Mali: un ex-Premier ministre écroué pour détournement de fonds publics

Par AFP © 2025 AFP

L'ancien Premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maïga, limogé en novembre par les militaires au pouvoir depuis 2020, a été inculpé puis écroué mardi pour "atteinte aux biens publics", a appris l'AFP de sources judiciaires.
M. Maïga avait été nommé Premier ministre en 2021 par la junte dirigée par le général Assimi Goïta, avant d'être limogé fin 2024 après avoir émis des critiques contre celle-ci.
Cet ancien poids lourd de la junte avait notamment déploré d'être tenu à l'écart des décisions sur le maintien aux commandes des généraux qui avaient initialement promis de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024.
L'ancien Premier ministre, en garde à vue depuis une semaine, a été écroué au terme d'une audition devant la chambre d'instruction de la Cour suprême et devra répondre des accusations d'"atteinte aux biens publics, faux et usage de faux", a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Aucune date n'a été fixée pour son procès.

Huit de ses anciens collaborateurs avaient également été placés en garde à vue le 12 août dans la même affaire et sont en train d'être auditionnés par la chambre d'instruction.
"Nous croyons en la justice, nous sommes sereins dans l'attente du procès", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de l'ex-Premier ministre, maître Cheick Oumar Konaré.
Des audits effectués en janvier 2025 accusaient M. Maïga de malversations financières, ce qu'il a toujours nié.
"S'attendre à tout"
"Un homme politique doit s'attendre à tout, y compris la prison et la mort", a déclaré M. Maïga après son incarcération, cité par son avocat.
Son emprisonnement intervient dans un contexte où les autorités maliennes ont procédé à l'arrestation de dizaines militaires soupçonnés, selon elles, de vouloir "déstabiliser les institutions" du pays avec l'aide "d'Etats étrangers".
Un Français soupçonné de travailler pour le "service de renseignement français" a été arrêté la semaine dernière.
Aucun lien n'a été fait entre l'arrestation de M. Maïga et celles des militaires accusés de vouloir renverser le pouvoir.

Depuis 2012, ce pays sahélien fait face à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s'ajoute à une grave crise économique.
La junte, dirigée par le général Assimi Goïta, s'était engagée à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais a depuis manqué à cette promesse.
En juillet dernier, le régime militaire a accordé à M. Goïta un mandat présidentiel de 5 ans renouvelable "autant de fois que nécessaire" et sans élection.
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