Les abus sexuels sur les enfants sont une "pandémie cachée" en Europe, selon un nouveau rapport

Un enfant sur 15 a été victime d'un viol ou d'une agression sexuelle, selon une étude de l'organisation de défense des enfants Childlight portant sur 19 pays d'Europe de l'ouest.

Environ 4,7 % d'entre eux déclarent avoir été victimes d'un viol avant l'âge de 18 ans, et 7,4 % d'une agression sexuelle, avec une incidence nettement plus élevée chez les filles (9,7 %) que chez les garçons (3,9 %).

Des chiffres particulièrement inquiétants aux Pays-Bas

La violence se produit souvent dans le cadre familial : 7,6 % des personnes interrogées ont subi une agression sexuelle de la part d'un membre de leur famille avant d'atteindre l'âge de 18 ans.

En 2023, les lignes d'aide à l'enfance ont signalé 33 261 appels liés à l'exploitation et à la violence sexuelles à l'égard des enfants.

Le rapport fait référence aux "tags" des lignes d'assistance aux enfants, qui décrivent comment le personnel documente et catégorise tout contact (comme les appels, les SMS ou d'autres formes de communication) dans leurs systèmes de données.

Les Pays-Bas comptent le plus de tags de violence sexuelle parmi les pays étudiés (5 819), tandis que le Royaume-Uni se classe comme le principal lieu d'"exploitation et d'abus sexuels d'enfants facilités par la technologie".

L'Irlande est le pays qui compte le plus grand nombre de tags relatifs à l'exploitation sexuelle commerciale hors ligne : 227.

Explosion des contenus pédopornographiques générés par l'IA

Toutefois, le phénomène prend également de plus en plus d'ampleur en ligne

Dans le contexte d'une augmentation mondiale stupéfiante des contenus générés par l'IA (en hausse de 1 325 % entre 2023 et 2024), environ un enfant européen sur cinq a été exposé à des contenus sexuels non désirés au cours de l'année écoulée.

De même, un mineur sur sept a signalé des interactions sexuelles en ligne non désirées ou des pressions au cours de la même période.

En Europe, les plateformes web hébergées aux Pays-Bas ont été à l'origine de 60 % des signalements de contenus pédopornographiques.

Le pays a également le taux le plus élevé de signalements pour 10 000 habitants (880,9), suivi de la Slovaquie (193,7) et de la Lituanie (190,0).

"Nous demandons aux pays de défendre l'intérêt supérieur de l'enfant et de mettre en place une législation qui donne à un organe directeur le pouvoir d'établir des normes centrées sur l'enfant, sensibles au genre et inclusives pour la sécurité des enfants dans les espaces en ligne, ainsi que des conséquences si ces normes ne sont pas respectées", exhorte le rapport.

Pourquoi les Pays-Bas sont-ils un important hébergeur de pédopornographie en ligne ?

Les chiffres concernant les Pays-Bas s'expliquent par plusieurs facteurs, indique Childlight, à savoir "le rôle du pays en tant que plaque tournante mondiale pour les centres de données et les points d'échange Internet, l'ampleur et l'ouverture de son marché de l'hébergement, et les différences potentielles dans les modèles commerciaux d'hébergement ou les procédures de démantèlement".

En 2024, le Sénat du pays a approuvé une nouvelle loi - laLoi sur l'éradication des contenus pédopornographiques en ligne - qui oblige les hébergeurs à retirer des serveurs les contenuspédopornographiques en ligne_,_ sous peine de s'exposer à une amende pouvant aller jusqu'à "10 % du chiffre d'affaires de l'entreprise en cas de violations répétées".

Les nouveaux efforts législatifs seront soutenus par l'entrée récente des Pays-Bas dans le Global Online Safety Regulatory Network, un groupe de pays comprenant, entre autres, le Royaume-Uni, la France, la Corée du Sud et l'Australie, qui vise à accroître la collaboration entre les autorités de régulation de la sécurité en ligne.

En outre, en 2025, la police néerlandaise a participé à deux opérations de grande envergure contre la pédopornographie en ligne. La première visait à lutter contre les contenus sexuels générés par l'IA, tandis que la seconde a permis de démanteler Kidflix, une plateforme pédophile comptant près de deux millions d'utilisateurs.

L'opération, qui a conduit à 79 arrestations et à l'identification de près de 1 400 suspects, a été décrit par Europol comme "sa plus grande opération jamais menée" contre l'exploitation sexuelle des enfants.

L'UE va-t-elle renforcer la surveillance des chats privés pour lutter contre les abus ?

Depuis 2022, l'Union européenne tente de resserrer l'étau autour des abus sexuels commis sur des enfants en proposant de renforcer la surveillance en ligne.

Le projet consisterait entre autres à obliger les applications de messagerie instantanée, telles que WhatsApp, Telegram et Signal, à analyser les conversations cryptées à la recherche d'images, de vidéos et d'URL susceptibles de contenir des contenus pédopornographiques.

Toutefois, lors de l'un des derniers cycles de négociations, le mois dernier, les États membres ne sont pas parvenus à un accord, invoquant des préoccupations liées à la protection de la vie privée et à la "surveillance de masse".

Le "non" de l'Allemagne a été décisif, la ministre de la Justice Stefanie Hubig ayant déclaré que le contrôle des chats "doit être un tabou dans un État de droit". Les Pays-Bas se sont également opposés au projet de loi, tandis que la Bulgarie, le Danemark, la France, la Hongrie et l'Irlande le soutiennent.

Des chiffres alarmants en Asie du Sud

Le rapport Childlight se penche également sur l'Asie du Sud, où environ 12,5 % des enfants disent avoir déjà été victimes d'un viol ou d'une agression sexuelle.

Comme en Europe, la proportion est plus élevée chez les filles (14,5 %) que chez les garçons (11,5 %).

À eux seuls, l'Inde, le Bangladesh et le Pakistan totalisent 4,5 millions de signalements d'abus sexuels sur des enfants.

Le taux le plus élevé pour 10 000 habitants a toutefois été relevé aux Maldives (94), suivies du Bangladesh (64) et du Bhoutan (41).