Argentine : défaite écrasante de Javier Milei lors d'une élection clé dans la province clé de Buenos Aires

Le président argentin Javier Milei a essuyé une large défaite lors d'une élection dans la providence de Buenos Aires dimanche - un scrutin à valeur de test à moins de deux mois des élections législatives de mi-mandat.

Le parti La Libertad Avanza, récemment créé par l'ancien présentateur de télévision, n'a recueilli que 34 % des voix dans la plus grande province d'Argentine, s'inclinant largement face à l'opposition péroniste de gauche, qui a obtenu 47 % des voix après le dépouillement de la majorité des bulletins de vote dimanche en fin de journée.

Javier Milei a reconnu que la perte de 13 points de son parti était une "défaite claire".

"Si quelqu'un veut commencer à reconstruire et à aller de l'avant, la première chose à faire est d'accepter les résultats", a-t-il déclaré à ses partisans au siège de son parti.

Le dirigeant a promis d'"accélérer" ses réformes libertaristes après la défaite.

Depuis son arrivée au pouvoir, le leader libertarien a lancé une cure d'austérité sans précédent en Argentine dans le but de juguler l’inflation, réduisant réduisant les dépenses publiques et licenciant des dizaines de milliers d'employés de l'État.

Les péronistes, majoritaires au Congrès

Javier Milei doit renforcer la petite minorité de son parti au sein du Congrès, dominé par l'opposition, lors des élections de mi-mandat le mois prochain, afin de mettre en œuvre sa vision libertaire radicale pour l'économie argentine, en proie à la crise.

Les péronistes constituent aujourd'hui le bloc le plus important du Congrès argentin et ont utilisé leur pouvoir pour faire passer des mesures de dépenses sociales, bloquent les efforts du président pour équilibrer le budget de l'Argentine.

L'ancienne présidente Cristina Fernández Kirchner, qui reste une dirigeante péroniste influente malgré une condamnation pour corruption qui l'a exclue de la vie politique et l'a placée en résidence surveillée, a salué ses partisans depuis le balcon de sa maison dans la capitale du pays.

Si Javier Milei peut se vanter d'avoir fait baisser l'inflation à trois chiffres en Argentine au cours des derniers mois, la population du pays n'a toutefois pas encore vu la reprise économique que le dirigeant avait promise à la suite de ses dures mesures d'austérité.

"Bien qu'il ne s'agisse pas des principales élections nationales d'octobre, il s'agit néanmoins d'un signal d'alarme pour le gouvernement, et la manière dont il réagira sera cruciale pour comprendre l'évolution de la carte politique", analysé Juan Cruz Díaz, directeur du groupe Cefeidas, un cabinet de conseil de Buenos Aires.

"Ce résultat est une donnée clé pour comprendre l'humeur sociale, la position de l'opposition, l'état du péronisme et le niveau de soutien au gouvernement dans la circonscription électorale la plus importante d'Argentine", a-t-il ajouté.

Les résultats ont également mis en lumière l'ancien protégé de Cristina Fernández Kirchner, Axel Kicillof, le gouverneur de gauche de la province de Buenos Aires et l'un des plus féroces critiques de Javier Milei, le révélant comme le mieux placé pour assumer le rôle de futur dirigeant péroniste.

"Les urnes ont dit à Milei que les travaux publics ne pouvaient pas être interrompus. Elles lui ont expliqué que les retraités ne peuvent pas être battus, que les personnes handicapées ne peuvent pas être abandonnées", a déclaré le gouverneur devant ses partisans en liesse.