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Donald Trump a-t-il invité Alice Weidel, coprésidente de l'AfD, à la Maison Blanche ?

Europe • Oct 31, 2025, 5:50 PM
8 min de lecture
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Une série de posts, de vidéos et de photos relayés sur X et Facebook ont affirmé, à tort, que le président américain Donald Trump avait adressé une invitation personnelle à Alice Weidel, co-présidente du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Une désinformation qui a été fortement relayée, certains messages ayant atteint plusieurs dizaines de milliers de vues.

Certains comptes pro-AfD ont également relayé cette affirmation. Comme ce YouTubeur allemand, qui a affirmé, dans une vidéo visionnée plus de 64 000 fois, qu'Alice Weidel prévoyait un vol vers Washington "pour rencontrer Donald Trump".

Mais en réalité, la co-présidente de l'AfD n'a pas du tout été invitée par le président républicain. Le 26 octobre, sur les réseaux sociaux, elle reçoit bien une invitation, mais venant de la représentante républicaine des États-Unis Anna Paulina Luna. "Veuillez envisager de venir avec une délégation de vos membres de l'AfD à Washington DC", a-t-elle écrit. "J'aimerais vous accueillir avec quelques autres membres du Congrès."

Le lendemain, Alice Weidel a répondu la remerciant et en indiquant qu'elle contacterait Anna Paulina Luna pour discuter de la manière dont une rencontre peut être organisée.

Deux jours plus tard, le mercredi 29 octobre, la politique américaine assure qu'elle a rencontré Anna Rathert, une élue de l'AfD au Bundestag.

Au Cube, l'équipe de vérification des faits d'Euronews, un porte-parole d'Anna Paulina Luna a assuré la députée était disposée à rencontrer Alice Weidel et qu'elle accueillerait une délégation de l'AfD en décembre.

L'AfD et la Maison Blanche n'ont pas répondu à nos demandes de commentaires.

Donald Trump est-il concerné ?

Dans les faits, quelle est la différence entre une invitation d'un membre du Congrès et une convocation officielle de la Maison-Blanche ? Selon USAGov, le site officiel d'informations et de services gouvernementaux, les réunions organisées à l'initiative d'un membre du Congrès sont considérées comme des contacts partisans et non comme de la diplomatie officielle.

Seule la branche exécutive du gouvernement américain, qui comprend la Maison Blanche et Donald Trump, a le pouvoir d'engager des relations au niveau gouvernemental avec des acteurs politiques étrangers. Ces visites officielles sont coordonnées par le département d'État américain et donnent généralement lieu à des communiqués de presse ou sont consignées dans les registres officiels des visiteurs.

En revanche, une invitation lancée par un législateur américain, tel qu'Anna Paulina Luna, ne nécessite pas l'intervention du pouvoir exécutif. La Maison Blanche n'est donc pas directement impliquée.

Selon le Congressional Research Service, les membres du Congrès peuvent donc soutenir ou contester la politique étrangère, mais ils ne peuvent pas eux-mêmes mener une diplomatie officielle.

Pour l'AfD, l'invitation d'Anna Paulina Luna est un signe que le parti a des alliés dans le système politique américain, mais elle n'équivaut pas à une prise de position officielle du gouvernement américain.

Le mouvement MAGA et l'AfD

Bien qu'elle n'ait pas reçu d'invitation de la part de Donald Trump, l'AfD s'est efforcée de renforcer ses relations avec l'administration américaine.

En septembre, la vice-présidente de l'AfD, Beatrix von Storch, a déclaré qu'elle s'était rendue à la Maison Blanche pour mener des entretiens stratégiques avec "des représentants américains du Conseil de politique intérieure, du bureau du vice-président, du Conseil de sécurité nationale et du département d'État", dans un message partagé sur X.

Dans une interview accordée à la radio suisse Kontrafunk, Beatrix von Storch a déclaré que les discussions portaient principalement sur la liberté d'expression et que les représentants américains présents s'intéressaient aux "restrictions de la liberté d'expression et à la censure en Allemagne". La Maison Blanche n'avait pas fait état publiquement de cette rencontre.

Le codirigeant de l'AfD, Tino Chrupalla, ainsi qu'une poignée de membres de l'AfD et l'expert en politique étrangère de l'Union chrétienne-démocrate conservatrice, Jürgen Hardt, ont assisté à l'investiture de Donald Trump en janvier.

Peu après, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a accusé Berlin de "tyrannie déguisée" après que l'agence allemande de renseignement intérieur a classé le parti comme "organisation d'extrême droite avérée", une classification qui a été mise en suspens, car l'AfD la conteste devant les tribunaux.

L'homme d'affaires américain Elon Musk est filmé en direct lors du lancement de la campagne électorale de l'AfD, à Halle, en Allemagne, le samedi 25 janvier 2025.
L'homme d'affaires américain Elon Musk est montré lors d'une liaison vidéo en direct pendant le lancement de la campagne électorale de l'AfD, à Halle, en Allemagne, samedi 25 janvier 2025. AP Photo

L'alliance naissante entre le mouvement MAGA et l'AfD a d'abord fait les gros titres après que le milliardaire de la technologie et ancien proche allié de Trump, Elon Musk, s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur du parti dans la période précédant les élections générales allemandes de février.

Le fondateur de Tesla a soutenu le parti dans une tribune controversée, a tenu un appel enregistré avec Alice Weidel et s'est rendu à un rassemblement de l'AfD à Halle, où il a déclaré que le parti était le "meilleur espoir" pour l'avenir de l'Allemagne.

Selon Beatrix von Storch, l'AfD et l'administration Trump se rejoignent sur le fait qu'ils sont "contre l'islamisation, contre l'immigration, contre la culture woke".

Avant leur rapprochement, l'AfD a dépeint la politique étrangère des États-Unis comme une menace pour la souveraineté de l'Allemagne pendant la présidence de Joe Biden. Ils ont également longtemps appelé au retrait des troupes américaines d'Allemagne, tout en remettant en question l'alliance militaire de l'OTAN.