Syrie : sans intervention israélienne, "un génocide aurait eu lieu", selon un chef druze

Le chef de la communauté druze en Israël, Cheikh Muwafaq Tarif, s'est rendu à Bruxelles mardi où il a rencontré la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et plusieurs autres responsables européens pour discuter des récents affrontements à Soueïda.

"Nous sommes venus pour faire entendre notre voix et celle de notre peuple en Syrie, à Jabal al-Arab et à Jabal al-Druze. C'était nécessaire compte tenu de la situation qui s'y est développée, des événements et des massacres qui ont eu lieu", a-t-il déclaré.

Depuis le mois de juillet, la Syrie connaît une vague de violence entre les Druzes et les Bédouins, qui a fait des milliers de morts et de blessés.

Les affrontements ont commencé par des enlèvements et des attaques réciproques entre des bédouins sunnites locaux et des factions armées druzes à Soueïda, un centre de la communauté druze dans le sud du pays.

Ces violences ont menacé de faire dérailler une situation sécuritaire fragile après que les rebelles ont chassé l'ancien président Bachar al-Assad lors d'une offensive éclair en décembre, mettant ainsi fin à plus de 14 ans d'une guerre civile dévastatrice.

"Il est devenu évident que le monde entier, y compris l'Union européenne et les États-Unis, doivent agir. Nous exigeons le retour des personnes enlevées dans les plus brefs délais. Ils doivent ramener les personnes déplacées dans leurs maisons et leurs villages, rétablir une vie normale et apporter une aide humanitaire à notre peuple à Soueïda". a expliqué Cheikh Muwafaq Tarif.

Des pillages, des vols, des viols et des déplacements forcés de dizaines de milliers de personnes ont également eu lieu.

Les alaouites fidèles à Bachar Al-Assad, qui appartient au même groupe ethnoreligieux, ont été la première communauté à souffrir de la violence.

Les chrétiens et, plus récemment, les Druzes, dont la religion est une ramification de l'islam chiite, ont également été pris pour cible.

Dans un rapport publié le mois dernier, la Commission des Nations unies sur la Syrie a déclaré que "les violences qui ont eu lieu sur la côte en mars étaient systématiques et généralisées" et qu'elles "pourraient constituer des crimes de guerre".

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, organisme indépendant de surveillance de la guerre, 2 000 Druzes ont été tués lors d'affrontements avec des tribus bédouines sunnites soutenues par les forces loyales au président intérimaire Ahmad al-Charaa.

À la mi-août, le Conseil de sécurité des Nations unies a publié à l'unanimité une déclaration condamnant les atrocités et les actes de violence contre les civils.

"L'Autorité intérimaire syrienne doit veiller à ce que tous les auteurs d'actes de violence répondent de leurs actes et soient traduits en justice, quelles que soient leurs affiliations. Le Conseil a également pris note de la décision du ministère de la défense du gouvernement intérimaire syrien de créer une commission chargée de vérifier les affiliations et les antécédents des personnes impliquées dans des actes de violence. Le Conseil a souligné l'importance de l'inclusion et de la transparence dans les processus de justice et de réconciliation, en insistant sur leur nécessité urgente pour l'établissement d'une paix durable en Syrie", peut-on lire dans un communiqué.

Le Cheikh Muwafaq Tarif a énuméré les violations commises en Syrie à l'encontre de plusieurs communautés, notant que la situation reste tendue.

"Il y a eu des attaques contre les alaouites et des massacres à grande échelle, suivis d'attaques contre nos frères chrétiens. Puis il y a eu les attaques et les massacres à Suwayda et dans sa banlieue. Des meurtres, des viols, des pillages, des saccages et des vols. Plus de 230 000 personnes ont été déplacées de leurs villages. Aujourd'hui, il y a un siège. Un siège important de Suwayda. Il n'y a pas d'électricité. Il n'y a pas d'eau. Il n'y a pas de médicaments. Il n'y a pas de lait pour les enfants", a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, face à la détérioration de la situation sécuritaire et aux tensions sectaires croissantes, Israël a lancé des frappes sur les convois gouvernementaux à Suwayda et sur le siège du ministère de la défense à Damas, affirmant qu'il agissait pour protéger les Druzes.

Cheikh Muwafaq Tarif a défendu les frappes. "Nous ne représentons pas le gouvernement israélien. Nous sommes venus ici dans l'intérêt de la communauté druze", a-t-il affirmé.

Il a conclu que "s'il n'y avait pas eu d'intervention israélienne, la communauté druze de Soueïda aurait été anéantie".

En Israël, on estime à 150 000 le nombre de Druzes, dont la plupart ont la citoyenneté israélienne et servent dans l'armée israélienne.

Certains ont atteint des postes militaires et politiques de haut niveau et sont souvent présentés comme un exemple de coexistence et de tolérance au sein de l'État juif.