François Bayrou s'attire les foudres de Rome en accusant l'Italie de "dumping fiscal"

Décidément, rien ne va plus entre Rome et Paris. Après une récente passe d'armes entre Matteo Salvini et Emmanuel Macron au sujet de l'engagement en Ukraine, c'est désormais au tour de François Bayrou de susciter la colère du gouvernement italien.
Lors d'un point presse organisé dimanche avec France Info, LCI, BFMTV et CNEWS, le Premier ministre français a pointé du doigt le "nomadisme fiscal", soulignant la croissance de la dette publique en France et dénonçant "l'argent destiné à des acteurs économiques étrangers".
Pour justifier son opposition à la taxe Zucman - une mesure soutenue par la gauche qui prévoit un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches -, François Bayrou a affirmé que les mesures visant "les plus riches" pourraient pousser les contribuables à déplacer leur résidence fiscale à l'étranger.
"Aujourd'hui, il y a une sorte de nomadisme fiscal et on se déplace là où c'est le plus pratique", a-t-il affirmé, accusant l'Italie de pratiquer un "dumping fiscal" pour attirer de riches étrangers.
Des affirmations "infondées" et "stupéfiantes"
La réponse de Giorgia Meloni ne s'est pas faite attendre, et la Première ministre italienne n'a pas mâché ses mots.
"Les affirmations totalement infondées du Premier ministre français François Bayrou selon lesquelles l'Italie pratiquerait un 'dumping fiscal' pénalisant la France sont stupéfiantes", a-t-elle répondu dès dimanche soir sur X.
Dans une référence à peine déguisée au vote de confiance convoqué par son homologue français, Giorgia Meloni affirme par ailleurs que "l'économie italienne est attractive et se porte mieux que d'autres grâce à la stabilité et à la crédibilité [du] pays".
"L'Italie n'applique pas de politiques de faveur fiscale infondées pour attirer les entreprises européennes et a même doublé, avec ce gouvernement, la charge fiscale forfaitaire en vigueur depuis 2016 pour les personnes physiques transférant leur résidence en Italie", poursuit-elle.
Affirmant que l'Italie est également pénalisée par les "paradis fiscaux européens", Giorgia Meloni termine tout de même sa déclaration en tendant la main au gouvernement français.
"Nous espérons qu'après ces déclarations de son Premier ministre, la France rejoindra enfin l'Italie pour agir au sein de l'Union européenne contre les États membres qui ont toujours appliqué un dumping fiscal systématique, avec la complaisance de certains États européens".
La majorité italienne vent debout contre François Bayrou
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, interrogé par le quotidien Il Messaggero, s'est fait l'écho de Giorgia Meloni en qualifiant les propos de François Bayrou d'"étonnants" et en dénonçant "un raisonnement erroné".
"L'Italie maintient une solidité politique et économique pertinente, sans pratiquer le dumping fiscal et sans conspirer contre les autres pays européens", affirme le leader de Forza Italia (FI), l'un des trois principaux partis de la majorité.
Le président des sénateurs FI, Maurizio Gasparri, a également exigé des excuses de la part de François Bayrou.
"De grands groupes industriels italiens ont des sièges juridiques ou fiscaux en Hollande, au Luxembourg et au Royaume-Uni, qui ne fait plus partie de l'UE. Cela montre comment le pro-européanisme, souvent présenté comme une solution, peut devenir un problème", affirme quant à lui Marco Osnato, président de la commission des finances de la Chambre des députés et député de Fratelli d'Italia (FdI).
La Ligue a également pris position, qualifiant les propos du Premier ministre français d'"attaque grave et inacceptable contre l'Italie, ses entrepreneurs et ses travailleurs".
François Bayrou organise cette semaine une série de consultations avant le vote de confiance de lundi. La grande majorité des élus de l'opposition, à droite comme à gauche, ayant déjà annoncé qu'ils voteraient contre, il semble fort probable que le gouvernement de François Bayrou vive sa dernière semaine.
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