Corridor maritime, aide humanitaire, sécurité : le plan de Chypre pour reconstruire Gaza

À l'occasion du sommet du Conseil de l'Europe, organisé ce jeudi 23 octobre à Bruxelles, Chypre va présenter, aux dirigeants de l'Union européenne, son plan en six points pour la reconstruction de la bande de Gaza.
Le président du pays, Níkos Christodoulídis, a, pour la première fois, détaillé son plan lors d'une interview exclusive accordée à Euronews. Elle a été conçue pour soutenir l'initiative de paix en vingt points du président américain Donald Trump, dévoilée à la fin du mois de septembre.
Discuté pour la première fois lors du "Sommet pour la paix à Gaza" à Charm-el-Cheikh à la mi-octobre, le plan chypriote implique la réaffectation du corridor dit "Amalthea" à la fois pour "extraire les décombres" du territoire ainsi que pour livrer des matériaux en vue de sa reconstruction éventuelle. Ce passage maritime humanitaire est une initiative conjointe mise en place en 2024 par Chypre, avec le soutien des pays occidentaux et arabes pour acheminer l'aide vitale à Gaza.
"Lorsque les conditions seront réunies, la reconstruction devra commencer. C'est pourquoi le point 3 de notre proposition est l'enlèvement des décombres et la reconstruction. C'est le rôle que Chypre peut jouer : le développement de routes maritimes pour l'extraction des gravats et l'arrivée de matériaux de construction à Gaza afin de soutenir la reconstruction de Gaza", a déclaré Níkos Christodoulídis à The Europe Conversation.
"Amalthea" avait été un succès à l'époque, a-t-il assuré, précisant que Chypre était "prête, en tant que représentant de l'Union européenne dans la région, à tenir ses promesses une fois de plus".
Rapprocher UE et Moyen-Orient
Níkos Christodoulídis a déclaré que Chypre était prête à tirer parti de sa position stratégique de pont entre l'UE et le Moyen-Orient pour jouer un rôle de premier plan dans l'avenir de Gaza. De plus, le pays assumera la présidence tournante du Conseil de l'UE pendant six mois à partir de janvier, ce qui signifie que le gouvernement aura une plus grande influence sur la définition de l'ordre du jour au niveau européen.
"Chypre est à une demi-heure de vol du Liban, à 40 minutes d'Israël, à 50 minutes de l'Égypte, à 50 minutes de la Jordanie, à une demi-heure de la Syrie. [...] Nous sommes membres de l'Union européenne, mais en même temps, nous faisons partie du Moyen-Orient", a-t-il développé, assurant que sa principale mission est de "rapprocher l'UE du Moyen-Orient et du Grand Moyen-Orient".
Il a également souligné la nécessité de travailler avec tous ces partenaires dans la région pour mettre en œuvre le plan du président Donald Trump. Et pour cause, Chypre entretient des liens diplomatiques étroits avec Israël et la Palestine, ainsi qu'avec d'autres pays de la région.
"Notre plan est basé sur nos excellentes relations avec toutes les parties prenantes", a-t-il déclaré, énumérant alors Israël, "tous les partenaires arabes de la région", l'UE et les États-Unis.
Un plan en six points axé sur l'aide, la sécurité et la reconstruction
Outre la reconstruction de Gaza, le plan du président chypriote s'articule autour de deux axes principaux : l'aide humanitaire et la sécurité.
Il vise à soutenir l'acheminement de l'aide humanitaire, le contrôle des "biens à double usage" (articles pouvant être utilisés dans des contextes civils et militaires) et la formation des forces de sécurité palestiniennes.
Chypre souhaite également jouer un rôle dans la "force de stabilisation internationale" proposée par Donald Trump (celle chargée de désarmer le Hamas et de maintenir la stabilité à Gaza, entre autres), qui devrait être composée de partenaires arabes et internationaux.
Les six points du plan de Níkos Christodoulídis sont étroitement liés à huit éléments distincts du plan plus large du président états-unien, y compris concernant l'aide humanitaire, la reprise économique, la reconstruction du territoire et la future gouvernance.
Le chef d'État a toutefois précisé que la reconstruction de Gaza ne pourra commencer que lorsque les "conditions politiques" seront réunies.
Il a ajouté qu'il n'y avait "pas d'autres alternatives pour l'instant" que le plan de cessez-le-feu dirigé par Donald Trump, dont la première phase est provisoirement maintenue. Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur le 10 octobre, mais les deux parties se sont accusées mutuellement de l'avoir violé. Entre le 12 et le 21 octobre, plus de 400 Palestiniens ont été tués, selon le bilan du ministère de la Santé du Hamas, jugé fiable par l'ONU.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien sur The Europe Conversation, mercredi à 20 h 30.
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