G20 en Afrique du Sud: que contient la déclaration commune adoptée en l’absence des États-Unis?
Par Antoine Joubeau
Réuni pour la première fois sur le continent africain, le G20 a adopté une déclaration commune à Johannesburg ce samedi 22 novembre 2025, malgré l’absence remarquée du président américain Donald Trump.
Réuni pour la première fois sur le continent africain, le G20 a adopté une déclaration commune à Johannesburg ce samedi 22 novembre 2025, malgré l’absence remarquée du président américain Donald Trump.
Pour la première fois, le G20 s’est tenu sur le continent africain. Johannesburg, la plus grande ville d'Afrique du Sud, accueillait ce samedi 22 novembre les dirigeants des principales puissances économiques mondiales. Un lieu symbolique : l'événement a clos un cycle de présidences confiées à des pays du Sud global, après l’Indonésie, l’Inde et le Brésil entre 2022 et 2024.
Le sommet s’est toutefois déroulé sans le président américain Donald Trump, qui a choisi de le boycotter, avec son allié, le président argentin Javier Milei. Le chef d’État russe Vladimir Poutine n'était pas non plus présent, toujours sous le coup d'un mandat de la Cour pénale internationale (CPI).
Une déclaration commune qui a "fait l'objet de longs débats"
Malgré les obstacles, le président sud-africain Cyril Ramaphosa est parvenu à faire adopter une déclaration commune qui a "évidemment fait l’objet de longs débats, de la part de tous les pays. Pour finalement être adoptée” dès le matin, a expliqué Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence, au micro de RFI. “Nous ne reviendrons pas en arrière et elle ne sera pas rediscutée, nous allons de l’avant. Il s’agit là du fruit d’un travail d’un an, non seulement de la part de l’Afrique du Sud, mais aussi de tous les pays impliqués dans le processus”, a-t-il ajouté.
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Dans son discours d’ouverture, Cyril Ramaphosa a défendu le multilatéralisme. “L’adoption de cette déclaration envoie un signal important au monde : le multilatéralisme peut produire des résultats, et il le fait", a-t-il déclaré.
"Cette déclaration transmet un message d’espoir et de solidarité. Elle dit au monde que nous resterons fidèles à notre engagement solennel de ne laisser aucune personne, aucune communauté et aucun pays de côté. Nous ne devons rien laisser amoindrir la valeur, le prestige ou la portée de la première présidence africaine du G20”.
Cyril Ramaphosa, président sud-africain
Seule réserve : l’Argentine a indiqué par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Pablo Quirno, qu’elle ne pouvait “pas approuver” la déclaration, estimant que le texte évoquait le conflit au Moyen-Orient “d’une manière qui ne parvient pas à en saisir toute la complexité”.
Le président Cyril Ramaphosa a pris acte de cette position, sans que cela remette en cause le texte adopté par les autres dirigeants, y compris par le Premier ministre indien Narendra Modi, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva ou encore le Turc Recep Tayyip Erdogan.
Appel à une “paix juste” dans plusieurs conflits
Dans cette déclaration de 30 pages publiée par le gouvernement sud-africain, les dirigeants appellent à “une paix juste” et “durable” dans plusieurs zones de conflit. “Guidés par les objectifs et les principes de la charte de l’ONU dans son entièreté, nous travaillerons pour une paix juste, complète et durable au Soudan, en République démocratique du Congo, dans les territoires occupés palestiniens, en Ukraine, de même que pour mettre fin à d’autres conflits et guerres autour de la planète”, écrivent-ils.
Il s’agit de la seule mention de l’Ukraine, alors que le plan américain a pesé sur les discussions. Les dirigeants appellent aussi les pays à s’abstenir de la menace ou de l’usage de la force pour s’emparer de territoires au détriment de la souveraineté d’un autre État.
En marge du sommet, les Européens ont multiplié les consultations afin d’élaborer une contre-proposition au plan de l’administration Trump. Dans une déclaration commune, ils ont estimé que le projet américain en 28 points “est une base qui requerra du travail supplémentaire”, se disant notamment “inquiets par les limitations proposées pour les forces armées ukrainiennes, qui laisseraient l’Ukraine vulnérable à de futures attaques”.
Sécurisation des minerais stratégiques, un enjeu crucial pour l’Afrique
Face aux restrictions imposées par Pékin sur les exportations de terres rares, les dirigeants soulignent la nécessité de protéger davantage l’approvisionnement en minerais stratégiques, indispensables à la transition énergétique ainsi qu’à de nombreux produits électroniques et puces destinées à l’intelligence artificielle.
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“Nous cherchons à garantir que la chaîne de valeur des minerais stratégiques puisse mieux résister aux perturbations, qu’elles soient dues aux tensions géopolitiques, à des mesures commerciales unilatérales incompatibles avec les règles de l’OMC, à des pandémies ou à des catastrophes naturelles”, ont-ils indiqué.
Financements climatiques et lutte contre les inégalités
Adoptée le jour même de la conclusion des négociations de la COP30 au Brésil, la déclaration affirme la nécessité d’augmenter rapidement et substantiellement les financements climatiques, pour passer “de milliards à des milliers de milliards à l’échelle mondiale et provenant de toutes les sources”.
Elle met en avant les inégalités d’accès à l’énergie, en particulier en Afrique, et appelle à diversifier et sécuriser les investissements dans des sources durables. Les dirigeants soutiennent aussi le développement de systèmes d’alerte précoces pour les populations vulnérables aux catastrophes climatiques.
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Sur les inégalités, grande priorité de la présidence sud-africaine, la déclaration ne reprend pas l’idée d’un panel international, mais souligne l’“impératif” de réduire les "disparités de richesse et de développement" au sein des pays et entre eux.
Les dirigeants appellent également à réformer le système financier international afin d’aider les pays à faibles revenus à gérer leur dette, qui limite leurs investissements dans les infrastructures, la santé ou l’éducation. Ils demandent aussi davantage de transparence des créanciers, y compris privés, et soutiennent les efforts visant à instaurer des taxes minimales mondiales, même si l’engagement pris à Rio en 2024 sur la taxation effective des plus fortunés n’a pas été repris.
Le sommet doit s’achever dimanche, avec la passation de la présidence tournante du G20 aux États-Unis, dans un climat toujours tendu entre Washington et Pretoria.
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