...

Logo Yotel Air CDG
in partnership with
Logo Nextory

Le propriétaire du "Washington Post", Jeff Bezos, annonce limiter les tribunes du journal

Culture • Feb 28, 2025, 11:57 AM
8 min de lecture
1

Le propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos, a annoncé que les pages opinion du journal se concentreraient sur la défense des "libertés personnelles" et de l'économie de "marchés libres". "Nous allons écrire tous les jours en soutien et pour la défense de [ces] deux piliers", donc contre les régulations économiques, a écrit le fondateur d'Amazon mercredi 26 février, dans une note aux équipes du journal. "Nous couvrirons d'autres sujets bien sûr, mais les points de vue s'opposant à ces piliers seront publiés par d'autres" que le Washington Post, a-t-il ajouté.

Selon lui, les points de vue qu'il défend "sont mal desservis dans le marché actuel des idées et des opinions d'actualité". Il dit, dans sa note partagée sur son compte X, avoir hâte de "remplir ce vide ensemble" avec les équipes du journal. La décision a provoqué le départ du responsable des pages opinion du "WaPo", David Shipley, Jeff Bezos annonçant que le quotidien se mettait à la recherche d'un nouveau responsable.

Le Washington Post du mardi 6 août 2013, un jour après l'annonce que le fondateur d'Amazon.com, Jeff Bezos, a acheté le journal pour 250 millions de dollars
Le Washington Post du mardi 6 août 2013, un jour après l'annonce que le fondateur d'Amazon.com, Jeff Bezos, a acheté le journal pour 250 millions de dollars AP Photo

De plus en plus d'interventions dans les décisions du journal

La décision de Jeff Bezos, hautement inhabituelle pour un quotidien de la réputation du Washington Post, s'inscrit dans un mouvement de plus grande intervention de sa part dans les décisions du journal de référence de la capitale américaine, qu'il avait racheté en 2013.

Avant l'élection présidentielle de novembre, Jeff Bezos avait notamment empêché le Washington Post d'appeler à voter pour Kamala Harris, alors que les recommandations de vote par les comités de rédaction sont une tradition aux Etats-Unis. L'homme d'affaires, qui lors du premier mandat de Donald Trump s'était opposé à lui sur des contrats de défense, a opéré un rapprochement marqué avec le républicain ces derniers mois, et était notamment présent parmi les premiers rangs à son investiture le 20 janvier. Elon Musk, allié du président républicain, a salué la décision du patron du Washington Post. "Bravo Jeff Bezos !", a écrit le multimilliardaire sur sa plateforme X.

De son côté, le sénateur de gauche Bernie Sanders a dénoncé "la détention oligarchique des médias" et le fait que "le deuxième gars le plus riche au monde" ait décrété que les pages éditoriales du Washington Post allaient s'orienter "vers la droite Trump". Après la note, le responsable des pages économiques du journal, Jeff Stein, a dénoncé "un empiétement massif de Jeff Bezos dans la section opinion" du journal.

Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Sundar Pichai et Elon Musk arrivent avant l'investiture présidentielle de Trump
Mark Zuckerberg, Jeff Bezos, Sundar Pichai et Elon Musk arrivent avant l'investiture présidentielle de Trump AP Photo

"Bezos plaide en faveur des libertés individuelles. Mais son organe de presse interdira désormais les opinions autres que les siennes dans sa section d'opinion", a écrit Martin Baron, rédacteur en chef du Post de 2012 à son départ à la retraite en 2021. "Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu'il agit ainsi par crainte des conséquences pour ses autres intérêts commerciaux."

Dans une interview accordée à l'organisation d'information indépendante Zeteo en réponse à la décision, M. Baron n'a pas mâché ses mots à l'égard de M. Bezos. "C'est de la crapulerie. Il a essentiellement peur de Trump. Il a décidé qu'aussi timides et tièdes qu'aient été les éditoriaux, ils ont été trop durs envers Trump."

"Il dit qu'ils vont avoir une page d'opinion avec un seul point de vue. C'est une invitation aux éditorialistes et aux chroniqueurs à aller se faire voir ailleurs. C'est vraiment extraordinaire compte tenu de tout ce qu'il a dit par le passé. C'est un poste qui ne sera pas celui de toute l'Amérique. À l'heure où nous parlons de liberté et de démocratie, il dit qu'il n'y aura pas de liberté dans nos propres pages", a poursuivi M. Baron.