La Sorbonne saisit la justice après des propos antisémites et "faisant l’apologie du nazisme"
« Il y a quelque chose de pourri au royaume » aurait pu dire un lecteur assidu de Shakespeare, en l'occurrence, sans se référer au Danemark. En cause, un nouvel incident antisémite à l'université parisienne de la Sorbonne.
Pas plus loin que début octobre, l'héritière du collège fondé par Robert Le Sorbon en 1257 a dû saisir le procureur de la République après la publication de propos antisémites par le Comité Action Paris 3 qui, sur X, a qualifié le 7 octobre, le jour du raid meurtrier du Hamas sur les kibboutzim et le festival de la musique en Israël, de "jour glorieux".
Le 15 octobre dernier, dans l'université Paris VIII, s'est déroulée "une scène d'une gravité absolument inqualifiable", selon le sénateur Pierre-Antoine Levi : près de 200 étudiants ont participé à un événement où il a été fait ouvertement l'apologie du terrorisme et au cours duquel les massacres du 7 octobre ont été glorifiés. Il a été demandé aux participants : « condamnez-vous le 7 octobre ? » ; la réponse a été un « non » collectif et assumé.
En septembre, les recteurs et présidents d'université ont été réunis par le ministre démissionnaire chargé de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste suite aux « propos très graves, injurieux et antisémites publiés sur des groupes WhatsApp et Instagram d’étudiants ». À Paris 1 Panthéon-Sorbonne, des étudiants juifs avaient été exclus d’un groupe Instagram par une camarade, « en raison de leur supposé sionisme » ou « prétendue appartenance religieuse », en se basant uniquement sur leurs noms et prénoms.
Propos haineux lors d’un cours sur les infections urinaires
Rebelote, l'université de La Sorbonne a dû, à nouveau, ce lundi 24 novembre 2025, annoncer avoir saisi la justice après des "propos antisémites et faisant l’apologie du nazisme" le 20 novembre dernier lors d'un cours magistral à la faculté de santé (!).
Comme nous l'apprend Le Parisien, des étudiants ont réussi à faire afficher sur grand écran plusieurs propos haineux lors d’un cours interactif sur les infections urinaires (!!) : les mots « Hitler », « Juifs » « Libérez Maurice Papon », « Fuck un Kurde » ou encore un symbole de croix gammée.
« Outre l’apologie du nazisme (dont ils diront que c’est de l’humour), il y en a pour tout le monde : juifs, noirs, musulmans, kurdes, femmes », a dénoncé sur X le militant syndical Manès Nadel.
L'Université a vite réagi. "Jeudi 20 novembre, Sorbonne Université a reçu un signalement pour des propos antisémites affichés sur l’écran de l’amphithéâtre durant un cours magistral du DES (Diplôme d'Études Spécialisées) médecine générale à la faculté de Santé", relève le communiqué officiel. "Six enseignantes et une centaine d’étudiantes et d’étudiants ont été exposés, durant ce cours, à des propos explicitement racistes et faisant l’apologie du nazisme, affichés sur l’écran de l’amphithéâtre suite aux réponses formulées sur l’outil Wooclap utilisé lors de l’enseignement", poursuit le texte.
Le cours a été suspendu et l'amphithéâtre évacué, précise l'université. "Un accompagnement a été assuré auprès des enseignantes victimes et de l’équipe pédagogique présente. Par ailleurs, le département de médecine générale a mis en place une cellule psychologique accessible à l’ensemble des étudiantes et des étudiants qui en ressentiraient le besoin. Le référent laïcité, lutte contre le racisme et l’antisémitisme de l’établissement a également été saisi."
Et de conclure (dans les mêmes propos qu'en septembre dernier) : "L’établissement rappelle son engagement sans faille dans la lutte contre l’antisémitisme, le racisme et toute forme de discrimination."
Le sondage de l'IFOP contesté
Encore en septembre la Sorbonne a dû reconnaître un contexte actuel "où les actes antisémites se multiplient dans le milieu académique".
Le Parlement a adopté début juillet une proposition de loi visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur. Elle prévoit des mesures de sensibilisation et des sanctions disciplinaires, et rend obligatoire la désignation dans chaque établissement d’un référent dédié.
En même temps, le sondage sur l’antisémitisme à l’université, commandé par le ministère de l’enseignement supérieur à l'IFOP, ne fait pas l'unanimité. Une partie des syndicats dénonce un « recensement » politique.
L’association France Universités estime que le questionnaire de l’IFOP « pose un certain nombre de problèmes dans sa conception et les questions posées » et a informé le ministère, dans un courrier lundi 24 novembre, qu’elle ne cautionnerait pas le sondage censé permettre de « quantifier le phénomène ».
Certaines questions ont suscité l’émoi dans la communauté universitaire, « y compris auprès des responsables administratifs et juridiques des établissements [quant au] respect du RGPD [le règlement général sur la protection des données, et à la] neutralité de l’Etat »,relève France Universités.
De son côté, la Ligue des Droits de l'Homme publie un communiqué des syndicats qui appellent à "refuser (ce) projet de l'enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche", en affirmant que "l’examen, tant de la méthodologie d’enquête que du questionnaire prévu, semble comporter de graves dangers".
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