La BCE réduit ses taux pour la sixième fois depuis juin, malgré une inflation persistante

La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux d'intérêt jeudi après-midi lors de sa réunion mensuelle, comme les analystes l'avaient anticipé.
Les taux d'intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront ramenés à 2,50 %, 2,65 % et 2,90 % respectivement, avec effet au 12 mars 2025.
Le taux d'intérêt des opérations principales de refinancement est le taux que les banques paient lorsqu'elles empruntent de l'argent à la BCE pour une semaine, tandis que le taux de la facilité de dépôt est celui que les banques peuvent utiliser pour effectuer des dépôts à vue auprès de l'Eurosystème.
Le taux de la facilité de prêt marginal, quant à lui, permet aux banques d'obtenir des crédits au jour le jour auprès de l'Eurosystème.
"La politique monétaire devient nettement moins restrictive, car les baisses de taux d'intérêt rendent les nouveaux emprunts moins coûteux pour les entreprises et les ménages et la croissance des prêts s'accélère", déclare la BCE dans un communiqué.
"Dans le même temps, l'assouplissement des conditions de financement est freiné par le fait que les hausses de taux d'intérêt passées continuent de se répercuter sur le stock de crédit, et que les prêts restent globalement modérés. L'économie est confrontée à des défis persistants et les services du FMI ont de nouveau revu à la baisse leurs projections de croissance - à 0,9 % pour 2025, 1,2 % pour 2026 et 1,3 % pour 2027", poursuit-elle.
Une inflation tenace
Cette décision intervient après que l'inflation a atteint 2,4 % dans la zone euro en février, dépassant les 2,3 % prévus.
Si les pressions sur les prix se rapprochent de l'objectif de 2 % fixé par la BCE, l'inflation totale a été principalement tirée par l'inflation des services, qui s'est élevée à 3,7 % en glissement annuel.
Sur une base mensuelle, les prix à la consommation ont également augmenté de 0,5 % par rapport à janvier, la plus forte hausse observée depuis avril 2024.
À l'avenir, la perspective d'une guerre commerciale avec les États-Unis augmente le risque que ces totaux augmentent.
Le président américain Donald Trump menace en effet d'imposer des droits de douane de 25 % sur les importations de l'UE, et l'Union européenne a prévenu qu'elle riposterait en imposant ses propres taxes.
Un autre facteur qui complique l'avenir économique de la zone euro est l'invasion russe en Ukraine.
La nouvelle administration américaine ayant suspendu son soutien militaire à Kyiv, les États membres doivent augmenter leurs propres budgets militaires, ce qui entraîne une hausse des dépenses et des niveaux d'endettement.
Une croissance en berne
Tout en gérant ces risques, les décideurs politiques sont également conscients de l'atonie de la croissance dans la zone euro.
Au cours du dernier trimestre 2024, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,1 % par rapport au trimestre précédent dans la zone euro et de 0,2 % dans l'UE, selon Eurostat.
"L'économie de la zone euro s'est comportée un peu mieux que prévu au quatrième trimestre, mais la croissance est restée extrêmement faible et les premiers signes indiquent que l'année 2025 a démarré lentement", explique Jack Allen-Reynolds, chef économiste adjoint de la zone euro chez Capital Economics.
"Une expansion de 0,1 % n'a rien d'enthousiasmant", ajoute-t-il.
De l'autre côté de l'Atlantique, la Réserve fédérale prendra sa prochaine décision de politique monétaire le 19 mars.
Selon les prévisions, les taux d'intérêt américains devraient être réduits deux ou trois fois en 2025, même si ces mesures pourraient intervenir plus tard dans l'année.
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