Renforcement européen : quels pays de l'UE disposent des plus grandes armées ?

Le service militaire est obligatoire dans dix pays européens, tandis que d'autres États membres le proposent sur la base du volontariat. Dans ce contexte, une force multinationale européenne - telle que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen l'a récemment envisagée - semble lointaine.
"Ce sont des choses dont on ne discute pas avant d'être assis à la table des négociations avec de nombreuses parties qui ont quelque chose à dire", a commenté le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, à propos de l'initiative.
Ursula von der Leyen avait auparavant déclaré au journal Financial Times que l'UE travaillait sur des plans concrets pour l'envoi de troupes multinationales en Ukraine, dans le cadre des garanties de sécurité mises en place après un éventuel cessez-le-feu.
Mais Boris Pistorius rejette cette idée, arguant que l'UE n'a "aucune responsabilité ni compétence en ce qui concerne la mise à disposition de troupes pour qui ou quoi que ce soit".
État des lieux des armées européennes
Le gouvernement allemand vient d'adopter en Conseil des ministres un projet de loi visant à réformer le service militaire. Celui-ci resterait volontaire, mais de nouvelles incitations devraient permettre d'augmenter sensiblement le nombre de recrues.
Dans l'ensemble de l'Europe, l'Allemagne est actuellement, avec la Suède, la Hongrie, la Belgique et le Luxembourg, en queue de peloton en termes d'effectifs militaires. Moins de 0,35 % de la population est employée par la Bundeswehr, bien que l'armée allemande compte plus de 185 000 recrues en valeur nominale.
Avec environ 110 000 soldats pour une population de 6,5 millions d'habitants, la Grèce domine le classement avec des troupes représentant 1,7 % de la population active. Suivent la Lituanie, la Pologne, la Finlande, l'Estonie et la Lettonie.
De nombreux pays réforment leur service militaire
L'Allemagne n'est pas la seule à vouloir réformer le service militaire : la Belgique, la Pologne, le Royaume-Uni et la France se sont également montrés ouverts à des changements.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer avait déjà lancé en septembre 2024 une nouvelle proposition de "service militaire à court terme" pour les jeunes de 18 ans. Avec ce programme, 15 à 20 % de ce groupe d'âge participeraient au service militaire pendant douze mois et recevraient une indemnité de formation.
En Pologne, le Premier ministre Donald Tusk a annoncé en mars 2025 vouloir introduire une nouvelle forme de service militaire, se fixant pour objectif d'engager 100.000 nouvelles recrues par an.
Le ministre de la Défense belge Theo Francken plaide quant à lui pour un service militaire sur la base du volontariat, qui permettrait de recruter 500 réservistes supplémentaires en 2026 et 1 000 réservistes par an à partir de 2027.
Le service militaire obligatoire n'existe que dans dix pays européens : Autriche, Chypre, Estonie, Finlande, Grèce, Lettonie, Lituanie, Danemark, Suède et, depuis 2025, à nouveau en Croatie.
Au Danemark et en Suède, le service militaire est également obligatoire pour les femmes. Dans de nombreux pays où le service militaire est obligatoire, il existe toutefois aussi des options de service civil, dont les modalités varient largement.
L'Allemagne s'inspire du modèle suédois
Alors qu'en Grèce, près de 80 % des jeunes hommes sont appelés, en Suède, seuls environ 8 % des hommes et des femmes effectuent un service militaire
En Suède la sélection suit un processus en deux étapes : tout d'abord, tous les citoyens âgés de 18 ans remplissent un questionnaire : état de santé, aptitude physique, motivation.
Sur la base des réponses, 30 000 personnes sont ensuite convoquées pour un test d'aptitude, soit environ un tiers de tous les jeunes de 18 ans. Il s'agit de tests médicaux, physiques, psychologiques et logiques ainsi que d'un test de connaissances et de personnalité. Un certain niveau d'études est également requis.
À la fin de la procédure, environ 8 000 jeunes sont sélectionnés pour être admis dans l'armée pendant quatre à onze mois. Selon une estimation de l'OTAN, la Suède comptait environ 23 100 soldats professionnels actifs l'année dernière.
La Finlande, où le service militaire n'a jamais été suspendu, n'a certes pas la force la plus importante en termes nominaux, mais elle est en tête en termes de population totale.
L'armée finlandaise elle-même ne compte qu'environ 30 800 soldats professionnels. Grâce à ce que l'on appelle "l'approche holistique", les autorités peuvent toutefois mobiliser près de 285 000 réservistes en cas d'urgence.
Chaque réserviste est convoqué plusieurs jours jusqu'à l'âge de 60 ans. Ils ont en outre accès à des offres de formation continue, auxquelles 50 000 d'entre eux participent chaque année.
Si la perspective d'une force multinationale commune a encore du chemin à faire, les dépenses de défense européennes augmentent et les pays s'équipent individuellement, alors que le chef de l'OTAN, Mark Rutte, a affirmé mardi que "nous sommes désormais tous sur le flanc est, que l'on vive à Londres ou à Tallinn".
Today