Benjamin Netanyahu reconnaît le génocide arménien pour la première fois

Le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu a reconnu pour la première fois le génocide arménien, mardi, lors d'un entretien à distance avec le présentateur d'origine arménienne Patrick Bet-David.
Lorsque ce dernier lui a demandé pourquoi aucun Premier ministre israélien n'avait jamais reconnu le génocide, Benjamin Netanyahu a répondu : "Je viens de le faire, voilà".
L'État hébreu a longtemps évité de reconnaître officiellement le massacre des Arméniens par les Ottomans pendant la Première Guerre mondiale. La prise de position de Benjamin Netanyahu marque donc un tournant, alors que les relations entre Tel-Aviv et Ankara continuent de se détériorer.
Aram Hamparian, directeur exécutif du Comité national arménien d'Amérique, a cependant critiqué la déclaration du Premier ministre, estimant que la reconnaissance ne serait crédible que si elle s'accompagnait de l'annulation de l'alliance militaire avec l'Azerbaïdjan et d'une pression sur la Turquie pour qu'elle mette fin à sa politique de déni.
Une telle déclaration, en l'absence de mesures concrètes, n'est rien d'autre qu'une manœuvre tactique visant à dissimuler les propres violations d'Israël, estime Aram Hamparian.
Israël et la reconnaissance du génocide arménien
L'État hébreu - qui considère depuis des années Ankara comme un partenaire commercial et parfois sécuritaire de premier plan - est resté ferme dans son refus de reconnaître le génocide arménien, même après la détérioration de leurs relations après le lancement de la guerre à Gaza.
En 2001, le ministre israélien des Affaires étrangères de l'époque, avait catégoriquement rejeté ce qu'il a qualifié de "revendications arméniennes", dénonçant une tentative de comparer le génocide arménien à l'Holocauste nazi.
Mais des voix discordantes se faisaient déjà entendre à l'époque parmi la classe politique israélienne.
En 2000, le ministre de l'Éducation Yossi Sarid, du parti de gauche Meretz, avait annoncé son intention d'inclure le génocide arménien dans le programme d'enseignement de l'histoire d'Israël.
Onze ans plus tard, en juin 2011, le député Aryeh Eldad, du parti d'extrême droite Union nationale, avait également présenté un projet de loi visant à faire du 24 avril une journée officielle de commémoration du génocide arménien.
Quelques semaines plus tôt, la Knesset avait tenu son premier débat sur la reconnaissance du génocide mais, si la majorité semblait alors y être favorable, la question n'a pas été soumise au vote.
En 2018, un autre vote de la Knesset sur la reconnaissance du génocide arménien a été annulé faute de soutien suffisant de la part de la coalition au pouvoir.
Reconnaissance dans le monde
À ce jour, seuls 34 gouvernements dans le monde reconnaissent le génocide arménien. Le 20 avril 1965, l'Uruguay est devenu le premier pays à le reconnaître.
Les États-Unis n'ont reconnu officiellement le génocide qu'en 2019, lors d'un vote au Congrès ; la Turquie avait alors "condamné fortement" un "acte politique vide de sens".
Parmi les pays arabes, seuls la Syrie et le Liban, deux pays comptant des centaines de milliers de citoyens d'origine arménienne, reconnaissent le génocide.
La plupart des pays d'Europe occidentale l'ont reconnu, à l'exception de l'Espagne et du Royaume-Uni, de même que la plupart des pays d'Amérique du Sud, ainsi que les États-Unis, le Mexique, le Canada et la Russie, tandis que la majorité de l'ex-Union soviétique refuse toujours de le reconnaître.
Quant à la Turquie, elle se refuse toujours à employer le terme de génocide pour désigner les massacres d'Arméniens perpétrés entre 1915 et 1923.
"Les dernières années de l'Empire ottoman ont été une période tragique pour son peuple. Les Turcs, les Arméniens et d'autres ont terriblement souffert", peut-on lire dans une revue officielle publiée par le ministère turc des Affaires étrangères.
"La vision arménienne de l'histoire, cependant, sélectionne les souffrances arméniennes, les résume de multiples façons et les présente comme un génocide - un crime défini par le droit international - commis par les Turcs à l'encontre des Arméniens".
Le ministère estime qu'"il n'existe aucune preuve concluante pour étayer l'affirmation selon laquelle le gouvernement ottoman aurait délibérément planifié l'extermination des Arméniens", affirmant que "le tissu social et culturel ottoman n'abritait pas d'attitudes racistes qui auraient facilité la perpétration d'un crime aussi horrible".
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