L'Ukraine affirme avoir trouvé une "trace russe" dans l'assassinat du politicien Andriy Parubiy

La police ukrainienne a annoncé avoir trouvé une possible "trace russe" dans l'assassinat de l'ancien président du parlement ukrainien Andriy Paroubiy, un acteur clé dans le mouvement pro-européen dans son pays, la "Révolution orange" du 2004 et la "Révolution de la dignité" (ou Maïdan), en 2014.
Andriy Paroubiy, 54 ans, a été abattu à Lviv dans l'après-midi du 30 août. Le suspect, déguisé en coursier (selon certaines informations, du service de livraisons Glovo), a tiré huit fois sur l'homme politique et a vérifié si Paroubiy était mort avant de prendre la fuite.
Après le meurtre, le criminel se serait est changé, s'est débarrassé de son arme et a quitté Lviv, a indiqué la police.
Les enquêteurs et les policiers ont retrouvé la trace du suspect dans les 24 heures suivant le meurtre, et l'arrestation a eu lieu 36 heures après l'attaque, a insisté le ministère de l'Intérieur.
Son arrestation a été annoncée dans la nuit par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon lequel le détenu aurait passé aux premiers aveux.
"Des mesures d'enquête urgentes sont actuellement en cours pour établir toutes les circonstances de ce meurtre. Toute l'équipe des forces de l'ordre et les procureurs travaillent 24 heures sur 24", a-t-il expliqué sur X.
Le chef du service de sécurité ukrainien (SBU) dans la région de Lviv, Vadym Onyshchenko, a déclaré : "Le crime présente des signes d'assassinat par contrat".
"Des informations opérationnelles indiquent l'implication possible des services spéciaux de la Fédération de Russie dans l'organisation du meurtre".
"Une éventuelle trace russe"**
Le bureau du procureur général a déclaré qu'un habitant de Lviv âgé de 52 ans a été inculpé du meurtre de Paroubiy.
Le ministre de l'Intérieur, Ihor Klymenko, a déclaré qu'un suspect avait été appréhendé dans la région de Khmelnytskyï (centre-ouest).
Le chef de la police ukrainienne, Ivan Vyhivskyi, a également déclaré que le crime n'était pas "aléatoire" et qu'il avait "une origine russe".
Le chef adjoint de la police nationale, chef de la police criminelle Andriy Nebytov a annoncé ne pas rejeter « aucune version, mais la priorité est d'élaborer des informations concernant une éventuelle trace russe. »
La police n'a pas précisé si le suspect avait avoué ni si l'arme du crime avait été retrouvée.
Selon les forces de l'ordre, l'homme de Lviv, né en 1973, n'avait pas d'emploi stable. Nebytov a toutefois déclaré que l'homme avait « certaines circonstances » pour commettre ce crime, sans toutefois préciser les motivations. Il n'a pas commenté les informations diffusées sur les réseaux sociaux selon lesquelles « les services spéciaux russes auraient fait chanter le suspect en lui fournissant des informations sur le sort de son fils, porté disparu pendant la guerre ». Le représentant de la police a appelé à n'opérer qu'avec des données confirmées.
Les autorités enquêtaient également pour savoir si Andriy Paroubiy avait reçu des menaces avant sa mort. Nebytov et Onyshchenko ont tous les deux déclaré que Paroubiy n'avait demandé la protection ni à la police ni au SBU.
Qui était Andriy Paroubiy ?
Andriy Paroubiy était un militant bien connu et un homme politique ukrainien de premier plan.
Il est devenu membre du Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, pour la première fois en 2007 et s'est fait connaître lors de la "Révolution de la dignité" en Ukraine, connue sous le nom d'EuroMaidan, en 2014.
Paroubiy a dirigé les groupes d'autodéfense volontaires pendant les manifestations nationales, qui réclamaient des liens plus étroits avec l'Union européenne, ce qui a finalement conduit à l'éviction du président pro-russe Viktor Ianoukovytch.
Après la fuite de Ianoukovytch en Russie, Paroubiy a été secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de février à août 2014, au moment où la Russie a envahi l'Ukraine, annexé la Crimée et déclenché la guerre dans les régions orientales du pays.
Il a ensuite été premier vice-président du Parlement entre 2014 et 2016, puis son président de 2016 à 2019.
Depuis 2019, il est membre du parti Solidarité européenne de l'ex-président ukrainien Petro Porochenko.
Paroubiy a été l'un des principaux défenseurs de la loi de 2019 sur la garantie du fonctionnement de la langue ukrainienne en tant que langue d'État, ce qui lui a valu d'être la cible de la propagande et des campagnes de désinformation de l'État russe.
Ce détail fait rapprocher son meurtre avec celui d'une autre politicienne ukrainienne, Iryna Farion, d'ailleurs, aussi à Lviv, il y a un peu plus d'un an. Farion, 60 ans, a brièvement été membre du Parlement ukrainien pour le parti ultra-nationaliste Svoboda et a régulièrement suscité la controverse pour avoir réprimandé les responsables et le personnel militaire parce qu'ils parlaient russe.
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