Ursula von der Leyen propose un programme de 800 milliards d'euros pour la défense européenne

Ursula von der Leyen a proposé mardi un plan nommé "Rearm Europe" qui, selon elle, pourrait permettre aux États membres de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour financer une augmentation massive des dépenses de défense, quelques heures après que Washington a suspendu toute aide militaire à l'Ukraine, faisant ainsi pression sur l'Union européenne pour qu'elle augmente sa propre assistance.
"Nous sommes à l'ère du réarmement et l'Europe est prête à augmenter massivement ses dépenses de défense, à la fois pour répondre à l'urgence à court terme d'agir et de soutenir l'Ukraine, mais aussi pour répondre à la nécessité à long terme d'assumer davantage de responsabilités pour notre propre sécurité européenne", a déclaré la présidente de la Commission européenne.
Les cinq mesures présentées, qu'elle détaille dans une lettre adressée aux dirigeants de l'UE avant le sommet extraordinaire de jeudi, comprennent un "nouvel instrument" permettant de fournir 150 milliards d'euros de prêts aux États membres afin de financer des investissements de défense conjoints dans des capacités paneuropéennes, y compris la défense aérienne et antimissile, les systèmes d'artillerie, les missiles et les munitions, les drones et les systèmes anti-drones.
La présidente de la Commission européenne, qui n'a pas répondu aux questions des journalistes, n'a pas donné de détails sur la manière dont cet argent serait collecté et si les quelque 90 milliards d'euros inutilisés du fonds de relance post-Covid en feraient partie.
L'émission d'euro-obligations pour financer les besoins de l'Union en matière de défense s'est jusqu'à présent heurtée à l'opposition véhémente de plusieurs États membres dits "économes".
L'activation de la clause de sauvegarde nationale du pacte de stabilité et de croissance est l'autre mesure clé du paquet défense de Mme von der Leyen, qu'elle avait déjà communiquée le mois dernier lors d'un discours à la conférence de Munich sur la sécurité.
Cette mesure permettrait aux États membres d'exclure les dépenses de défense de leurs dépenses nationales et de ne pas risquer de se mettre en porte-à-faux avec la politique fiscale de l'Union, qui prévoit que le déficit et la dette publics doivent rester inférieurs à 3 % et 60 % du PIB respectivement.
La présidente de la Commission a affirmé que si les pays de l'UE augmentaient leurs dépenses de défense de 1,5 % du PIB en moyenne, 650 milliards d'euros pourraient être libérés au cours des quatre prochaines années.
Les États membres de l'UE ont massivement augmenté leurs dépenses de défense depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022, mais ils dépensent de manière inégale : La Pologne a consacré 4,12 % de son PIB à la défense l'année dernière, tandis que l'Espagne n'a dépensé que 1,12 %.
Des négociations sont actuellement en cours entre les alliés de l'OTAN, qui comprennent 23 États membres de l'UE, afin de relever l'objectif de dépenses de défense de son niveau actuel de 2 % du PIB. Une décision devrait être annoncée lors d'un sommet à La Haye à la fin du mois de juin.
Les trois autres mesures proposées par Mme von der Leyen consistent à permettre aux États membres d'utiliser plus largement les programmes de la politique de cohésion pour augmenter les dépenses de défense, à élargir le mandat de la Banque européenne d'investissement afin qu'elle stimule le financement des projets de défense et à accélérer l'Union de l'épargne et de l'investissement afin de permettre aux banques privées d'injecter davantage d'argent dans ce secteur également.
"La véritable question qui se pose à nous est de savoir si l'Europe est prête à agir de manière aussi décisive que l'exige la situation, et si elle est prête et capable d'agir avec la rapidité et l'ambition nécessaires", a-t-elle déclaré.
Les dirigeants de l'UE devraient discuter du paquet défense proposé lors d'un sommet extraordinaire qui se tiendra jeudi à Bruxelles et auquel Volodymyr Zelensky devrait participer.
Le sommet a été convoqué le 23 février en réponse à l'ouverture diplomatique de Donald Trump à la Russie, le sentiment d'urgence s'est intensifié vendredi à la suite de l'altercation entre M. Zelensky et le président américain à la Maison Blanche, qui a vu le dirigeant ukrainien partir avant la fin de sa visite prévue et sans signer un accord sur les minerais qui, selon Washington, pourrait servir de moyen de dissuasion contre de futures attaques.
Le sommet de jeudi risque de mettre en lumière les divisions entre les États membres sur l'Ukraine, puisque Viktor Orban (Hongrie) et Robert Fico (Slovaquie) ont tous deux menacé d'opposer leur veto à toute demande d'augmentation de l'aide militaire à ce pays déchiré par la guerre.
Le projet de conclusions du sommet vu par Euronews suggère que les dirigeants ne prendront pas de décisions sur la manière d'augmenter les dépenses de défense lors du rassemblement et qu'ils reviendront sur le sujet lors d'un sommet ultérieur en mars qui suivra la publication du Livre blanc de la Commission sur la défense.
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