Aude : le feu sous contrôle, mais pas encore éteint, la vague de chaleur inquiète

Les autorités et quelques 1050 pompiers sur place restent en état d'alerte après avoir maîtrisé le plus grand incendie de forêt du pays depuis des décennies, car la hausse des températures risque de raviver le brasier qui a ravagé le sud de l'Aude cette semaine.

Fixé depuis jeudi soir, l'incendie dans l'Aude ne sera pas "déclaré éteint avant plusieurs jours", a prévenu Christian Pouget, préfet du département, dans la soirée du vendredi 8 août, ajoutant qu'"il y a encore beaucoup de travail". Le feu a parcouru 16 000 hectares depuis mardi, a confirmé la préfecture de l'Aude à Radio France, samedi matin.

En trois jours, l'incendie a brûlé plus de 160 kilomètres carrés de terres dans les Corbières, une région viticole bien connue. Une personne est décédée et plus d'une vingtaine d'autres ont été blessées, dont 19 pompiers, alors que les flammes brûlaient 15 communes, forçant l'évacuation de centaines de personnes.

Les autorités ont déclaré que le périmètre de l'incendie avait atteint 90 kilomètres avant d'être maîtrisé. Ils ont également indiqué qu'une nouvelle vague de chaleur pourrait faire grimper les températures au-delà de 30 °C, ce qui augmenterait le risque d'embrasement.

Une trentaine de villages ont été touchés, une centaine de foyers toujours privés d'électricité samedi matin, selon franceinfo. Après avoir dû quitter leur logement dans la précipitation mardi, les dernières personnes évacuées ont été autorisées vendredi soir à regagner les 15 villages touchés par l'incendie, le plus important depuis un demi-siècle sur l'arc méditerranéen. Plus d'une trentaine de maisons ont été endommagées ou détruites et plus d'une centaine de foyers restent sans électricité dans le village de Fontjoncouse.

Des abris d'urgence ont été mis en place dans 17 municipalités pour accueillir les personnes déplacées. Les autorités locales ont exhorté les habitants à ne pas retourner dans les zones touchées sans autorisation officielle, car de nombreuses routes restent inaccessibles et dangereuses.

Béatrice Bertrand, maire de Tuchan, a raconté les premières heures de la crise. "Mardi, lorsque l'incendie s'est déclaré, nous avons appris que les habitants du village voisin de Durban-Corbières arrivaient à Tuchan", a-t-elle déclaré à AP.

"Nous avons reçu et hébergé plus de 200 personnes. Nous leur avons donné de la nourriture, grâce aux entreprises locales qui ont ouvert leurs magasins malgré l'heure tardive", a expliqué Mme Bertrand.

"La protection civile nous a apporté des lits. Les villageois ont également offert leurs maisons pour les accueillir. C'était leur première nuit ici et beaucoup étaient choqués et effrayés".

Les autorités ont ouvert une enquête sur l'origine de l'incendie.

C'est le pire incendie depuis au moins cinquante ans sur le pourtour méditerranéen français, selon une base de données gouvernementale répertoriant les feux de forêt depuis 1973. Sur franceinfo, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ministre française de la transition écologique, a parlé du "plus important incendie qu'a connu la France depuis 1949".

Bien que la base de données nationale sur les incendies n'existe que depuis 2006, l'ampleur et la rapidité de l'incendie de l'Aude ont alarmé les autorités.

L'Europe du Sud a connu plusieurs grands incendies de forêt cet été, en raison de sécheresses prolongées et de la hausse des températures.

Les scientifiques avertissent depuis longtemps que le changement climatique intensifie la fréquence et la gravité de ces événements. Le mois dernier, un incendie près de Marseille, la deuxième ville de France, a fait environ 300 blessés.

Selon le service Copernicus sur le changement climatique de l'Union européenne, l'Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde, les températures ayant augmenté deux fois plus vite que la moyenne mondiale depuis les années 1980.