Quels sont les enjeux de l'Assemblée générale des Nations unies ?

Les dirigeants du monde entier se réunissent à New York pour participer à la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU), qui s'ouvrira mardi.
Le débat de la 80e session s’ouvrira le mardi 23 septembre, se poursuivra jusqu’au samedi 27 septembre et se terminera le lundi 29 septembre 2025, avec les discours des représentants, souvent des chefs d'État, des 193 États membres et des deux pays observateurs, le Saint-Siège et l'État de Palestine.
Les représentants palestiniens devraient toutefois participer à la 80e édition de l'AGNU par liaison vidéo, après que le département d'État américain a refusé de délivrer des visas aux représentants de l'Autorité palestinienne, y compris au président Mahmoud Abbas, en invoquant des manquements aux engagements pris.
La guerre en Ukraine figurera également en bonne place à l'ordre du jour des discussions des dirigeants. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devrait occuper le devant de la scène mercredi pour prononcer son discours, alors que l'invasion totale de son pays par la Russie approche des quatre ans.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, devrait également prononcer un discours, prévu pour samedi, en remplacement du président Vladimir Poutine.
L'assemblée de cette année devrait également comporter des débats sur de nouvelles sanctions à l'encontre de l'Iran, sur le climat et les objectifs de développement durable, sur d'autres crises humanitaires et sur les réformes de la capacité opérationnelle des Nations unies - l'initiative "UN80" - annoncée initialement en mars.
La Palestine
La création d'un État palestinien devrait être l'un des principaux sujets abordés lors de l'AGNU de cette année. Elle intervient alors que la pression mondiale continue de s'exercer sur Israël en raison de la guerre qu'il mène à Gaza, qui entre bientôt dans sa deuxième année, et de la terrible crise humanitaire qui en découle.
Une grande partie de la communauté internationale a également critiqué le gouvernement israélien pour ses projets en Cisjordanie occupée et le mouvement croissant de colonisation, qui sont considérés comme illégaux au regard du droit international.
En réaction, de nombreux pays, dont la France, la Belgique, Malte, le Portugal, le Canada et l'Australie, devraient reconnaître officiellement le statut d'État palestinien lors de la session de lundi, afin de maintenir l'espoir d'une solution à deux États.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, devrait également annoncer la reconnaissance de l'État de Palestine par son pays dans son discours.
Ces annonces risquent de susciter de vives critiques de la part du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui sera également présent au siège des Nations unies à New York. Le Premier ministre israélien devrait monter sur la scène de l'AGNU vendredi.
Sanctions contre l'Iran
Les dirigeants mondiaux sont en train de courir contre la montre pour décider s'il convient de réimposer des sanctions à l'encontre de l'Iran cette semaine.
Jeudi, le processus de résolution des différends de 30 jours lancé par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni (les "E3") en vue de parvenir à un accord sur le nucléaire avec Téhéran devrait expirer.
Les pays du E3 ont proposé une fenêtre de six mois pour trouver un accord diplomatique avec l'Iran. Le Conseil de sécurité des Nations unies a rejeté vendredi un projet de résolution visant à lever définitivement les sanctions contre l'Iran, ce qui ne laisse que quelques jours pour trouver un accord.
Les pays européens ont exigé le rétablissement des inspecteurs nucléaires de l'ONU sur le terrain afin de répondre aux inquiétudes concernant le stock d'uranium enrichi de Téhéran, ainsi qu'un réengagement avec les États-Unis. L'Iran maintient sa position, niant tout désir d'acquérir des armes nucléaires.
Le canal diplomatique a été rouvert après la fin de la guerre des 12 jours entre Israël et l'Iran. En juin, Israël a lancé une offensive militaire contre l'Iran, afin de répondre aux menaces que Netanyahu a qualifiées de "graves conséquences" pour la paix mondiale.
L'opération israélienne a visé des hommes politiques, des chefs militaires, des installations nucléaires et des scientifiques iraniens, ainsi que des sites militaires. Les États-Unis sont intervenus quelques jours seulement après le lancement de l'incursion de Tel-Aviv, menant des attaques de précision sur les trois principaux sites nucléaires du pays.
Le président américain Donald Trump a annoncé peu après l'attaque que sept bombardiers furtifs B-2, transportant chacun deux bombes "bunker-buster", avaient réussi à "oblitérer" les installations de Téhéran. Cette évaluation a également été approuvée par Netanyahu, qui a affirmé que les frappes américaines avaient fait reculer le projet iranien de plusieurs années.
Téhéran a toutefois minimisé les attaques américaines, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, affirmant que les remarques de Trump étaient "très exagérées".
Un échange entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump
A l'heure où les efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe semblent dans l'impasse, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé à un groupe de journalistes, dont l'AFP, qu'il rencontrerait Donald Trump en marge du sommet de l'ONU. Le président américain a récemment multiplié les ultimatums, sous peine de sanctions, afin de pousser Vladimir Poutine à un compromis et abréger le conflit. Le président russe n'a toutefois pas plié, et son homologue américain n'a pas mis ses menaces à exécution, estime franceinfo.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Moscou a envoyé une centaine de drones et missiles contre le pays. Côté russe, quatre personnes ont été tuées dans une attaque de drones ukrainiens dans la région russe de Samara (sud-ouest), ont déclaré samedi les autorités locales. Une réunion à haut niveau du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine aura lieu mardi 23 septembre.
Accord de Paris
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, devrait également réunir les signataires de l'Accord de Paris mercredi pour qu'ils mettent à jour leurs contributions déterminées au niveau national (CDN).
L'accord, adopté en 2015, est un traité international juridiquement contraignant qui vise à lutter contre les effets catastrophiques du changement climatique en maintenant le réchauffement de la planète bien en dessous de 2 °C (de préférence 1,5 °C) par rapport aux niveaux préindustriels.
Les CDN sont des plans d'action nationaux sur le climat qui visent à réduire les émissions de carbone et à travailler sur les moyens de faire progresser les initiatives en matière d'énergie propre.
L'Accord de Paris exige que les CDN soient mises à jour tous les cinq ans avec une ambition de plus en plus élevée, en tenant compte de la capacité de chaque pays.
Réforme des Nations unies
La réforme annoncée des Nations unies, baptisée "initiative UN80", devrait également être abordée lors de la semaine de haut niveau de l'AGNU.
Elle a été dévoilée pour la première fois en mars en réponse à la forte réduction du financement de l'ONU, qui a entraîné une crise financière pour l'organisation intergouvernementale.
L'ONU devra faire face à des réductions de plus de 500 millions de dollars (426 millions d'euros) de son budget ordinaire. Ces réductions se traduiront par des coupes d'environ 15 % dans le budget et près de 19 % dans les effectifs (par rapport à 2025) pour l'année fiscale 2026.
Ces réductions interviennent alors que l'ONU continue de se débattre avec des problèmes chroniques de liquidités, liés aux contributions des États membres et fortement exacerbés par les politiques de Trump. Les États-Unis couvrent généralement environ 22 % du budget annuel de l'organisation, mais des sources à l'ONU indiquent que l'administration Trump n'a effectué aucun paiement depuis son retour dans le bureau ovale.
António Guterres a annoncé plus tôt un budget révisé de 3,24 milliards de dollars (2,76 milliards d'euros), en baisse par rapport à environ 3,7 milliards de dollars (3,15 milliards d'euros).
Guterres a déclaré que l'initiative UN80 visait à "rendre l'ONU plus agile, plus intégrée, plus efficace et mieux à même de répondre aux défis mondiaux actuels dans un contexte de resserrement des ressources financières".
La réforme fait encore l'objet de discussions entre les États membres. L'Assemblée générale des Nations unies est un cadre propice à la poursuite des discussions entre les dirigeants mondiaux.
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