Gaza : l'armée israélienne "prête à mettre en oeuvre toute décision prise"

Une réunion de sécurité restreinte s'est tenue mardi, pour évoquer la suite des opérations israéliennes à Gaza. Présidée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, elle a pris fin en début de soirée après trois heures de discussions. Les ministres de la Défense et des Affaires stratégiques, ainsi que le chef d'état-major étaient présents.
Selon un communiqué du bureau du Premier ministre, "le chef d’état-major a présenté les options pour la poursuite de la campagne à Gaza" et "l’armée israélienne est prête à mettre en œuvre toute décision prise par le cabinet de sécurité."
Une occupation totale de Gaza ?
Le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, a déclaré sur la chaîne de télévision israélienne Channel 12, ce mardi, qu’il n’y a "pas d’autres choix que d’occuper complètement la bande de Gaza", même si cela "mettra certainement les otages en danger".
Un avis qui serait partagé, selon plusieurs médias israéliens, par le Premier ministre. Pour ce faire, il aurait évoqué le lancement des opérations militaires dans les zones où se trouveraient les derniers otages détenus par le Hamas.
"Nous devons continuer à nous battre ensemble pour atteindre les objectifs de guerre que nous nous sommes fixés : la défaite [du Hamas], la libération de nos otages et l'assurance que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël", avait déclaré Benjamin Netanyahu ce lundi 4 août. "Nous n'abandonnerons aucune de ces missions."
Israël doit prendre "toutes les mesures nécessaires pour vaincre le Hamas" dans la bande de Gaza, a déclaré, de son côté, le ministre de la Défense, Israël Katz.
Oppositions en Israël
Des médias israéliens ont toutefois fait état de désaccords entre Benjamin Netanyahu et le chef de l'armée, le lieutenant-général Eyal Zamir sur la manière de procéder.
Ce dernier s'opposerait à une prise de contrôle totale de Gaza, il pourrait démissionner ou être poussé vers la sortie si elle était approuvée. Selon le chef de l'armée israélienne, une telle décision pourrait mettre en danger les otages, aggraver la crise humanitaire et isoler encore davantage Israël sur le plan international.
Benjamin Netanyahu pourrait également devoir faire face à des membres de son propre gouvernement et des personnalités de premier plan, parmi lesquels les anciens dirigeants du service de sécurité intérieure israélien Shin Bet, de l'agence d'espionnage Mossad et de l'armée israélienne, ainsi que l'ex-Premier ministre Ehud Barak.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, ils demandent la fin de la guerre et affirment que les membres d'extrême droite du gouvernement prennent le pays "en otage" en prolongeant le conflit. Yoram Cohen, ancien chef du Shin Bet, a même qualifié les objectifs de Benjamin Netanyahu de "fantaisie". "Si quelqu'un s'imagine que nous pouvons atteindre chaque terroriste, chaque puits et chaque arme et, parallèlement, ramener nos otages à la maison, je pense que c'est impossible", a-t-il assuré.
Vidéos choquantes d'otages israéliens
De nouvelles vidéos publiées par le Hamas montrant des otages émaciés détenus à Gaza, ont horrifié les Israéliens et suscité de vives critiques de la part des dirigeants du monde entier.
Benjamin Netanyahu a déclaré que ces vidéos renforçaient sa détermination à renverser le Hamas, alors que les négociations pour un cessez-le-feu sont au point mort.
L'occupation totale de Gaza avait déjà été évoquée en décembre 2023 dans un document consulté par Euronews. Le gouvernement israélien avait imaginé un plan excluant explicitement la souveraineté de l'Autorité palestinienne et la présence de l'agence UNRWA de l'ONU en tant que source d'aide humanitaire. Elle implique la reconstruction économique, la construction d'infrastructures et"le déracinement d'une idéologie meurtrière", également qualifié de processus de "dé-nazification".
Des dizaines de Palestiniens tués
Les images des otages ont été diffusées alors que les organisations humanitaires et les experts internationaux continuent de mettre en garde contre le "pire scénario de famine" qui se dessine dans la bande de Gaza, où une aide limitée est acheminée au compte-gouttes depuis des mois.
Lundi, des dizaines de Palestiniens ont été tués alors qu'ils cherchaient de l'aide, ont indiqué des responsables sanitaires, ajoutant que cinq autres étaient morts de faim.
Depuis le mois de mai, plusieurs centaines de personnes sont mortes lors d'incidents au cours desquels l'armée israélienne a ouvert le feu à proximité de civils, selon le bureau des droits de l'homme des Nations unies. L'armée israélienne affirme n'avoir procédé qu'à des tirs d'avertissement et conteste ce bilan.
Pour pallier ce manque de nourriture, plusieurs pays ont eu recours au parachutage de vivres au-dessus de la bande de Gaza. Si beaucoup se sont réjouis à la vue des palettes larguées, les Nations unies et les organisations humanitaires ont averti que ces parachutages étaient dangereux pour les habitants et bien moins efficaces que les livraisons par camion.
Les palettes sont souvent larguées dans la mer Méditerranée, ce qui pousse les gens à se précipiter dans l'eau, ou dans les zones dites rouges, où l'armée israélienne a demandé aux habitants d'évacuer.
Récemment, une caisse est tombée sur une tente où s'abritaient des personnes déplacées.
Depuis les attaques meurtrières du Hamas qui ont déclenché la guerre en octobre 2023, l'armée israélienne a tué plus de 61 020 personnes, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé de Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Today