À Paris, près d'un étudiant sur deux est en situation d'insécurité alimentaire, révèle une étude
Dans la banlieue de Paris, où la fragilité économique se conjugue avec les problèmes de logement, d'éducation et de santé, une nouvelle étude révèle un aspect du quotidien des étudiants : près d'un sur deux se trouve dans une situation d'insécurité alimentaire.
L'étude, menée dans une université française située dans une zone "défavorisée" à la périphérie de Paris, visait à évaluer la prévalence de l'insécurité alimentaire parmi les étudiants, sa relation avec l'interruption des études et les facteurs socio-économiques et démographiques associés.
L'enquête a porté sur 5 068 étudiants, soit 22 % de la population étudiante totale de l'université, dont 66 % de femmes.
Les hommes plus concernés que les femmes
L’étude a retenu une classification en trois niveaux pour décrire la situation des étudiants face à la sécurité alimentaire. La première catégorie regroupe les étudiants en "insécurité alimentaire quantitative", c’est-à-dire ceux dont l’alimentation est insuffisante en quantité.
La deuxième catégorie est celle de l'"insécurité alimentaire qualitative", qui comprend ceux qui disposent de quantités suffisantes de nourriture, mais qui ne peuvent pas choisir les aliments qu'ils souhaitent en raison d'un manque de ressources ou du coût élevé de la vie.
D'autre part, la troisième catégorie comprend les étudiants qui sont en "sécurité alimentaire totale", regroupant ceux ayant un accès suffisant pour satisfaire leurs désirs et leurs besoins quotidiens.
Il a été constaté que 11 % des étudiants sont en situation d'insécurité alimentaire quantitative, tandis que 35 % sont en situation d'insécurité alimentaire qualitative.
Autre enseignement : les hommes souffrent davantage d'insécurité alimentaire quantitative que les femmes.
Une image plus large de la crise
Les facteurs associés à l'insécurité alimentaire ne se limitent pas au revenu. L'étude a révélé une corrélation entre l'habitat collectif, le manque de matériel de cuisine, les difficultés financières, le recours à l'aide alimentaire, le fait de ne pas recevoir de nourriture de la famille, le fait de manger seul régulièrement et les mauvaises habitudes alimentaires liées à la cuisine.
Ces indicateurs structurels et comportementaux expliquent, en grande partie, la crise vécue par les étudiants universitaires dans les zones marginalisées, où la vulnérabilité économique s'accompagne d'un isolement social et d'un stress psychologique accru.
L’étude a mis en évidence une relation nette entre l’insécurité alimentaire et l’abandon des études. Elle suggère que mieux comprendre les caractéristiques des étudiants les plus vulnérables à ce phénomène pourrait permettre d’élaborer des mesures préventives concrètes, susceptibles de réduire le décrochage universitaire et d’atténuer les effets de la pauvreté sur leurs parcours académiques.
Les résultats de l'étude correspondent à ceux du rapport annuel de l'Observatoire national de la politique de la Ville, publié en juin 2025, qui indique que les quartiers dits "prioritaires" sont des foyers de difficultés socio-économiques, notamment en matière d'emploi.
Selon ce rapport, qui couvre la période entre 2015 et 2023, le taux de chômage dans ces quartiers est de 18,3 %, contre seulement 7,5 % dans le reste de la ville, soit un taux 2,4 fois plus élevé.
Le rapport annuel 2024 de l'organisation Secours populaire, en collaboration avec l'institut de sondage Ipsos, a montré que deux Français sur cinq ont connu, à un moment de leur vie, une période de "vulnérabilité financière importante", accompagnée de difficultés croissantes d'accès aux services de base.
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