Corée du Nord : à quoi ressemble le train dans lequel Kim Jong-un a l'habitude de se déplacer ?

Kim Jong-un est arrivé, ce mardi 2 septembre, à Pékin afin d'assister à un défilé militaire commémorant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la lutte de la Chine contre les agressions japonaises pendant la guerre.
Au total, quelque 26 chefs d'États étrangers seront présents à Pékin pour cet événement, organisé ce mercredi. Parmi eux, le président russe. Il s'agira de la première fois que Kim Jong-un, Xi Jinping et Vladimir Poutine se réunissent au même endroit. Selon les observateurs, cela pourrait démontrer l'unité tripartite contre les États-Unis.
Ce mardi, Kim Jong-un a été accueilli à la gare de Pékin par de hauts responsables chinois, selon l'agence de presse officielle nord-coréenne Central News Agency. Car c'est en train qu'il à l'habitude de se déplacer.
Le train plutôt que l'avion
C'est donc à bord de son train blindé vert caractéristique, symbole vieillissant du règne dynastique de sa famille, que Kim Jong-un est arrivé dans la capitale chinoise. Depuis qu'il a hérité du pouvoir en 2011, à la mort de son père, il a pris le train pour se rendre à l'étranger à plusieurs reprises.
Outre sa visite en Chine, le dirigeant nord-coréen s'est rendu en train à Hanoï, la capitale vietnamienne, en 2019, un voyage qui a duré près de trois jours, et à Vladivostok, ville à l'est de la Russie, en 2023.
Des voyages bien plus longs qu'en avion en raison du blindage de l'appareil. Et pour cause, il n'avancerait qu'à une vitesse moyenne de 60 km/h. Pour rejoindre Pékin depuis Pyongyang, il lui a donc fallu environ 20 heures.
Mais pas question de perdre du temps : équipé de chambres à coucher et de nombreuses salles de réunion, Kim Jong-un peut donc continuer à travailler durant ces trajets. Les médias nord-coréens ont d'ailleurs publié une photo du dirigeant s'entretenant avec son ministre des Affaires étrangères, Choe Son Hui, dans l'une des luxueuses salles de réunion, meublée de bureau jaune brun, de fauteuils en cuir et de rideaux à nœuds dorés.
Le train dispose également d'un auditorium, de téléviseurs à écran plat et d'une liaison téléphonique par satellite. Une vingtaine de nouvelles gares ont été construites spécialement pour le train de la dynastie Kim avant le règne de Kim Jong-un.
Un héritage de son père
Car le train était également le moyen de transport favori de son père, Kim Jong-Il, qui, selon les rumeurs, avait peur de prendre l'avion. Ce qui n'est pas le cas de son fils, qui avait pris les airs, notamment en 2018, pour se rendre en Chine ou à Singapour afin de rencontrer Donald Trump.
Durant son règne de 17 ans, Kim Jong-Il a effectué une douzaine de voyages à l'étranger, presque tous en Chine et tous en train. C'est d'ailleurs à bord de celui-ci qu'il est décédé d'une crise cardiaque, en 2011, selon les médias d'État nord-coréens.
Dans un récit datant de 2002, le responsable russe Konstantin Pulikovsky a raconté avoir accompagné Kim Jong-Il lors d'un voyage de trois semaines à Moscou. L'ex dirigeant nord-coréen, comme son fils aujourd'hui, organisait des dîners opulents, alors que leur pays est l'un des plus pauvres au monde. Konstantin Pulikovsky raconte avoir vu, sur les tables, des caisses de vin français coûteux, du homard frais ainsi que du porc cuit au barbecue.
Les voyages en train faisaient également partie d'une attention particulière portée à la sécurité. Pour se prémunir contre d'éventuelles attaques, son train voyageait avec deux autres trains, l'un circulant devant son véhicule pour vérifier la sécurité de la voie ferrée, tandis que l'autre transportait des agents de sécurité et le suivait, selon les médias sud-coréens.
Réchauffement des relations avec Pékin et Moscou
Outre les commémorations, ce voyage en Chine est, pour Kim Jong-un, l'occasion de se rapprocher de ses alliés chinois et russes. Des réunions entre les trois dirigeants pourraient être organisées en marge du défilé, selon les services de renseignements sud-coréens.
Le conseiller du Kremlin, Yuri Ushakov, a déclaré dimanche à l'agence de presse russe Tass qu'une rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue nord-coréen était "à l'étude".
Ces dernières années, la priorité de la politique étrangère de la Corée du Nord a été la Russie, car elle a fourni des troupes et des munitions pour soutenir la guerre de Moscou contre l'Ukraine en échange d'une aide économique et militaire. Selon les estimations sud-coréennes, le pays a envoyé environ 15 000 soldats en Russie depuis l'année dernière, dont 2 000 seraient morts au combat.
Kim Jong-un espère aussi se rapprocher de Pékin, les relations entre la Corée du Nord et la Chine s'étant détériorées ces dernières années. Mais pour Pyongyang, de bonnes relations sont importantes, Pékin étant le premier partenaire commercial et le principal bailleur de fonds de la Corée du Nord.
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