Le PKK affirme retirer ses forces de la Turquie vers le nord de l'Irak
Par AFP Par Shwan MOHAMMED © 2025 AFP
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé dimanche qu'il retirait toutes ses forces de Turquie vers le nord de l'Irak, pressant aussi Ankara de prendre "sans délai" des mesures juridiques pour sauver le processus de paix entamé il y a un an.
La Turquie a salué cette annonce, y voyant des "résultats concrets" des efforts visant à mettre fin à un conflit de quatre décennies.
"Nous mettons en oeuvre le retrait de toutes nos forces à l'intérieur de la Turquie", a déclaré le PKK dans une déclaration lue lors d'une cérémonie dans le nord de l'Irak, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Le mouvement kurde a simultanément diffusé une photo montrant selon lui 25 combattants, dont huit femmes, se trouvant désormais dans le nord de l'Irak après avoir quitté la Turquie. Il n'y avait pas de confirmation dimanche du nombre de combattants impliqués dans ce retrait, mais des observateurs l'estiment à 200 ou 300.
Un dirigeant du mouvement kurde, Devrim Palu, a affirmé à l'AFP que la libération du chef historique emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, était une condition "cruciale" pour le succès du processus de paix. Il a ajouté qu'avec ce retrait, le PKK cherchait à préserver la paix en empêchant des "provocations".
A la suite de discussions indirectes entamées en octobre 2024, le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, a annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel en ce sens d'Abdullah Öcalan.
Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, ces violences ont fait 50.000 morts, dont 2.000 soldats et causé des milliards de dollars de pertes à l'économie turque.
Voie démocratique
Le PKK dit désormais vouloir défendre les droits de la minorité kurde en Turquie par la voie démocratique comme l'a demandé M. Öcalan, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention, lors de son "appel à la paix" en février.
Lors d'une cérémonie en juillet dans le nord de l'Irak, au coeur de la région autonome du Kurdistan, une trentaine de combattants en treillis, avaient brûlé leurs fusils pour marquer une première phase de désarmement.
Dans la foulée, en août, une commission parlementaire turque chargée de préparer un cadre légal au processus de paix a démarré ses travaux qui devront entre autres décider par exemple du sort d'Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali au large d'Istanbul, et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.
Plus qu'une amnistie?
Lors de sa cérémonie dimanche, le PKK a ainsi appelé la Turquie à prendre les mesures juridiques nécessaires à la poursuite du processus de paix et à permettre l'intégration de ses militants dans la vie politique.
"Les mesures juridiques et politiques voulues par le processus" et les lois "nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être mises en place sans délai", a souligné le PKK dans sa déclaration.
"Nous voulons des lois spécifiques à ce processus (de paix), pas simplement une amnistie" pour les membres du PKK, a déclaré sur place à des journalistes Sabri Ok, un cadre du mouvement, en soulignant l'importance que ces mesures garantissent la "liberté".
M. Öcalan, dont la libération est au coeur des demandes du PKK dans ce processus avec Ankara, a été autorisé en septembre, pour la première fois depuis six ans, à rencontrer ses avocats.
Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla et la population kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population de ce pays de 86 millions d'habitants, épuisée par un long conflit, ce qui a favorisé ces pourparlers indirects de paix.
Le parti pro-kurde DEM, troisième force au Parlement turc, a joué un rôle clé pour ce processus, en servant notamment d'intermédiaire entre Ankara et le PKK. Selon des médias turcs, une délégation du DEM doit à nouveau rencontrer le président Erdogan dans les prochains jours avant de se rendre sur l'île-prison d'Imrali pour s'entretenir avec M. Öcalan.
Pour Sabri Ok, la commission parlementaire turque doit "se rendre immédiatement" à Imrali pour "écouter" le chef historique du PKK. "C'est la clé", a-t-il dit dimanche à des journalistes.
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