Re-"Bloquons tout" ? Une nouvelle journée de manifestations contre la rigueur budgétaire en France

La France vit ce jeudi jeudi une nouvelle journée de troubles à l'échelle nationale, avec des centaines de milliers de personnes attendues en grève et en manifestations contre les nouvelles mesures d'austérité du gouvernement.
Huit grands syndicats ont appelé les citoyens à descendre dans la rue dans tout le pays pour protester contre ce qu'ils qualifient de « brutaux » plans budgétaires annoncés cet été. La chute du gouvernement de François Bayrou la semaine dernière n'a pas découragé les dirigeants syndicaux, qui maintiennent leur appel à la mobilisation.
L’intersyndicale appelle à la grève et aux manifestations pour dénoncer les mesures budgétaires portées cet été par François Bayrou, dont le gouvernement a été renversé le 8 septembre.
Si le Premier ministre Sébastien Lecornu a rapidement renoncé à la suppression de deux jours fériés — une mesure jugée unanimement inacceptable par les syndicats — il n’a pas fermé la porte au reste du programme.
Or, pour l’intersyndicale, ces dispositions relèvent d’une « brutalité sans précédent » et font peser l’effort budgétaire sur « les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraités, les malades », selon un communiqué commun diffusé fin août.
Parmi elles : une réforme de l’assurance chômage, le gel des prestations sociales, la désindexation des retraites, mais aussi le doublement des franchises médicales.
Une des plus grandes manifestations ces dernières années
Les autorités se préparent à l'une des plus grandes manifestations depuis les défilés contre la réforme des retraites il y a deux ans. Les services de renseignement estiment qu'entre 600 000 et 900 000 personnes pourraient y participer dans tout le pays, dont jusqu'à 100 000 à Paris.
Les déplacements dans et autour de la capitale française sont déjà fortement perturbés. Le métro parisien et les trains de banlieue fonctionnent à capacité réduite, tandis que les services régionaux en Île-de-France sont fortement perturbés. La SNCF indique que neuf TGV sur dix restent en service, mais que les lignes TER locales ne fonctionnent qu'à environ 60 %.
Dans les écoles, le débrayage est généralisé. Selon les syndicats, un tiers des enseignants du primaire sont en grève. Dans le secondaire, près de la moitié des personnels restent absents des salles de classe. Le syndicat Snes-FSU, représentant les collèges et les lycées, a fait état d'une participation de 45 %, dénonçant les mauvaises conditions de travail, les bas salaires et la « fraude à l'éducation publique ».
À 10 heures du matin, les autorités avaient déjà recensé plus de 100 actions de protestation distinctes à travers le pays, notamment des blocages de dépôts de bus et d'écoles. La police et la gendarmerie estiment qu'environ 8 000 personnes participent à ces actions.
En Martinique, territoire français d'outre-mer, 150 000 habitants ont été temporairement privés d'eau après la fermeture délibérée de vannes sur un site de distribution principal, ce que les autorités qualifient d'acte de sabotage. L'approvisionnement a depuis été rétabli, mais une deuxième tentative de coupure est signalée sur le même site.
Le ministre de l'Intérieur sortant, Bruno Retailleau, fait état de 230 actions à 10 heures dans toute la France, dont 95 tentatives de blocage de sites impliquant environ 10 000 personnes.
Place Beauvau a qualifié les actions de « moins intenses que prévu » et a fait état de 58 interpellations, dont 11 à Paris.
Les forces de sécurité sont déployées en nombre exceptionnel. Environ 80 000 policiers et gendarmes sont mobilisés dans toute la France, avec une forte présence à Paris. Le préfet de police, Laurent Nuñez, a averti que des centaines, voire des milliers, de groupes violents d'extrême gauche se préparent à infiltrer les manifestations syndicales. Il a exhorté les commerçants le long du parcours de la manifestation à fermer leurs commerces et à protéger leurs devantures.
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