La Russie et le Bélarus organisent des exercices militaires : l'OTAN doit-elle s'attendre à de nouvelles attaques de drones ?

Sur les 19 drones russes qui ont pénétré en Pologne dans la nuit de mercredi à jeudi, au moins deux sont passés par le Bélarus, a déclaré le président ukrainien.

"Au moins deux drones russes qui ont pénétré sur le territoire polonais pendant la nuit ont utilisé l'espace aérien biélorusse", a déclaré Volodymyr Zelensky.

"Au total, plusieurs dizaines de drones russes se sont déplacés le long de la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie.

Mercredi, la défense aérienne ukrainienne a détruit plus de 380 drones russes de différents modèles. Au moins 250 d'entre eux étaient des drones Shahed.

Kiev enquête actuellement sur les types de drones et sur les détails de l'attaque russe, a déclaré M. Zelensky, ajoutant que l'Ukraine est prête à "développer la coopération avec ses partenaires pour une protection fiable du ciel".

Que disent la Russie et le Bélarus ?

Le ministère russe de la Défense a déclaré qu'il n'avait pas prévu d'attaquer des cibles en Pologne lors de son attaque contre l'Ukraine.

"Aucun objet situé sur le territoire polonais ne devait être pris pour cible. La portée maximale des drones utilisés dans l'attaque (contre l'Ukraine) n'excède pas 700 km".

Moscou a ajouté qu'elle était prête à "mener des consultations avec le ministère polonais de la Défense à ce sujet".

Le Bélarus a déclaré que les drones avaient pénétré dans l'espace aérien polonais "accidentellement", après que leurs systèmes de navigation aient été bloqués.

Pavel Muraveiko, vice-ministre de la Défense de la Bélarus, a affirmé que les drones s'étaient égarés et que le Bélarus avait elle-même abattu certains d'entre eux au-dessus de son propre territoire.

Dans une vidéo diffusée sur la chaîne Telegram officielle du ministère biélorusse de la Défense, M. Muraveiko a déclaré qu'entre 23 heures et 4 heures du matin, ses propres forces, la Pologne et la Lituanie ont échangé des informations par le biais de "canaux de communication" sur les drones égarés.

Ces attaques surviennent quelques jours avant que la Pologne ne ferme sa frontière avec le Bélarus en raison de ce que le Premier ministre polonais a qualifié d'exercices militaires "très agressifs" entre la Russie et le Bélarus.

Qu'est-ce que Zapad-2025 ?

Les Zapad - qui signifient "ouest" en russe - sont des exercices militaires conjoints entre la Russie et le Bélarus qui ont lieu en septembre, généralement tous les quatre ans. Cette fois-ci, les exercices devraient commencer le 12 septembre.

Ces exercices ont été inaugurés en 2009 pour coordonner et former le groupement militaire régional, qui associe l'armée biélorusse et l'armée russe des armes combinées de la 20e Garde du district militaire de l'Ouest.

Chaque manœuvre Zapad impliquerait entre 12 000 et 13 000 soldats, bien que l'OTAN ait déclaré que les chiffres officiels étaient discutables et qu'elle doutait de leur raison d'être.

Cependant, les exercices précédents ont montré que Moscou et Minsk jouaient des scénarios fictifs qui ressemblaient étrangement à des pays réels de leur voisinage ou indiquaient des plans futurs.

Les exercices Zapad-2017, par exemple, présentaient trois États fictifs, Vesbaria, Lubenia et Veyshnoria, qui ressemblaient aux États baltes que sont la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie, et incluaient des territoires dans la trouée de Suwalki, une zone de terre séparant l'exclave russe de la région de Kaliningrad et l'ouest de la Biélorussie.

En septembre 2021, quelques mois avant que la Russie ne commence son invasion à grande échelle de l'Ukraine, Moscou a affirmé que 12 800 militaires avaient participé à l'opération Zapad-2021 sur le territoire bélarussien.

En réalité, le nombre total de soldats dans la région s'élevait à environ 200 000. En février 2022, la Russie a utilisé les forces restées en Biélorussie après la fin des exercices pour attaquer l'Ukraine à partir du territoire biélorusse.

La Pologne va fermer la frontière avec le Bélarus

Avant même l'attaque de drone de mercredi, la Pologne a annoncé qu'elle fermerait sa frontière avec le Bélarus à minuit le 11 septembre pour des raisons de sécurité liées aux exercices militaires à grande échelle menés par la Russie, a déclaré le Premier ministre Donald Tusk.

"Vendredi, des manœuvres russo-biélorusses, très agressives du point de vue de la doctrine militaire, débuteront en Biélorussie, tout près de la frontière polonaise", a déclaré M. Tusk au gouvernement mardi.

"Par conséquent, pour des raisons de sécurité nationale, nous fermerons la frontière avec la Biélorussie, y compris les passages ferroviaires, dans le cadre des manœuvres de Zapad, jeudi à minuit.", a-t-il poursuivi.

Le président polonais Karol Nawrocki a averti : "Nous ne faisons pas confiance aux bonnes intentions de Vladimir Poutine".

"En attendant, bien sûr, une paix à long terme, une paix permanente, qui est nécessaire à nos régions, nous pensons que Vladimir Poutine est prêt à envahir d'autres pays.

La Lituanie a également annoncé qu'elle renforcerait la sécurité le long de sa frontière avec le Bélarus et la Russie.

Une nouvelle base militaire serait en construction au Bélarus

Une nouvelle installation militaire serait en cours de construction au Bélarus, ce qui, selon les analystes, pourrait revêtir une importance stratégique pour la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.

Selon Radio Svoboda, la construction a commencé en juin 2024 au sud de Minsk, près du village de Pavlovka. Le site s'étend désormais sur plus de 2 kilomètres carrés.

Les experts pensent que le complexe pourrait abriter le nouveau système de missiles balistiques russe Oreshnik.

En l'espace d'un an, plus d'un kilomètre carré de forêt dans la partie occidentale de la zone a été déboisé et 13 dépôts de munitions de 30 mètres sur 20 ont été construits derrière des murs défensifs, ainsi que trois entrepôts de 100 mètres de long chacun.

Les fondations de divers autres bâtiments ont également été posées, reliés par un réseau de routes principalement pavées.

Les autorités biélorusses n'ont pas reconnu le projet. Aucun document officiel ou registre foncier ne mentionne la base.

Une enquête menée conjointement par le projet "Schemes" de la radio ukrainienne Radio Svoboda, le service biélorusse de Radio Liberty et les médias estoniens Delfi Estonia et Eesti Ekspress a également permis de découvrir la deuxième nouvelle installation à la périphérie de la ville de Gomel, à moins de 40 km de la frontière avec l'Ukraine.

Les journalistes pensent qu'il s'agit d'une future base militaire. La construction a commencé à la fin de l'année 2023, avec l'abattage des arbres, le déboisement du site et la construction active de l'infrastructure.

La taille et l'infrastructure de l'installation correspondent aux bases militaires existantes au Bélarus, ce qui signifie qu'elle pourrait potentiellement accueillir une brigade de l'armée d'environ 3 000 personnes.