Après la nomination express au Matignon, la France se prépare aux blocages massifs ce mercredi

Après la chute du gouvernement du Premier ministre François Bayrou lundi soir, la France semble se diriger vers une nouvelle période de troubles que la nomination express de Sébastien Lecornu ne va sans doute pas apaiser.
La frustration suscitée par les plans d'austérité ayant atteint son paroxysme, des groupes de base ont appelé à "bloquer tout" lors d'un mouvement national ce mercredi, visant à paralyser les transports, les écoles et la vie quotidienne.
Les manifestations, organisées en grande partie par l'intermédiaire des canaux Telegram et des médias sociaux, n'ont pas de direction centrale, ce qui laisse les autorités dans l'incertitude quant à l'ampleur et à la portée des perturbations de mercredi.
Des messages circulant en ligne invitent les sympathisants à bloquer le périphérique parisien, l'autoroute urbaine la plus fréquentée d'Europe avec 1,2 million de véhicules par jour, et même à saboter l'alimentation électrique de certaines stations de métro et gares ferroviaires.
D'autres ont proposé des actions symboliques telles que recouvrir les journaux d'extrême droite dans les kiosques par des journaux de gauche.
Le gouvernement français a déployé 80 000 policiers, craignant que 100 000 personnes n'y participent.
Bien que des comparaisons soient déjà faites avec la révolte des Gilets jaunes de 2018, le mouvement "Bloquons tout" est moins structuré, puisqu'il n'est apparu que cet été.
Mais son élan en ligne a été alimenté par la colère contre l'inflation et ce que beaucoup considèrent comme un dysfonctionnement de la classe politique, un blocage institutionnel et des mesures d'austérité annoncées.
Les Parisiens se préparent à des élections anticipées et à des troubles
Dans les rues de Paris, certains se préparent à cette dernière option, comme Jaela, étudiante franco-australienne à Paris : "S'il y a des élections, je voterai, c'est sûr. Mais j'espère que les politiciens trouveront une sorte de compromis".
Jean, un directeur d'école à la retraite, a déclaré à Euronews : "J'irai voter, c'est certain. Mais pour qui ? C'est une question que j'aimerais approfondir. Certainement pas pour l'extrême droite".
"Nous assistons à une haine généralisée pour le président. Soudain, beaucoup de gens se sont mis à détester cet homme. Je ne sais pas exactement pourquoi", a-t-il expliqué, précisant qu'il ne soutenait pas les manifestations.
Deux grands syndicats, la CGT et SUD, ont apporté leur soutien à l'action de mercredi, tandis que des appels à la grève plus larges sont prévus pour le 18 septembre.
Selon un sondage Ipsos, 46 % des Français soutiennent le mouvement, surtout les sympathisants de gauche, mais aussi plus de la moitié des électeurs du Rassemblement national (extrême droite).
La colère gagne également plusieurs secteurs professionnels. Les professionnels de la santé et de la pharmacie protestent contre la baisse des remboursements médicaux et des remises sur les médicaments génériques. Leurs syndicats ont appelé à un débrayage national le 18 septembre.
Carine, une pharmacienne qui se prépare à faire grève jeudi prochain, a déclaré à Euronews : "Il y a environ 20 000 pharmacies en France, et au moins 6 000 pourraient fermer à cause de ces mesures".
"Cela signifie que des communautés entières perdent l'accès aux médicaments au niveau local. Le gouvernement ignore la réalité de notre profession".
Pour certains, les manifestations de mercredi ont pour but d'envoyer un avertissement à ceux qui sont au pouvoir. Thomas, étudiant à l'université, a déclaré qu'il y participerait.
"Je pense qu'il est temps que Macron et les politiciens comprennent que nous sommes sérieux", lance-t-il à Euronews.
"Nous sommes en colère contre le système politique et le fait que les ultra-riches et les entreprises ne paient pas assez d'impôts. Pendant ce temps, c'est à nous que l'on demande de faire des efforts et de travailler plus".
Comme beaucoup d'autres organisateurs du mouvement, il a refusé de dire exactement ce que son groupe prévoyait pour mercredi.
L'une des propositions les plus impopulaires de François Bayrou pour juguler l'explosion du déficit public a été de supprimer deux jours fériés, ce qui a provoqué la colère de nombreux Français qui tiennent à leurs "acquis sociaux".
Gérard, boucher, estime toutefois qu'il faudra faire des compromis.
"Je crois que la plupart d'entre nous sont prêts à faire des efforts et à travailler davantage. Il faut se réveiller, car les indicateurs économiques sont mauvais. Nous n'avons pas le choix à ce stade", a-t-il déclaré à Euronews.
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