Londres, Ottawa et Canberra reconnaissent l'État de Palestine

Lors d’une conférence lundi à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, seront représentés « dix pays qui ont décidé » de « procéder à la reconnaissance de l’Etat de Palestine », a précisé un conseiller du président, Emmanuel Macron, cité par le Monde. Outre la France, à l’origine de cette initiative, « il s’agit de l’Andorre, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, du Luxembourg, du Portugal, de Malte, du Royaume-Uni et de Saint-Marin », a-t-il précisé.
Emmanuel Macron prononcera un discours par lequel il formalisera cette reconnaissance lundi, vers 15 heures (21 heures, à Paris), lors de cette conférence qu’il coprésidera avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman. Ce dernier, « aux dernières nouvelles que nous avons, interviendra en visioconférence », a-t-on expliqué de source française.
La décision qui ne passe pas tout à fait, au moins, pas auprès de tous. Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, publiée par Figaro, vingt personnalités, dont Philippe Torreton, Joann Sfar, Arthur et Charlotte Gainsbourg, ont demandé de conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas.
D’après eux, c'est à ce prix, et à ce prix seulement, que ce geste peut contribuer à la paix" au Proche-Orient."Ce serait sinon une capitulation morale face au terrorisme", ajoutent-ils.
Le Canada "ouvre le bal", suivie de l'Australie et le Royaume-Uni
Le Premier ministre Mark Carney a déclaré que le Canada avait reconnu un État palestinien, dimanche après-midi.
"La reconnaissance de l'État de Palestine, dirigé par l'Autorité palestinienne, renforce ceux qui aspirent à une coexistence pacifique et à la fin du Hamas. Cela ne légitime en rien le terrorisme, ni ne le récompense. De plus, cela ne compromet en rien le soutien indéfectible du Canada à l'État d'Israël, à son peuple et à sa sécurité – sécurité qui ne peut être garantie que par la réalisation d'une solution globale à deux États", lit-on dans le communiqué gouvernemental.
"Le gouvernement israélien actuel s'emploie méthodiquement à empêcher la création d'un État palestinien", continue le texte. "Il poursuit une politique incessante d'expansion des colonies en Cisjordanie, illégale au regard du droit international. Son assaut incessant contre Gaza a tué des dizaines de milliers de civils, déplacé plus d'un million de personnes et provoqué une famine dévastatrice et évitable, en violation du droit international. La politique avouée du gouvernement israélien actuel est désormais : « Il n'y aura pas d'État palestinien »".
L'Australie a également officiellement reconnu la Palestine comme État souverain, devenant ainsi l'un des plus de 150 pays à le faire.
Cette décision, annoncée en août, est devenue officielle dimanche par une déclaration conjointe du Premier ministre Anthony Albanese et de la ministre des Affaires étrangères Penny Wong.
« L'Australie reconnaît les aspirations légitimes et de longue date du peuple palestinien à un État qui lui soit propre », ont déclaré les deux hommes.
« L'acte de reconnaissance d'aujourd'hui reflète l'engagement de longue date de l'Australie en faveur d'une solution à deux États, qui a toujours été la seule voie vers une paix et une sécurité durables pour les peuples israélien et palestinien.»
Keir Starmer a annoncé la reconnaissance par le Royaume-Uni d'un État palestinien
« Aujourd'hui, pour raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux États, je déclare clairement, en tant que Premier ministre de ce grand pays, que le Royaume-Uni reconnaît officiellement l'État de Palestine », a-t-il déclaré dans une vidéo.
Au début de la vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Starmer déclare : « Face à l'horreur grandissante au Moyen-Orient, nous agissons pour préserver la possibilité de la paix et d'une solution à deux États.
« Cela signifie un Israël sûr et sécurisé aux côtés d'un État palestinien viable – pour l'instant, nous n'en avons ni l'un ni l'autre. »
Il ajoute ensuite que le moment de reconnaître l'État palestinien « est désormais arrivé ».
« Ainsi, aujourd'hui, pour raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux États, je déclare clairement, en tant que Premier ministre de ce grand pays, que le Royaume-Uni reconnaît officiellement l'État de Palestine. »
Cela survient quelques jours après la visite d'État de Donald Trump, où il a déclaré que la position de Starmer était un rare sujet de désaccord entre le Royaume-Uni et les États-Unis, un allié fidèle d'Israël.
Les gouvernements israélien et américain affirment que la décision de reconnaître l'État palestinien est un cadeau diplomatique au Hamas, suite à son attaque dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage.
Le Portugal en faveur de la solution à deux états
Ce dimanche, le Portugal reconnaîtra officiellement l'État de Palestine. L'annonce est prévue à 15h15 (20h15 heure de Lisbonne) et sera faite par Paulo Rangel en amont de la Conférence de haut niveau des Nations Unies qui se tiendra lundi à New York.
La décision du gouvernement bénéficie du "soutien total" du président de la République, qui a "accompagné tout le processus". À son arrivée à New York, Marcelo Rebelo de Sousa a déclaré à la RTP que le Portugal "a toujours défendu ce principe, avec chaque président, avec chaque gouvernement".
"Le président de la République soutient pleinement la position portugaise, qui consiste à défendre la modération pour que cette formule [de deux États, Israël et Palestine] soit possible, et à s'éloigner des radicalismes qui s'opposaient à la possibilité de cette formule", a déclaré Marcelo Rebelo de Sousa aux journalistes à New York, à la veille de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
La France mène l'initiative
La France a été le moteur de cette initiative commune. Le président Macron a déclaré vendredi qu'il avait informé le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qu'il allait de l'avant avec l'officialisation de l'État palestinien.
Sur le réseau X, le président français a remercié les autorités palestiniennes d'avoir arrêté le suspect d'un attentat antisémite commis sur le territoire français en 1982, qui avait fait six morts et 22 blessés.
"J’ai tout d’abord remercié (Abbas) pour la très bonne coopération dans l’arrestation de l’un des principaux auteurs du terrible attentat terroriste de la rue des Rosiers. Nous sommes convenus de travailler ensemble à son extradition dans les plus brefs délais.", a déclaré Emmanuel Macron.
"Face à l’extrême urgence de la situation à Gaza et dans le reste des territoires palestiniens, j’ai redit au Président palestinien mon intention de reconnaître l’État de Palestine lundi à New-York", a écrit le leader français, qui a donné des instructions expresses à son gouvernement pour renforcer les mesures de lutte contre les actes antisémites sur l'ensemble du territoire français.
La Belgique se prépare également à une reconnaissance officielle
La Belgique fait partie des dix pays de la liste qui se préparent à reconnaître l'État palestinien lors de la session de l'Assemblée générale des Nations unies. C'est ce qu'a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot. Cette décision renforcera la pression internationale sur Israël.
"La Palestine sera reconnue par la Belgique lors de la session de l'ONU ! Et des sanctions fermes sont imposées au gouvernement israélien", a annoncé Prévot dans un post sur X.
Le haut diplomate belge a révélé que le gouvernement appliquera 12 sanctions à Israël, suite à la "tragédie humanitaire en Palestine" et en réponse aux violences perpétrées par Israël en violation du droit international. "La Belgique a dû prendre des décisions fortes pour accroître la pression sur le gouvernement israélien", a-t-il précisé.
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