Législatives en Moldavie : un parti pro-russe exclu à deux jours d'élections cruciales

À deux jours d'élections législatives qui seront cruciales pour l'avenir de la Moldavie, une décision de la commission électorale vient rebattre les cartes : ce vendredi 26 septembre, le parti pro-russe Cœur de la Moldavie a été interdit d'activité pendant douze mois.
Le ministère de la Justice avait demandé cette interdiction après des perquisitions menées plus tôt ce mois-ci chez les membres du parti, lesquelles ont mené à des accusations d'achats de voix, de financement illégale et de blanchiment d'argent. Cette annonce intervient au lendemain d'un jugement rendu par la Cour d'appel de Chișinău.
Cœur de la Moldavie fait partie des quatre formations composant le Bloc électoral patriotique (BEP), une coalition proche de Moscou et considérée comme l’un des principaux opposants au Parti de l’action et de la solidarité (PAS), actuellement au pouvoir et ouvertement pro-européen.
Dans un communiqué, la commission électorale a indiqué que tous les candidats proposés par Cœur de la Moldavie seront retirés des listes du BEP, et a donné 24 heures au bloc pour ajuster sa liste afin d'ajuster sa liste et de respecter les seuils de représentation requis par la loi électorale.
Une décision dénoncée par le Bloc
Ces élections sont primordiales, car elles pourraient déterminer si cette ancienne république soviétique jusqu'en 1991 poursuit sa trajectoire vers l'Union européenne ou opte pour un rapprochement avec la Russie. La Moldavie est candidate à l'UE depuis 2022.
Cette décision rebat ainsi un peu les cartes des élections. Et bien que le Parti de l'action et de la solidarité (PAS), le parti pro-européen au pouvoir, détienne une large majorité parlementaire depuis 2021, il risque de la perdre lors de ce scrutin, face à plusieurs adversaires pro-russes et sans allié pro-européen solide.
Le BEP affirme vouloir une "amitié avec la Russie", une neutralité permanente et un "État au service du peuple et non des fonctionnaires". Irina Vlah, leader du Cœur de la Moldavie, a condamné "la décision abusive" et l'a qualifiée de "spectacle politique, concocté il y a longtemps" par le parti au pouvoir.
"Nous avons passé de nombreux appels soulignant les crimes qui étaient commis contre nous, mais il n'y a eu aucune réaction, aucun changement d'attitude, ce qui confirme une fois de plus que ces dernières semaines, un scénario a été mis en œuvre contre nous", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
Jeudi, Irina Vlah a été interdite d'entrée en Lettonie, en Estonie et en Pologne, qui l'ont accusée d'avoir "aidé la Fédération de Russie à s'ingérer dans les préparatifs des élections législatives".
Attiser les tensions
La décision de la commission électorale devrait exacerber les tensions dans un pays déjà polarisé, où les autorités ont prévenu que la Russie dépensait des centaines de millions d'euros pour influencer le résultat du scrutin par le biais d'une opération présumée d'achat de votes et de plans visant à provoquer des émeutes.
Moscou a nié à plusieurs reprises toute ingérence en Moldavie. Dans un communiqué publié jeudi, le ministère russe des Affaires étrangères a rejeté les allégations d'ingérence russe, les qualifiant d'"anti-russes" et de "non fondées".
Cristian Cantir, professeur associé de relations internationales à l'université d'Oakland, a déclaré que les partis pro-russes pourraient utiliser cette interdiction pour affirmer qu'ils font l'objet de discriminations et stimuler leurs partisans.
"Si des concurrents politiques enfreignent la loi et contribuent aux plans du Kremlin visant à saper la Moldavie, une réponse institutionnelle est nécessaire pour préserver la sécurité et la démocratie du pays", a-t-il déclaré. "Cela dit, la décision sera utilisée par les groupes pro-russes comme une preuve supplémentaire de leurs allégations de persécution politique... Ces groupes intensifieront cette rhétorique pour mobiliser leur électorat."
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