Accord UE-Mercosur : von der Leyen sous le coup d'une enquête pour avoir effacé un SMS de Macron

La correspondance privée d'Ursula von der Leyen fait à nouveau l’objet d’une enquête de la part de la Médiatrice européenne.
Teresa Anjinho a lancé une enquête sur le traitement par la Commission européenne d'une demande externe visant à divulguer un SMS que le président français Emmanuel Macron avait envoyé à Ursula von der Leyen via l'application Signal.
Chronologie des événements
Dans ce message, envoyé en janvier 2024, le chef de l'État aurait exprimé de fortes inquiétudes concernant l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur et son impact sur les agriculteurs français. La France est à la tête d'une minorité de pays qui s'opposent toujours fermement à l'accord.
En mai 2025, Alexander Fanta, un journaliste de Follow the Money, un média d'investigation, a demandé à la Commission d'accorder un accès public au message d'Emmanuel Macron.
L'exécutif a par la suite confirmé qu'Ursula von der Leyen avait reçu le SMS, mais a noté que le contenu "réitérait une position bien établie déjà communiquée par la France" et n'avait donc "aucun effet administratif ou juridique particulier pour la Commission".
En outre, la Commission indique que, conformément aux directives de sécurité publiées en 2022, la présidente de la Commission avait activé la fonction "d'effacement des messages" de Signal. Le SMS d'Emmanuel Macron n'ayant pas été jugé suffisamment pertinent pour être archivé, il a été automatiquement supprimé.
La demande d'information d'Alexander Fanta a ensuite été rejetée.
Le journaliste déplore une atteinte au contrôle juridique
Alexander Fanta prétend que la Commission aurait dû conserver le message d'Emmanuel Macron en raison de son effet sur les négociations de l'accord UE-Mercosur, conclu en décembre. Il a alors déposé une plainte auprès du Médiateur, qui a maintenant conduit à une enquête formelle.
"La Commission admet avoir utilisé la suppression automatique des messages Signal d'Ursula von der Leyen, ce qui signifie que nous n'en verrons probablement jamais aucun", déplore Alexander Fanta sur son compte LinkedIn.
"Cela signifie également que personne d'autre que la Commission ne peut voir et décider de conserver un document, et encore moins d'y donner accès. Cela signifie que toute forme de contrôle juridique, de révision judiciaire - pouf - disparaît".
Mercredi, la Commission a déclaré qu'elle coopérerait avec le bureau de la Médiatrice et a défendu l'utilisation de la suppression automatique des communications privées.
"D'une part, cela réduit le risque de fuites et de failles de sécurité, ce qui, bien sûr, est un facteur important dans ce cas. D'autre part, c'est une question d'espace dans le téléphone, d'utilisation efficace de l'espace dans un appareil mobile", a déclaré un porte-parole.
La transparence de la Commission européenne de nouveau remise en question
Cette nouvelle affaire n'est pas sans rappeler le scandale du "Pfizergate", qui a entraîné une remise en question de la transparence à Bruxelles.
Pendant la pandémie de COVID-19, Ursula von der Leyen a accordé une interview au New York Times dans laquelle elle expliquait comment elle avait négocié directement avec Albert Bourla, le PDG de Pfizer, un accord sur un vaccin d'une valeur de 2,4 milliards d'euros au moyen de messages textuels.
Le journal a ensuite soumis une demande d'information pour accéder à ces SMS, arguant qu'ils étaient pertinents pour l'élaboration des politiques et qu'ils méritaient donc d'être rendus publics.
La Commission a répondu qu'elle n'était pas en mesure de les fournir.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour obtenir les messages, le New York Times a porté l'affaire devant la Cour de justice de l'Union européenne.
En mai, le juge a estimé que la Commission n'avait pas donné "d'explication plausible pour justifier la non-possession des documents demandés". L'exécutif a finalement publié un raisonnement plus détaillé, mais les messages liés à l'affaire Pfizer n'ont jamais été divulgués.
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