L'interception de la flottille pour Gaza suscite une vague de manifestations dans le monde entier

Les forces israéliennes ont affirmé jeudi matin avoir intercepté une quarantaine de bateaux de la flottille humanitaire en route pour Gaza.
Ces arraisonnements - jugés illégaux par les membres de l'équipage, qui affirment qu'ils ont eu lieu dans les eaux internationales - ont déclenché une vague de protestations dans le monde entier, notamment au Royaume-Uni, en Italie, en Grèce, en Espagne, en Belgique, en Turquie, en Argentine et en Colombie.
Indignation internationale
En Italie, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de Rome, Naples, Milan et Turin.
Dans la capitale italienne, l'ampleur du mouvement a obligé les autorités à fermer plusieurs stations de métro. À Naples, des manifestants ont traversé les rails de la gare principale de la ville en scandant "Palestine libre" et en brandissant des drapeaux.
Outre-Atlantique, à Buenos Aires, des manifestants se sont rassemblés pour demander à leur gouvernement de prendre des mesures pour obtenir la libération Celeste Fierro, une élue de la ville de la capitale argentine pour le Mouvement socialiste des travailleurs, qui se trouvait à bord du navire Adara, intercepté dans la nuit de mercredi à jeudi.
Les autorités israéliennes ont annoncé que les militants à bord des navires interceptés, dont l'activiste climatique Greta Thunberg, étaient sains et saufs et qu'ils avaient été transférés en Israël.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré à la chaîne publique italienne Rai que les militants seraient expulsés dans les prochains jours et que les forces israéliennes avaient reçu l'ordre de "ne pas recourir à la violence".
Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné l'interception des bateaux par Israël, dénonçant un "acte de terrorisme" et une grave violation du droit international.
La flottille compte près de 500 militants, dont Greta Thunberg, le petit-fils de Nelson Mandela, Mandla Mandela, l'ancienne maire de Barcelone, Ada Colau, et plusieurs élus européens.
Chronologie des événements
Les navires de la flottille naviguaient dans les eaux internationales au nord de l'Égypte et sont entrés mercredi dans ce que les militants ont appelé la "zone de danger", que les autorités israéliennes ont averti la flottille de ne pas traverser et où elles avaient déjà arrêté d'autres bateaux.
Selon l'équipage, la marine israélienne s'est approchée de la flottille tôt dans la journée de mercredi et a signalé par message radio que l'équipage devait changer de cap car il s'approchait d'une "zone de combat active".
À la tombée de la nuit, la flottille a signalé l'approche de dizaines de navires militaires. Peu après, la diffusion en direct de la plupart des navires a été interrompue. Certains militants ont réussi à diffuser en direct le moment où les forces israéliennes se sont approchées d'eux grâce à leurs smartphones avant de les jeter à l'eau.
Selon l'outil de suivi mis à disposition par les organisateurs de la flottille, l'un de leurs bateaux aurait atteint les eaux territoriales de Gaza. Cette information reste cependant à confirmer.
L'arraisonnement de la flottille est-il légal ?
La convention des Nations unies sur le droit de la mer stipule qu'un État n'est compétent que jusqu'à 12 milles nautiques (19 kilomètres) de ses côtes. En général, les autorités n'ont pas le droit de saisir des navires dans les eaux internationales, mais les conflits armés constituent une exception à cette règle.
Yuval Shany, expert en droit international à l'Université hébraïque de Jérusalem, affirme qu'Israël peut intercepter sans avertissement préalable un navire qui essaie de briser un blocus si celui-ci est "militairement justifié".
Ce dernier point fait toujours l'objet de débats dans le cas du blocus à Gaza.
Israël a imposé un blocus indéfini à Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007, afin d'empêcher le transfert d'armes et de matériel militaire vers le territoire.
Mais la flottille fait valoir qu'elle est un groupe civil et non armé et que le passage de l'aide humanitaire est garanti par le droit international.
Omer Shatz, un expert israélien en droit international qui enseigne à Sciences Po Paris et qui a plaidé une précédente affaire de flottille devant la Cour suprême israélienne, a déclaré que même si le siège contesté de Gaza était considéré comme légal, "le droit international ouvre une voie humanitaire de la haute mer à Gaza - à la fois dans les eaux internationales et nationales au large de Gaza".
"Si les besoins fondamentaux de la population ne sont pas satisfaits par la puissance occupante, il existe un droit de fournir une aide humanitaire, mais sous certaines conditions", explique l'expert.
Israël, par exemple, aurait ainsi le droit d'arraisonner et de fouiller les navires transportant l'aide pour en vérifier la cargaison, de la même manière qu'il le fait avec les camions d'aide entrant à Gaza par voie terrestre.
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