Pétrolier russe au large de Saint-Nazaire : le commandant sera jugé pour seul "refus d'obtempérer"

Le capitaine d'un pétrolier soupçonné de faire partie de la "flotte fantôme" russe sera jugé en France au début de l'année prochaine pour n'avoir pas justifié la nationalité du navire, a déclaré un procureur français.
Cette décision intervient après que le capitaine et le second du Boracay, le pétrolier actuellement immobilisé au large de la côte atlantique du pays, ont été arrêtés par les autorités françaises, peu après l'ouverture d'une enquête sur le navire et son équipage. Placés en garde à vue mardi, les deux Chinois ont été relâchés, le second ne faisant l'objet d'aucune inculpation.
Le procureur Stéphane Kellenberger a déclaré que le capitaine avait été convoqué pour un procès dans la ville portuaire de Brest, dans l'ouest du pays, le 23 février. Il risque jusqu'à un an de prison et une amende de 150 000 euros (176 000 dollars) pour le délit présumé de "non justification de la nationalité du navire". Les procureurs, qui l'ont également interrogé, ainsi que son collègue, sur le "refus de coopérer" de l'équipage, ont déclaré qu'il ne pouvait être tenu directement responsable de ce délit.
Le Boracay a quitté le terminal pétrolier russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre et a navigué au large des côtes danoises en direction de l'Inde. Il a été cité par des experts navals européens comme pouvant être impliqué dans des incursions de drones dans l'espace aérien danois.
Le pétrolier, dont le nom a changé à plusieurs reprises, battait pavillon béninois et figure sur la liste des navires visés par les sanctions de l'Union européenne à l'encontre de la Russie.
"La marine française a arraisonné le navire au cours du week-end, après que des soupçons ont été émis quant à sa nationalité", a déclaré le porte-parole de l'armée française, le colonel Guillaume Vernet. "Le navire a reçu l'ordre de rester sur place dans une zone sûre", a-t-il ajouté. Il est resté au large du port de Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, depuis dimanche, selon le site web de surveillance du trafic maritime.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé que le pétrolier appartenait à la flotte dite "fantôme" de la Russie, composée de pétroliers vieillissants dont la propriété et les pratiques de sécurité sont incertaines et qui échappent aux sanctions occidentales liées à l'invasion massive de l'Ukraine.
Jeudi, il a salué le travail de la marine française pour "identifier la présence d'une flotte fantôme". "Vous tuez le modèle commercial en retenant ces navires, même pendant des jours ou des semaines, et en les obligeant à s'organiser différemment", a-t-il déclaré.
S'exprimant lors d'un sommet des dirigeants européens sur la défense à Copenhague, M. Macron a laissé entendre que "30 à 40 %" de l'effort de guerre de la Russie était "financé par les revenus de la flotte fantôme".
"Cela représente plus de 30 milliards d'euros. Il est donc extrêmement important d'accroître la pression sur cette flotte fantôme, car cela réduira clairement la capacité à financer cet effort de guerre pour la Russie", a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron a affirmé que le navire, qui battrait un faux pavillon, était "exactement le même" que celui qui avait été arraisonné par l'Estonie au début de l'année.
En avril, le radiodiffuseur public estonien EE a rapporté que le navire, alors identifié sous le nom de Kiwala, avait été arrêté à l'extérieur de la baie de Tallinn en raison de préoccupations concernant son pavillon, alors qu'il se dirigeait vers le port russe d'Ust-Luga.
À l'époque, le Premier ministre Kristen Michal a tweeté que la marine estonienne avait "arrêté un navire sanctionné sans pavillon" et que les autorités avaient arraisonné le navire.
Interrogé par des journalistes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré qu'il n'avait "aucune information" sur ce navire. Il a également déclaré que de nombreux pays menaient des "actions provocatrices" contre la Russie.
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