Israël approuve un projet controversé de colonisation en Cisjordanie, sapant encore plus la solution à deux États

Israël va intensifier sa guerre en Palestine. L'État hébreu a donné, ce mercredi 20 août, son accord définitif à un projet controversé de colonisation en Cisjordanie occupée, ce qui pourrait anéantir tout espoir d'un futur État palestinien.
L'implantation d'une colonie dans la zone E1, une étendue de terre ouverte à l'est de Jérusalem, est envisagée depuis plus de vingt ans, mais a été gelée sous la pression des États-Unis au cours des administrations précédentes.
La communauté internationale considère très majoritairement que la construction de colonies israéliennes en Cisjordanie est illégale et constitue un obstacle à la paix. L'année dernière, la Cour internationale de justice a déclaré, dans un arrêt historique, qu'Israël devait mettre fin aux activités de colonisation et à l'occupation dans ce territoire palestinien, à Gaza et à Jérusalem-Est dans les plus brefs délais.
Le ministre des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, un ancien leader de colons, a présenté cette approbation comme une réponse aux pays occidentaux, comme la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, qui ont annoncé leur intention de reconnaître un État palestinien au cours des dernières semaines. "L'État palestinien est en train d'être effacé de la table, non pas par des slogans, mais par des actes", s'est-il réjoui, ce mercredi. "Chaque colonie, chaque quartier, chaque unité d'habitation est un nouveau clou dans le cercueil de cette idée dangereuse."
Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les Pays-Bas, ont décidé, ces dernières semaines, de sanctionner Bezalel Smotrich, ainsi que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, pour avoir incité les colons à la violence contre les Palestiniens et appelé au nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
Condamnation internationale
Dans un message publié sur X, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a condamné l'approbation du projet E1, le qualifiant de "violation flagrante du droit international".
Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Josef Hinterseher, a également condamné ce projet lors d'une conférence de presse, ce mercredi. "La position du gouvernement est claire : nous rejetons fermement cette approbation. La construction de la colonie viole le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies", a-t-il assuré.
"La colonie de E1 n'a d'autre but que de saboter une solution politique", a déclaré Peace Now, une organisation qui suit l'expansion des colonies en Cisjordanie. "Alors que nos amis dans le monde entier s'accordent pour dire qu'il faut œuvrer en faveur de la paix et d'une solution à deux États, un gouvernement qui a depuis longtemps perdu la confiance du peuple sape l'intérêt national, et nous en payons tous le prix."
Mais les États-Unis dénotent un peu du reste de ses alliés. Selon Mike Huckabee, ambassadeur états-unien en Israël, la solution à deux États n'est pas une "priorité absolue" pour l'administration Trump. Il y aurait également trop de questions sans réponse quant à la forme que prendrait un État palestinien.
Mike Huckabee, fervent opposant à la solution à deux États, a même attribué l'échec récent des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza à la décision de certains dirigeants européens de reconnaître l'existence d'un État palestinien. "Le bruit fait récemment par les dirigeants européens [...] a eu un effet contre-productif", a-t-il assuré à l'Associated Press.
Les Palestiniens de Cisjordanie, les oubliés de la guerre
L'emplacement de E1 est important, car il s'agit de l'un des derniers liens géographiques entre les grandes villes de Cisjordanie que sont Ramallah, au nord, et Bethléem, au sud.
Les deux villes sont distantes de 22 kilomètres, mais les Palestiniens qui se rendent d'une ville à l'autre doivent effectuer un grand détour et passer par de nombreux points de contrôle israéliens, ce qui leur rallonge énormément le trajet. L'espoir était que, dans un éventuel État palestinien, la région serve de lien direct entre les deux villes.
Les travaux d'infrastructure dans la zone E1 pourraient commencer dans les prochains mois et la construction de logements pourrait démarrer dans environ un an. Le projet prévoit la construction d'environ 3 500 appartements qui jouxteraient la colonie existante de Maale Adumim. Bezalel Smotrich a également salué, à cette occasion, l'approbation de 350 logements pour la colonie d'Ashael, près d'Hébron.
L'expansion des colonies par Israël s'inscrit dans une réalité de plus en plus difficile pour les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, alors que l'attention du monde se concentre sur la guerre à Gaza. Les attaques de colons contre des Palestiniens, les expulsions de villes palestiniennes, les opérations militaires israéliennes et les points de contrôle qui entravent la liberté de mouvement se sont multipliés ces dernières années. Plus de 700 000 colons israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Ce jeudi, une fusillade a éclaté près de la colonie illégale d'Adei Ad, au nord du territoire palestinien, au cours de laquelle un jeune homme israélien de 20 ans a été légèrement blessé. "Les troupes de l'armée israélienne encerclent actuellement le village d'al-Mughayyir et d'autres villages et mènent une chasse à l'homme pour retrouver le terroristes", a indiqué Tsahal.
Prise de contrôle de Gaza
L'armée israélienne a également annoncé qu'elle avait entamé la première phase de son offensive militaire planifiée pour s'emparer du plus grand centre urbain de l'enclave, la ville de Gaza.
Le brigadier général Effie Defrin, porte-parole militaire israélien, a déclaré, ce mercredi, que "les forces de l'armée israélienne tiennent la périphérie de la ville de Gaza".
Pour mener à bien son projet, Israël fait appel à 60 000 réservistes pour intensifier les combats à Gaza, tandis que les négociateurs s'efforcent de parvenir à un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre à Gaza. Dans un pays de moins de 10 millions d'habitants, l'appel des réservistes est le plus important depuis des mois et a un poids économique et politique.
Il intervient quelques jours après que des centaines de milliers d'Israéliens se sont mobilisés en faveur d'un cessez-le-feu, et alors que les groupes de défense des droits de l'homme avertissent qu'un assaut plus important pourrait aggraver la crise dans la bande de Gaza, où la plupart des quelque 2 millions d'habitants ont été déplacés, où de nombreuses zones ont été réduites à l'état de ruines et où la population est confrontée à la menace de la famine.
Depuis octobre 2023, Israël a tué plus de 62 122 personnes à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.
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