans le Financial Times, que "chaque sous-station (électrique) peut individuellement fournir suffisamment d'énergie à Heathrow"pour que l'aéroport reste ouvert." "La perte d'une sous-station est un événement unique, mais deux autres étaient disponibles", a-t-il également précisé.
Le PDG de l'aéroport d'Heathrow, Thomas Woldbye, a quant a lui défendu la nécessité de fermer la plateforme aérienne, expliquant que le redémarrage sécurisé de centaines de systèmes critiques nécessitait un arrêt complet.
"Des centaines de systèmes critiques dans l'ensemble de l'aéroport ont dû être mis hors tension en toute sécurité, puis redémarrés systématiquement en toute sécurité. Compte tenu de la taille et de la complexité opérationnelle d'Heathrow, le redémarrage en toute sécurité des opérations après une perturbation de cette ampleur a constitué un défi de taille." a déclaré la plateforme aérienne dans un communiqué.
Le directeur a cependant fait l'objet de nombreuses critiques mettant en cause son professionnalisme et son sens des responsabilités. The Guardian révèle qu'alors que l'incendie aurait eu lieu en pleine nuit, Thomas Woldbye aurait confié la gestion de la crise aérienne au directeur de l'exploitation de l'aéroport, Javier Echave, pour retourner se coucher.
La ministre britannique des transports, Heidi Alexander, a refusé de soutenir la décision de la direction d'Heathrow, déclarant : "Je ne dispose pas de toutes les informations dont ils disposaient lorsqu'ils ont pris cette décision."
"La sécurité devrait toujours être primordiale, mais, comme je l'ai dit, ce n'est pas moi qui ai pris la décision", a-t-elle déclaré lors d'une interview accordée à la BBC.