Jean Dujardin se fait tout petit dans "L'homme qui rétrécit"

Par AFP Par Pauline FROISSART © 2025 AFP

Dans "L'homme qui rétrécit", en salles mercredi, Jean Dujardin réalise un défi de taille, seul à l'écran une bonne partie de ce récit fantastique qui revisite le film culte de 1957.
L'acteur de 53 ans y interprète Paul, un père de famille travaillant dans la construction navale, victime d'un mystérieux phénomène météorologique tandis qu'il se trouve en mer.
Peu à peu, ses vêtements deviennent trop grands, ses sensations s'altèrent. Effaré, il découvre qu'il est atteint d'un mal étrange: il rétrécit inexorablement.
La star de "The Artist" - oscarisé pour ce rôle en 2012 - avait déjà perdu quelques dizaines de centimètres dans "Un homme à la hauteur", une comédie romantique sortie en 2016 dans laquelle il jouait un architecte de 1,40 m nouant une idylle avec une avocate de 1,75m interprétée par Virginie Efira.
Dans "L'homme qui rétrécit", le ton est cette fois au drame car plus Paul rapetisse, plus ses ennuis grandissent.
Son chat se mue en prédateur, il affronte une terrifiante araignée, et les moindres bruits deviennent soudain assourdissants.
Autrefois chaleureuse, sa jolie maison du bord de mer est désormais un environnement hostile.
Son épouse Elise, jouée par Marie-Josée Croze, assiste impuissante à sa déchéance, jusqu'à le perdre de vue: en fuyant son chat, Paul tombe dans sa cave dont il devient prisonnier.
Luttant pour sa survie tout en poursuivant son inéluctable mue, il finit par accepter peu à peu sa situation, dans ce film qui questionne la place de l'homme dans le monde.
"Un film sur l'acceptation"
C'est Jean Dujardin lui-même qui a eu l'envie de faire ce remake en tombant par hasard dans un magasin sur une jaquette de "L'homme qui rétrécit" de Jack Arnold sorti en 1957. Il s'est replongé dans l'adaptation en noir et blanc du roman de l'Américain Richard Matheson, un film qui l'avait marqué plus jeune.
"J'avais vu un film sur l'acceptation, sur la dignité dans la perte. C'est ça qui m'avait plu le plus", se rappelle l'acteur lors d'un entretien réalisé lors du festival européen du film fantastique de Strasbourg.
"Le rétrécissement de l'homme, c'est vraiment l'allégorie de la vie, c'est la maladie, c'est la mort".
Il évoque ce projet avec le producteur Alain Goldman qui obtient les droits. Le cinéaste Jan Kounen, qui avait déjà dirigé l'acteur en 2007 dans "99 francs", les rejoint, choisi "pour sa vision", dit Jean Dujardin.
Dans ce film qui repose sur d'impressionnants effets spéciaux, il a dû puiser dans son imagination, déambulant dans un gigantesque décor bleu de 2.000 m2.
"J'ai vraiment adoré cette aventure intérieure, c'est la première fois que je jouais avec mon mental, avec mon esprit plus qu'avec ma vue".
"Je n'avais rien en face de moi. Vous avez un fond bleu, un scotch qui est sur ce fond bleu, et on vous dit ça c'est l'araignée. Son trajet va de là à là. Et moi je mets ma peur entre là et là", décrit l'acteur.
La caméra suit son point de vue, en se mettant à sa hauteur, face à l'immensité qui l'entoure.
Film fantastique, aventure métaphysique, "L'homme qui rétrécit" est aussi un récit intime.
"Ce que j'adorerais dans ce projet, c'est que les gens puissent se plonger complètement dans la vie de ce petit homme", espère Jean Dujardin.
Rarement vu dans un film fantastique, l'acteur pourrait-il poursuivre son exploration du genre? "Je ne sais pas vraiment où je vais", dit-il. "Je ne veux pas faire n'importe quoi. Je ne veux pas aller dans les comédies low-cost. Je ne veux pas faire rire à tout prix. Mais j'ai besoin d'aller dans des projets un peu singuliers".
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