La Global Sumud Flotilla approche de Gaza, craignant des attaques israéliennes

Près d'un mois après leur départ des ports européens, les navires de la Global Sumud Flotilla ne sont plus qu'à deux ou trois jours de navigation des eaux palestiniennes.
La cinquantaine de bateaux qui composent cette flottille et qui transportent de l'aide humanitaire vont entrer dans la portion la plus délicate de leur trajet, la marine israélienne étant susceptible de bloquer le passage des navires et d'arrêter les membres à leur bord.
"Israël n'autorisera pas les navires à pénétrer dans une zone de combat", a déjà averti le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar. Ce dernier revendique le droit de maintenir un blocus naval autour de Gaza, qu'il considère comme un exercice légitime du droit à la légitime défense, puisqu'il a été conçu pour mettre fin à la contrebande d'armes par le Hamas.
Pour appuyer son propos, le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Eden Bar-Tal, a ajouté que la flottille "n'est pas une mission humanitaire, mais une provocation politique".
"Accroître la pression sur Israël"
Une position que dénoncent les militants de Global Sumud Flotilla. Ils estiment que le blocus est injustifié et qu'il provoque des victimes et des souffrances parmi les civils de Gaza. Ils veulent ainsi "briser le siège" et créer un corridor humanitaire permanent dans la bande de Gaza et en Palestine.
Conscients des risques qu'ils encourent, les membres de l'équipage savent qu'ils pourraient être interceptés par les forces israéliennes. "Comme pour les missions [similaires] précédentes, nous nous attendons à ce que les forces israéliennes nous interceptent à un moment ou à un autre, qu'elles nous ordonnent de nous arrêter et qu'elles nous arrêtent", a assuré l'eurodéputée socialiste italienne Annalisa Corrado, à Euronews. "Nous en tenons compte. Bien sûr, personne ne veut être un kamikaze ou un martyr", a ajouté celle qui se trouve à bord du bateau Karma.
"Ce que nous voulons, c'est accroître la pression politique et diplomatique, en particulier parce que l'objectif est Gaza, et non la mission elle-même. L'idée est, qu'une fois sur place, la pression sur le gouvernement israélien, et non sur la flottille, sera telle que nous pourrons aider à rétablir un corridor humanitaire", a-t-elle ajouté.
"Meloni essaye d'arrêter la flottille"
La flottille a déjà été attaquée par des drones alors qu'elle naviguait dans les eaux internationales, la semaine passée. L'offensive a provoqué plusieurs explosions, a gravement endommagé certains bateaux et a contraint la flottille à faire une pause en Crète. L'équipage des bateaux inutilisables a été transféré sur d'autres navires, tandis que quelques personnes ont décidé de débarquer.
Le 9 septembre, elle avait subit une première attaque au large de Tunis.
"La force de ces explosions a été jugée suffisante pour démâter un bateau. Imaginez donc que vous soyez en mer la nuit, avec les vagues et sans le mât. Si une telle attaque avait frappé à quelques dizaines de centimètres d'écart, l'incident aurait pu être bien plus grave", assure Annalisa Corrado.
Après cet incident, le gouvernement italien a proposé que la flottille laisse l'aide humanitaire à Chypre et qu'elle soit transférée dans la bande de Gaza sous la supervision du Patriarcat catholique de Jérusalem et sous la direction du cardinal Pierbattista Pizzaballa, figure respectée des activistes pro-palestiniens. Le conseil d'administration de la flottille a rejeté cette idée, malgré le dialogue qu'il entretient avec l'institution.
Pour l'eurodéputée italienne, "le gouvernement italien n'est pas un interlocuteur crédible" et la proposition du ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani n'était pas la bonne solution.
"Le gouvernement italien ne reconnaît pas l'État de Palestine. Il bloque la suspension des accords d'association de l'UE avec Israël. Il n'a pas imposé d'embargo total sur les armes [à Israël]. Il n'a pas exigé de cessez-le-feu ni de rétablissement des livraisons d'aide. Il est donc clair qu'une telle démarche, si elle n'est pas très maladroite, pourrait certainement apparaître comme du sabotage", a déclaré Annalisa Corrado.
La Premier ministre italienne, Giorgia Meloni, a récemment déclaré que l'Italie reconnaîtrait la Palestine, sous réserve de deux conditions : la libération des otages emmenés par le Hamas et l'exclusion du Hamas de toute participation à un futur gouvernement palestinien. Pour Annalisa Corrado, Giorgia Meloni "essaie simplement d'arrêter la flottille, au lieu d'essayer d'arrêter Israël. C'est à peine croyable".
Deux navires militaires
L'eurodéputée socialiste a toutefois salué l'appel du président italien Sergio Mattarella à trouver une solution de compromis pour protéger la sécurité de l'équipage, ainsi que l'attention portée par le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto.
Un navire militaire italien et un navire militaire espagnol suivent actuellement le convoi humanitaire, mais aucun des deux navires n'est autorisé à pénétrer dans les eaux de Gaza ou à affronter la marine israélienne, en cas d'intervention contre la flottille.
En France, plusieurs personnalités politiques de gauche ont appelé Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu de protéger "de toute urgence" la flottille internationale.
Dans la nuit de dimanche à lundi, un navire de soutien d'une organisation caritative a évacué l'un des bateaux en raison d'un problème technique, déplaçant l'équipage sur d'autres navires. Ce lundi, le Croissant-Rouge, avec l'aide des autorités turques, a évacué les militants d'un autre bateau, qui était tombé en panne et commençait à prendre l'eau, selon l'agence de presse turque Anadolu.
L'offensive israélienne menée sur la Palestine a fait au moins 66 055 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. Ces données sont jugées fiables par l'ONU, qui a indiqué qu'Israël commet un génocide à Gaza.
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