Pourquoi le brouillage de l'avion d'Ursula von der Leyen envoie un "avertissement sévère à l'UE"

Par Océane Bourdenet


La Russie est soupçonnée d’avoir brouillé l’avion de la présidente de l'Union européenne, Ursula von der Leyen, lors de son déplacement en Bulgarie, le dimanche 31 août. Pour Gérard Feldzer, président d'Aviation sans frontières, interrogé par TV5MONDE, "ce n’est pas un amateur qui peut procéder à un tel brouillage".

La Russie est soupçonnée d’avoir brouillé l’avion de la présidente de l'Union européenne, Ursula von der Leyen, lors de son déplacement en Bulgarie, le dimanche 31 août. Pour Gérard Feldzer, président d'Aviation sans frontières, interrogé par TV5MONDE, "ce n’est pas un amateur qui peut procéder à un tel brouillage".
“On n’a pas de certitude absolue que la Russie soit impliquée, mais tout porte à le croire, car les éléments sont là”, explique Gérard Feldzer, président d’Aviation sans frontières. Le brouillage, ou jamming en anglais, n’a pas visé uniquement l’avion de la présidente de la Commission européenne mais toute la zone géographique alentour.
Un avertissement envoyé par la Russie?
Selon cet ancien pilote, ce type d’attaque n’est pas considéré comme dangereux mais avant tout symbolique. “Lorsqu'un avion est brouillé, il suffit au pilote de patienter en effectuant des tours jusqu'au retour des signaux satellitaires”, détaille-t-il. “D'autant qu'il existe des outils analogiques permettant aux pilotes d'atterrir, comme les radiobalises ou les systèmes automatiques d’atterrissage. Donc, il n'y a pas eu de danger, mais bien eu un avertissement sévère”, conclut-il.
(Re) Lire L'avion de von der Leyen victime d'un brouillage GPS en Bulgarie, la Russie soupçonnée
Les soupçons se tournent vers Moscou pour plusieurs raisons. "Ce n’est pas un amateur qui peut procéder à un tel brouillage", souligne Gérard Feldzer. "Cela demande des moyens considérables, que seul un État possède. Et l’on sait que ce sont souvent les Russes qui ont recours à ce type d’action", assure-t-il à TV5MONDE.

Du côté des autorités bulgares, la Russie est également pointée du doigt. La cheffe de l’exécutif européen, Arianna Podesta, a déclaré lundi 1er septembre: "Nous sommes bien sûr conscients, et habitués d’une certaine manière, aux menaces et intimidations qui font partie intégrante du comportement hostile de la Russie."
Rendre “sourds et aveugles” les Européens
Cette attaque met aussi en lumière la vulnérabilité du système de défense européen face aux cyberattaques. “L’Union européenne dispose d’une constellation de satellites nommée Galileo, mais cela ne suffit visiblement pas à garantir sa protection numérique”, observe Gérard Feldzer. “Il faudrait que l’UE envisage de signer des accords avec d’autres pays comme le Japon, afin que, si notre système est brouillé, le leur puisse prendre le relais.”
En attendant d’éventuelles alliances, ce brouillage a rappelé aux Européens leur fragilité. “Cette attaque dit aux Européens, vous êtes bien gentils, mais regardez: nous, nous avons la capacité de vous rendre sourds et aveugles”, avertit Gérard Feldzer.
Des tractations sont en cours parmi les alliés de Kiev pour déterminer quel type de garanties de sécurité lui offrir en cas d'accord de paix avec Moscou, afin de prévenir toute nouvelle attaque russe sur ce pays. Celles-ci se sont nettement accélérées depuis le sommet du 15 août entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska.
Cette réunion a été suivie d'une autre rencontre à la Maison Blanche entre le président américain, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et sept dirigeants européens.
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