COP30 à Belém: un accord minimal validé, quelles sont les limites et les avancées du texte pour le climat?
Par TV5MONDE avec agences
La Conférence des parties de l’ONU sur le climat, la COP30, organisée à Belém au Brésil, s’est conclue par un accord décevant, samedi 22 novembre. Après une dizaine de jours de négociations entre près de 200 pays et une ultime nuit de tractations, les États-parties ont enfin adopté un texte élaboré par la présidence brésilienne.
La Conférence des parties de l’ONU sur le climat, la COP30, organisée à Belém au Brésil, s’est conclue par un accord décevant, samedi 22 novembre. Après une dizaine de jours de négociations entre près de 200 pays et une ultime nuit de tractations, les États-parties ont enfin adopté un texte élaboré par la présidence brésilienne.
Les Européens ont accepté le texte, tout en reconnaissant qu’ils auraient souhaité un accord plus ambitieux. "Nous devons le soutenir car, au moins, il nous emmène dans la bonne direction", a déclaré le commissaire européen au climat Wopke Hoesktra après cette nuit de négociations. "Nous n'allons pas cacher que nous aurions préféré davantage, et plus d'ambition sur tout", a-t-il poursuivi.
Le texte ne contient cependant qu’une référence indirecte à la sortie des énergies fossiles. Il rappelle le consensus de la COP28 à Dubaï, en 2023 qui évoquait “transition hors des énergies fossiles”, sans en reprendre explicitement les formulations. Il n'appelle à accélérer l'action que de façon "volontaire" et ne fixe aucune feuille de route claire pour une transition concrète.
(Re)voir Climat: la COP30 s’ouvre au Brésil, entre espoirs et contradictions
Your browser doesn't support HTML5 video.
On reste loin du plan réclamé par plus de 80 pays européens, latino-américains ou insulaires.
Pourquoi un compromis aussi limité ?
Un bloc solide de pays émergents et de producteurs d’énergies fossiles, parmi lesquels l’Arabie saoudite, la Russie ou l’Inde, a refusé toute mention explicite d’une sortie de ces énergies. Selon les nations européennes, ces pays ont systématiquement repoussé les formulations les plus ambitieuses, rappelant qu’une partie de leur économie dépend largement du pétrole, du gaz ou du charbon.
De nombreux pays en développement ont clairement affiché d’autres priorités en arrivant à Belém. Pour ces États, l’enjeu des financements était plus important que la bataille diplomatique autour des énergies fossiles. Leur économie n’a pas les moyens de passer à une transition énergétique rapide, ni de s’adapter à des impacts climatiques déjà visibles. Ils ont donc concentré leurs efforts sur l’obtention d’engagements financiers supplémentaires, revendication au cœur des discussions.
Malgré ses réserves, l’Union européenne a donc choisi de ne pas faire échouer l’accord. Les Vingt-Sept ont estimé qu’un blocage de l’UE l’aurait isolée et exposé le processus de la COP à une crise majeure. Refusant d’assumer le risque d’un sommet sans texte d’accord, dans un contexte où la légitimité des COP est régulièrement contestée, l’UE a donc accepté un texte qu'elle considère pourtant incomplet mais viable.
Triplement des aides à l’adaptation des pays en développement
Malgré l’absence d’engagement fort sur les énergies fossiles, le texte présente tout de même quelques avancées. L’accord prévoit notamment le triplement des aides destinées à l’adaptation des pays en développement d’ici 2035, par rapport aux 40 milliards de dollars par an actuels. Pour ces nations, une transition énergétique ou une adaptation aux impacts climatiques était hors de portée sans soutien financier massif.
C’est une première dans les négociations climatiques, le texte prévoit d’instituer un “dialogue” sur le commerce mondial. La Chine, menant la fronde des pays émergents contre les taxes carbone aux frontières, en avait fait son cheval de bataille. Ce chapitre dans le texte final est une concession importante faite au profit du groupe des émergents.
"Lorsque les États-Unis se retirent, les autres acteurs deviennent prudents"
L'analyste Li Shuo, de l'Asia Society à Washington, voit dans ce résultat un nouveau point d'inflexion dans la politique climatique mondiale. "Alors que l’ambition climatique nationale ralentit, les négociations internationales sont désormais limitées par une volonté politique en déclin. Lorsque les États-Unis se retirent, les autres acteurs deviennent prudents et indécis", déclare-t-il à Belém.
L’accord final a été accueilli avec scepticisme par de nombreuses délégations et observateurs, qui dénoncent un texte “plat” et dépourvu de signaux politiques majeurs. Il ne répond pas à l’urgence scientifique. Depuis plusieurs rapports internationaux, les scientifiques estiment qu’une sortie rapide et planifiée des énergies fossiles est absolument indispensable.
Yesterday