Guerre en Ukraine : les frappes ukrainiennes responsables de pénuries de carburant en Russie, assure Zelensky

Les frappes menées par l’Ukraine contre les installations pétrolières russes à l’aide de missiles et de drones longue portée récemment développés provoquent d'importantes pénuries de carburant en Russie, a assuré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, mercredi 8 octobre.
Conséquence de ces frappes : Moscou doit désormais importer davantage de carburant, selon le dirigeant ukrainien, qui a mis en avant l'efficacité des dernières offensives. "Le principal indicateur, c’est qu’ils importent maintenant de l’essence. C'est un signal", a-t-il déclaré.
Selon les services de renseignement ukrainiens, la Russie a dû multiplier par six ses importations depuis le Belarus et a été contrainte de supprimer les taxes à l'importation. Moscou a également dû importer davantage de carburant depuis la Chine. "Selon nos données, ils ont perdu jusqu'à 20 % de leur approvisionnement en essence, précisément après nos frappes", a déclaré le chef d'État ukrainien.
Le nouveau missile ukrainien Paliantysia a touché des dizaines de dépôts militaires russes, tandis que le drone Ruta a frappé une plate-forme pétrolière offshore russe située à plus de 250 kilomètres, ce que Volodymyr Zelensky a qualifié de "succès majeur".
Par ailleurs, les installations énergétiques russes ont été attaquées par des essaims de drones à longue portée Liutyi et Fire Point. Jusqu'à 300 unités ont été utilisées lors de chaque opération. Les forces ukrainiennes ont également tiré des systèmes de missiles Neptune et Flamingo, a-t-il ajouté lors de sa conférence de presse.
Les responsables russes n'ont fait aucun commentaire public sur d'éventuelles pénuries de gaz.
Kyiv continue de demander l'aide de Washington
Les succès obtenus avec des armes conçues et fabriquées par l'Ukraine sont une bonne nouvelle pour Kyiv, après plus de trois ans et demi de guerre contre la Russie, qui déploie une armée bien plus importante et des ressources économiques supérieures.
L’Ukraine a bénéficié d’une aide militaire occidentale, mais s’est heurtée à des restrictions imposées par les États-Unis et leurs alliés européens concernant les frappes en profondeur sur le territoire russe, par crainte d’une escalade du conflit.
Pour contrer ces interdictions, l'Ukraine a donc fortement investi dans le développement de ses propres armes et est rapidement devenue un centre mondial d’innovation en matière de défense.
Cependant, Volodymyr Zelensky continue de demander à Washington la livraison d'armes à longue portée, dont les missiles Tomahawk capables de transporter de puissantes ogives, mais que Donald Trump a, jusque-là, refusé. Vladimir Poutine a, de son côté, assuré qu'une telle livraison pourrait nuire aux relations entre Moscou et Washington.
Le président américain, dont les efforts pour mettre fin à la guerre ont été contrariés par les objections de la Russie, a déclaré en début de semaine qu'il avait "en quelque sorte pris une décision" sur l'envoi de Tomahawks, sans fournir plus de détails.
"Lors de la dernière réunion, je n'ai pas entendu de 'non'", a assuré Volodymyr Zelensky, ajoutant que les responsables américains ont accepté d'étudier la question sur le plan technique.
Une délégation dirigée par la Première ministre ukrainien Yuliia Svyrydenko doit se rendre aux États-Unis au début de la semaine prochaine pour discuter de la défense aérienne, de la coopération énergétique, des sanctions et de l'utilisation des avoirs russes gelés pour financer l'effort de guerre de l'Ukraine.
Les plans russes déraillent
Sur le champ de bataille, le président ukrainien a indiqué que les combats les plus intenses se déroulaient autour de Pokrovsk et de Dobropillia, dans la région orientale de Donetsk, où les troupes ukrainiennes ont lancé une opération de contre-offensive qu'il a qualifiée de "très difficile, mais très opportune", avant de précisé qu'elle avait été "réussie".
"Cette opération a fait échouer la campagne offensive d'été de la Russie", a-t-il déclaré, ajoutant que le plan de Moscou visant à occuper la majeure partie de la région de Donetsk d'ici novembre avait échoué.
Selon lui, les commandants russes avaient reçu l'ordre de "prendre Pokrovsk à tout prix", citant des communications militaires russes interceptées.
Il a également indiqué que l'Ukraine disposait de plans d'urgence pour protéger ses infrastructures de gaz naturel, qui ont été la cible d'attaques russes ces dernières semaines. "Nous avons un plan A et un plan B", a-t-il déclaré. "Le plan A consiste à compter davantage sur notre propre extraction. Le plan B consiste à passer aux importations. Nous connaissons les volumes, le coût de ces importations et nous savons où trouver les fonds nécessaires", a-t-il assuré pour conclure sa conférence.
Today