Un nouveau rapport montre que le trafic aérien européen est à la traîne par rapport aux objectifs de ponctualité

Les grèves, les problèmes de personnel et les pannes informatiques ont perturbé les horaires des vols pendant la haute saison. Les fournisseurs de services de navigation aérienne, les compagnies aériennes et les aéroports affirment qu'ils s'efforcent de réduire les retards sur l'ensemble du continent.
Mais les nouvelles données d'Eurocontrol, l'Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, montrent que l'industrie aéronautique est loin d'avoir atteint ses objectifs en matière de ponctualité. Voici comment le secteur s'est comporté cet été et pourquoi votre vol a probablement été retardé.
Les retards restent "élevés et supérieurs aux niveaux cibles"
Les données ont porté sur les vols effectués entre le 1er juin et le 15 septembre. Par rapport à l'été précédent, le trafic aérien a augmenté de 3,3 %. Le trafic a également battu des records : cet été, a connu les samedi, dimanche et semaine les plus chargés de son histoire. Le jour le plus chargé de l'été a enregistré un maximum de 37 304 vols.
Le nombre de vols en route a diminué de 31 %. La ponctualité a également augmenté : près de 72 % des vols étaient à l'heure, contre 65 % l'été dernier.
Malgré ces améliorations, les retards sont restés fréquents et supérieurs aux objectifs fixés. Le niveau idéal de retard est de 0,9 minute par vol. Depuis le début de l'année, la moyenne est de 1,88 minute de retard par vol.
"Cela met clairement en évidence le manque structurel de capacité, dû en grande partie à la pénurie d'ATCO (officiers de contrôle du trafic aérien) et d'ANSP (fournisseurs de services de navigation aérienne), ainsi que la nécessité d'améliorer la conception de l'espace aérien et d'accélérer la modernisation technologique", indique le rapport.
Quelles sont les causes des retards des avions ?
Les retards peuvent être dus à un certain nombre de facteurs. De nombreux retards recensés sont dus à des problèmes de capacité ou de personnel. Les intempéries, les grèves et autres perturbations ont également eu un impact sur la ponctualité des vols (bien que le rapport indique que cette année, les retards dus aux intempéries ont diminué de près de la moitié). Le rapport cite également l'instabilité politique comme un facteur qui complique encore le trafic aérien.
L'été étant la saison de voyage la plus chargée, les réseaux se tournent vers l'avenir pour tenter d'atténuer les problèmes pour l'été 2026. Ils ont mis l'accent sur le "maintien de la stabilité et de la prévisibilité du réseau". "Ces retards continuent d'avoir un impact négatif sur les passagers et les compagnies aériennes, et soulignent une fois de plus que tous les acteurs ont encore beaucoup à faire pour remédier à la congestion du système pour l'été prochain", indique le rapport.
Quels sont mes droits en cas de retard de mon vol ?
Actuellement, la législation européenne stipule que si un vol est retardé de trois heures ou plus, la compagnie aérienne doit soit proposer un autre vol au passager, soit le rembourser intégralement, voire l'indemniser. Cette règle s'applique également en cas d'annulation pure et simple du vol.
Le montant de l'indemnisation varie de 250 euros pour un vol court-courrier à 600 euros pour un vol long-courrier. Actuellement, une indemnisation peut être demandée si le retard est supérieur à trois heures.
Toutefois, il pourrait bientôt être plus difficile de demander une indemnisation sur le site. Le Conseil de l'UE propose un plan qui imposerait un retard de quatre heures pour les vols court-courriers et de six heures ou plus pour les vols long-courriers. Ce projet a suscité des réactions négatives de la part d'associations de consommateurs et de citoyens inquiets.
La France "championne européenne" des retards dans le transport aérien
Cet été 2025, les retards liés au contrôle dans le ciel français ont augmenté de 50% par rapport à la même période l’année dernière. Ils ont représenté au total un tiers des retards dans l'ensemble de l'Europe.
L’organisme Eurocontrol avance des "difficultés opérationnelles" liées aux capacités techniques – dont la vétusté, l’obsolescence des outils informatiques – et les grèves récurrentes de ce que l’on appelle les aiguilleurs du ciel. Un exemple parmi d’autres, le mouvement social de deux syndicats minoritaires de contrôleurs aériens français les 3 et 4 juillet derniers a provoqué l’annulation de 1 400 vols et des retards de 3 700 trajets en moyenne par jour sur la période concernée.
Les seuls retards générés par les problèmes de contrôles français ont coûté environ 120 millions d’euros aux compagnies européennes. La grève de début juillet a touché un million de passagers en France et ailleurs en Europe. Par exemple, selon le décompte réalisé par la compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair, ce sont dix millions de passagers clients qui ont pâti des mouvements sociaux dans le ciel français depuis le début de l’année 2025. Un bilan peu flatteur pour nos services de navigation aérienne.
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