Incendies record en UE : les syndicats alertent sur un nombre de pompiers "terriblement bas"

L'été 2025 a été marqué par la pire saison d'incendies de forêt que l'UE ait connue depuis des décennies. Plus d'un million d'hectares ont brûlé depuis janvier, l'Espagne et le Portugal représentant à eux seuls plus des deux tiers de la dévastation. Pourtant, le nombre de pompiers en Europe reste "terriblement bas", avertissent les syndicats européens.

De nouvelles données d'Eurostat montrent qu'en 2024, l'UE comptait 390 600 pompiers professionnels, soit une augmentation de près de 8 % par rapport à 2023.

L'Allemagne, la France, la Pologne, l'Italie et l'Espagne emploient les forces les plus importantes, chacune comptant entre 42 100 et 61 700 pompiers. En revanche, Chypre, le Danemark, la Lituanie, la Lettonie et la Finlande ont les effectifs les plus faibles, compris entre 1 400 et 3 400 personnes.

Alors que la plupart des États membres ont augmenté leurs recrutements, cinq pays ont réduit leurs effectifs, dont la Suède (-23 %), la Belgique (-10 %) et le Portugal (-6 %).

"Il est scandaleux que certains pays continuent de réduire le nombre de pompiers alors que les incendies de forêt prennent de l'ampleur, menaçant la vie et les moyens de subsistance des gens", a déclaré Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Il n'est toutefois pas facile de dénombrer les pompiers dans l'ensemble de l'Union européenne. Les systèmes nationaux varient considérablement : en Irlande, il n'y a presque pas de volontaires, tandis que l'Autriche compte sur quelque 200 000 pompiers volontaires soutenus par seulement quelques milliers de professionnels.

Selon les syndicats, le problème n'est pas d'attirer ou de retenir les talents, mais plutôt de créer des emplois stables et financés. Les autorités locales et régionales imposent souvent des "coupes sévères", a déclaré à Euronews un porte-parole de la Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP).

Entre 2022 et 2023, les gouvernements de l'UE ont augmenté les dépenses pour les services de protection contre les incendies de 8,5 %, atteignant 40,6 milliards d'euros. Mais les syndicats affirment que cela est loin d'être suffisant étant donné les menaces croissantes liées au changement climatique.

"Alors que les incendies et les inondations augmentent en raison du changement climatique, nous ne pouvons pas avoir des budgets stagnants", a déclaré le secrétaire général de la FSESP, Jan Willem Goudriaa.

"Il est temps d'augmenter considérablement les investissements publics pour l'entretien des forêts, la gestion de l'eau, les services de lutte contre les incendies, la protection civile et la prévention", a-t-il ajouté.

En mars 2025, la Commission européenne a dévoilé une stratégie de préparation visant à renforcer la capacité de l'Union à anticiper, prévenir et répondre aux crises telles que les catastrophes naturelles.

La stratégie présente 30 propositions, dont certaines sont axées sur la gestion des incendies de forêt, mais les syndicats avertissent qu'elles ne bénéficient pas du soutien financier nécessaire.

En 2024, 20 États membres ont enregistré des superficies brûlées supérieures à la moyenne. En réponse, les syndicats demandent des investissements importants dans les pompiers professionnels, des réformes visant à mieux intégrer la prévention dans la protection civile, et la réorientation d'une partie des fonds de défense de l'UE vers la réponse aux crises.

Au cours des deux dernières années, "l'accent sur la protection civile n'a pas été mis sur les niveaux d'effectifs et le travail de prévention", a écrit le secrétaire général de la FSESP dans une lettre envoyée à la commissaire européenne chargée de la préparation aux crises, Hadja Lahbib, le 25 août.

"Nous avons besoin que davantage d’États membres augmentent leurs capacités et ne se contentent pas de compter sur le marché pour lutter contre les incendies", a-t-il ajouté".