L'Europe continue d'exporter des pesticides toxiques vers l'Afrique selon une ONG
Par Elena Lionnet avec agences
Près de 80 chefs d'État étaients réunis à Luanda lors du Sommet Union africaine-Union européenne pour redéfinir une relation qui se cherche encore. Si les pays africains et européens partagent désormais des intérêts de plus en plus convergents, notamment en matière de souveraineté économique et sécuritaire, il y a des points qui fachent. L'Europe continue d'exporter sur le continent des pesticides qu'elle a interdits sur son territoire. Ce que les Nations unies dénoncent comme du "racisme environnemental".
Près de 80 chefs d'État étaients réunis à Luanda lors du Sommet Union africaine-Union européenne pour redéfinir une relation qui se cherche encore. Si les pays africains et européens partagent désormais des intérêts de plus en plus convergents, notamment en matière de souveraineté économique et sécuritaire, il y a des points qui fachent. L'Europe continue d'exporter sur le continent des pesticides qu'elle a interdits sur son territoire. Ce que les Nations unies dénoncent comme du "racisme environnemental".
122 000 tonnes de pesticides toxiques par an interdits par la législation européenne sont pourtant exportés en Afrique en 2024. Ce sont les chiffres établis par l'enquête des ONGs Public Eye et Enearthed. C'est une hausse de 50% par rapport aux 81 000 tonnes de 2018.
Les principaux exportateurs sont l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne et les pays africains les plus consommateurs sont le Maroc, l’Afrique du Sud, suivis de près par le Kenya qui importe près de 500 tonnes de ces produits chaque année.
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La France elle aussi exporte d'importants volumes de substances toxiques. Le documentaire "Vert de rage" diffusé sur France 5 en 2024 démontrait que des usines phytosanitaires en France continuent de fabriquer et d'exporter des pesticides interdits en Europe. L'enquête menée pendant un an par Mathilde Cusin, Manon de Couët, Martin Boudot et l'équipe de "Vert de rage", a démontré que ces substances, souvent cancérigènes, neurotoxiques ou perturbateurs endocriniens, contaminent les populations à l’étranger, et continuent de polluer l’air, les sols et les eaux en Europe.
L'Europe continue d'exporter selon le rapport Public Eye et Enearthed :
-Le dichloropropène (1,3-D), classé cancérogène probable, avec plus de 20 000 tonnes exportées,
-Le glufosinate, un herbicide pouvant provoquer des troubles de la fertilité,
-Les néonicotinoïdes, ces "tueurs d’abeilles" interdits dans l’UE depuis 2019,
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-Le mancozèbe, un perturbateur endocrinien dangereux pour la fertilité.
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Les trois-quarts des 93 pays importateurs sont des nations à revenu faible ou intermédiaire, particulièrement vulnérables aux risques sanitaires et environnementaux. Le Brésil, premier marché mondial des pesticides, reçoit près de 15 000 tonnes de ces substances toxiques "made in Europe". L’Afrique n’est pas épargnée, avec 9 000 tonnes destinées au continent, principalement vers le Maroc et l’Afrique du Sud.
Marcos Orellana, rapporteur spécial des Nations Unies sur les produits toxiques et les droits humains, dénonce fermement cette pratique qu’il qualifie de "double standard odieux" et de "forme d’exploitation moderne dont la connotation raciale ne peut être ignorée".
Pour lui, cette situation révèle que "la vie et la santé des populations des pays destinataires ne sont pas aussi importantes que celles des citoyens européens".
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