Bruxelles enquête sur une possible opération d’espionnage hongroise à la Commission européenne

La Commission européenne a lancé une enquête ce jeudi après que plusieurs médias - parmi lesquels le journal hongrois Direct36, ainsi que les journaux allemand Paper Trail Media et belge De Tijd - ont révélé une opération d'espionnage des services secrets hongrois au sein des institutions de l'UE.
Selon leurs informations, des agents infiltrés se présentant comme des diplomates de la représentation permanente de la Hongrie auprès de l’UE auraient ciblé du personnel hongrois de la Commission européenne, afin obtenir l'accès à des dossiers sensibles concernant Budapest.
La Commission a indiqué prendre ces allégations "au sérieux" et "faire tout son possible pour protéger son personnel et ses informations contre les activités illicites de collecte de renseignements".
"Nous allons mettre en place un groupe interne pour examiner ces allégations", a déclaré Balázs Ujvári, porte-parole de la Commission.
La représentation permanente hongroise, dirigée par Olivér Várhelyi à l'époque
Selon les médias, le réseau d'espionnage hongrois opérait sous la couverture diplomatique de la représentation permanente de la Hongrie auprès de l'UE à Bruxelles.
Un agent hongrois infiltré aurait été détaché auprès de la Commission européenne, où il a travaillé sur des dossiers de sécurité et a eu accès à des données sensibles.
La plupart de ces activités ont eu lieu entre 2012 et 2018, à une époque où les relations entre Budapest et Bruxelles se sont détériorées en raison de questions relatives à l'État de droit, à la démocratie et à la liberté des médias en Hongrie.
Entre 2015 et 2019, la représentation permanente a été dirigée par Olivér Várhelyi, actuel commissaire européen à la Santé.
Selon le porte-parole de la Commission, aucune allégation n’avait été portée à sa connaissance en 2019, au moment du processus de vérification précédant sa nomination.
"Je ne pense pas que nous ayons eu ce type d'informations à ce moment-là", a déclaré Balázs Ujvári.
"En ce qui concerne les commissaires, il est de leur responsabilité de s'assurer qu'ils respectent les dispositions du traité et le code de conduite. Et lorsqu'ils prennent leurs fonctions, ils sont soumis à un processus d'examen approfondi, y compris l'audition au Parlement européen", a-t-il poursuivi.
Le service de presse du Parlement européen n'a fait aucun commentaire sur l'affaire pour le moment.
Dans le cadre de la stratégie générale de prévention, des mesures ont été prises ces dernières années pour atténuer les risques potentiels en matière de sécurité, y compris une meilleure orientation pour les membres et le personnel, a précisé le service de presse.
Selon István Szent-Iványi, eurodéputé et ancien membre de commission des Affaires étrangères, cette affaire est "scandaleuse " et prouve que la Hongrie considère la Commission européenne et le Parlement comme des "ennemis".
"Il est inquiétant qu'ils aient voulu recruter du personnel hongrois de l'UE. Il en résulte une méfiance à l'égard des employés hongrois, qui sont considérés comme des espions et des ennemis potentiels", a-t-il écrit dans un message publié jeudi sur Facebook.
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