Mercosur : le Parlement adopte des mesures de protections pour les agriculteurs
Malgré de nombreux mois de négociations, le futur de l'accord commercial du Mercosur, entre l'Union européenne et cinq pays d'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) est encore flou.
Ce mardi 16 décembre, le Parlement européen a approuvé des mesures de protections pour les agriculteurs européens. Elles sont destinées à renforcer la surveillance du marché de l'UE en cas d'augmentation des importations en provenance d'Amérique latine, les réductions tarifaires devant être suspendues en cas de perturbation grave.
Le paquet approuvé par les législateurs comprend égalementun amendement exigeant que les produits du Mercosur respectent les normes de production environnementales et sanitaires de l'UE, ce qui va à l'encontre des garanties déjà approuvées par les États membres.
L'accord, qui pourrait couvrir 700 millions de personnes sur les deux continents, a suscité de profondes divisions en Europe. Nombre d'agriculteurs de l'UE soutiennent que l'accord les exposerait à la concurrence déloyale de leurs homologues latino-américaines, tandis que ses partisans affirment qu'il ouvrirait de nouveaux marchés vitaux pour l'économie de l'UE.
"Les clauses de sauvegarde et les clauses miroirs sont complémentaires : on ne peut pas protéger le marché uniquement sur la base des volumes et des prix sans protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale. Tout le reste n'est que poudre aux yeux", a déclaré l'eurodéputé belge Benoît Cassart (Renew Europe), qui a poussé à l'introduction de l'amendement.
Les États membres s'alignent
La clause de sauvegarde de la Commission a reçu le soutien des États membres en novembre, et les 27 devraient voter sur l'ensemble de l'accord cette semaine. Toutefois, le soutien aux mesures de sauvegarde n'équivaut pas à une approbation de l'accord dans son ensemble, les opposants affirmant qu'ils n'ont approuvé les mesures que pour s'assurer que les agriculteurs seront mieux protégés si l'accord finit par entrer en vigueur.
Le principal point de discorde concerne une "clause de réciprocité" proposée par les députés européens, qui imposerait des normes de productions européennes aux produits du Mercosur, une disposition absente du texte approuvé par les États membres. Les discussions entre les législateurs et les gouvernements de l'UE pour trouver une solution doivent débuter mercredi après-midi.
Le résultat pourrait attiser la colère des agriculteurs européens, qui prévoient de manifester, ce jeudi, lors d'un sommet de l'UE, arguant que les mesures de sauvegarde ne sont pas suffisantes.
Dimanche, la France a demandéle report du vote sur l'ensemble de l'accord. Les agriculteurs français sont mécontents de la manière dont le gouvernement a géré la dermatose nodulaire, un virus bovin hautement contagieux.
Les clauses de sauvegarde et de réciprocité figurent depuis d'ailleurs longtemps parmi les principales exigences de Paris.
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