Israël: vote sur l’annexion de la Cisjordanie à la Knesset, Washington s’y oppose
Par TV5MONDE avec agences
Le Parlement israélien, la Knesset, a voté mercredi 22 octobre en faveur de l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie occupée, et ce, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.
Le Parlement israélien, la Knesset, a voté mercredi 22 octobre en faveur de l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie occupée, et ce, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.
La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcée mercredi 22 octobre pour l'examen de deux textes visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Le vote a suscité une vive réaction de Washington, alors que le secrétaire d’État Marco Rubio vient d'arriver jeudi en Israël, après la visite du vice-président américain JD Vance.
Ces deux projets de loi ont été approuvés en lecture préliminaire par les députés israéliens, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.
Le premier texte a été proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman (opposition) et prévoit d’annexer la colonie de de Maalé Adoumim, à l’est de Jérusalem, qui compte plus de 40.000 habitants. Il a été adopté par 32 députés contre 9.
Le second a été défendu par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition et vise à appliquer la souveraineté israélienne à l’ensemble de la Cisjordanie, ce qui revient à son annexion. Il a été adopté par 25 voix contre 24.
Selon les médias israéliens, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.
Le parti au pouvoir a estimé dans un communiqué que ces votes constituaient “une provocation de l’opposition visant à nuire aux relations avec les États-Unis”. Le Likoud a également rappelé dans le même texte que “la véritable souveraineté ne s’obtient pas par des lois symboliques mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem”.
“Coup politique stupide”
Ce vote ne ravit pas l’allié d’Israël dans sa guerre contre le Hamas, les États-Unis. En septembre déjà, le président Donald Trump avait été clair : “Je ne permettrai pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Cela n’arrivera pas”.
Avant de quitter Washington mercredi 22 octobre, pour se rendre en Israël, Marco Rubio a estimé qu'un tel projet “menacerait" le cessez-le-feu à Gaza et serait "contre-productif", car il “compliquerait” les négociations en cours avec le Hamas.
(Re)voir Cisjordanie : quel avenir pour la Cisjordanie ?
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"Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a ajouté le secrétaire d'Etat, qui doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu vendredi 24 octobre.
“La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël, et cela continuera d’être notre politique”, a affirmé JD. Vance à l’issue de sa visite. "Si c'était un coup politique, c'était un coup politique très stupide et je le prends personnellement comme une insulte," a-t-il continué.
Réactions régionales
Ce vote a suscité des réactions intenses dans la région. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a “condamné fermement”, ce mercredi 22 octobre, “une violation flagrante du droit international et une atteinte à la solution à deux États”.
De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a rejeté “fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes", condamnant de fait le vote de la Knesset et rappelant que “les territoires de Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza forment une unité géographique sur laquelle Israël n’a aucune souveraineté”.
D'autres pays arabes et musulmans, dont l'Arabie saoudite, ont condamné dans un communiqué conjoint l'examen par le parlement israélien de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie.
"L'Arabie saoudite, la Jordanie, l'Indonésie, le Pakistan, la Turquie, Djibouti, Oman, la Gambie, la Palestine, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, l'Egypte, le Nigeria, la Ligue arabe et l'Organisation de coopération islamique condamnent avec la plus grande fermeté l'adoption par la Knesset israélienne de deux projets de loi visant à imposer une soi-disant +souveraineté israélienne+ sur la Cisjordanie occupée et sur les colonies illégales israéliennes", affirme le communiqué relayé par l'agence de presse saoudienne, SPA.
La Cisjordanie est occupée depuis 1967. Environ trois millions de Palestiniens et près de 500.000 colons israéliens y vivent. La colonisation y a continué sous tous les gouvernements israéliens, malgré les nombreuses condamnations de l’ONU.
En août dernier, Israël a encore approuvé la construction de 3.400 logements supplémentaires en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers. Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.
Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, Benjamin Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".
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