Le Danemark en alerte après une nouvelle incursion de drones au-dessus de quatre de ses aéroports

Après une première intrusion de drones au-dessus de l’aéroport de Copenhague lundi, de nouveaux engins ont pénétré l'espace aérien du Danemark mercredi soir et jeudi matin, survolant durant près de trois heures des zones militaires proches de plusieurs aéroports du pays - les aéroports d'Aalborg, Esbjerg, Sønderborg et Skrydstrup - dans ce qui semble être une attaque coordonnée, selon les autorités du pays.
Les autorités danoises ont écarté le projet d'abattre les engins invoquant des précautions sécuritaires. "Il faut réfléchir très soigneusement avant de tenter de neutraliser de si grands drones", le commissaire principal de la police danoise, Jens Jespersen. "Il y a des avions avec des gens, du carburant, et également des habitations de plusieurs côtés de l’aéroport", a-t-il rappelé.
L'aéroport d'Aalborg, situé dans le nord du Danemark et l'un des plus grands du pays, utilisé à la fois pour les vols commerciaux et militaires, a temporairement été fermé, a annoncé la police danoise. Les trois autres aéroports n'ont pas suspendus leur activité.
La police a ouvert une enquête en coopération avec les services de renseignements danois et l'armée.
Copenhague envisage d'activer l'article 4 de l'OTAN
Lors d'une conférence de presse ce jeudi, le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, a qualifié, l'incursion aérienne d'"attaque hybride", menée par un "acteur professionnel".
Le chef d'état-major des armées, Michael Hyldgaard, a quant à lui décrit les incidents comme des "opérations réelles". Le responsable militaire a précisé que le Danemark que la Défense évalue en permanence "la nécessité de neutraliser les drones après une évaluation globale de la sécurité de la population".
De son coté, le ministre de la Justice, Peter Hummelgaard a assuré que le Danemark prévoyait de modifier sa législation afin d'acquérir des "capacités renforcées" pour neutraliser les drones.
Le gouvernement entend également présenter un projet de loi offrant "aux propriétaires d'infrastructures" davantage de possibilités d'abattre les drones.
Alors que l'Estonie a déclenché l'activation de l'article 4 de l'OTAN la semaine passée, en raison de l'incursion de trois drones russes dans son espace aérien, le Danemark envisage d'en faire de même.
L'activation de l'article 4 de l'OTAN, permet à un pays de convoquer les autres membres de l'Alliance s'il estime que son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité ou celles d'un autre pays sont menacées.
La Russie fortement soupçonnée
Selon les autorités, les drones survolant Aalborg ont suivi un schéma similaire à ceux signalé deux jours plus tôt au dessus de l'aéroport de Copenhague.
"Nous ne pouvons pas encore commenter l'objectif des drones dans la zone, ni dire quoi que ce soit sur l'acteur derrière" a déclaré le chef inspecteur Jesper Bøjgaard Madsen. " Si nous en avons l'opportunité, nous abattrons les drones", a-t-il ajouté.
Mardi, après l'incursion de drones au dessus de Copenhague, la Première Ministre danoise Mette Frederiksen avait soulevé de fortes suspicions de l'implication de la Russie, faisant référence à des incidents similaires en Pologne et Roumanie et en Estonie.
"Il est clair que [l’incident] s’inscrit dans la tendance observée ces derniers temps, avec d’autres attaques de drones, des violations de l’espace aérien et des attaques de pirates informatiques contre des aéroports européens", avait-elle déclaré.
"Les drones qui ont interrompu les vols à l'aéroport de Copenhague faisaient partie d'un schéma de contestation persistante à nos frontières", avait également déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
L'ambassadeur de Russie au Danemark avait réfute toute implication de son pays cette attaque, tandis que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov avait dénoncé des "accusations sans fondement".
L'hypothèse d'un entraînement pour les opérateurs avancée par la police
Les drones commerciaux ne sont généralement pas capables de décoller et de voler près des aéroports, car ces zones sont désignées comme des "zones interdites de vol" dans leur logiciel GPS, expliquent les autorités danoises.
Selon le commissaire principal de la police , Jens Jespersen, l'attaque pourrait être un entraînement pour les opérateurs de drone. Le responsable de police a également précisé que les engins pourraient avoir décollé d’un bateau.
Sur le réseau social X, des utilisateurs pointent deux navires, Sea Maverick et Pushpa, tous deux enregistrés comme faisant partie de la flotte fantôme, positionnés à environ 120 kilomètres à l'est d'Esbjerg, comme potentielle base de décollage des drones.
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