"Un problème dans le paysage urbain": les propos de Merz sur l'immigration divisent sa coalition
Le débat sur "le paysage urbain" lancé plus tôt ce mois-ci par Friedrich Merz continue de faire des vagues en Allemagne.
Pour rappel, lors de sa première visite dans le Brandebourg le 14 octobre, le chancelier allemand avait répondu à un journaliste à propos des bons résultats du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), dans les sondages du Brandebourg.
La réponse du chancelier a été la suivante :
"En matière de migration, nous sommes très avancés. Au sein de ce gouvernement fédéral, nous avons fait baisser les chiffres d'août 2024 et d'août 2025 de 60 %, mais nous avons bien sûr toujours ce problème dans le paysage urbain, et c'est pourquoi le ministre fédéral de l'Intérieur est en train de permettre et d'effectuer des rapatriements à très grande échelle. Cela doit être maintenu, c'est ce qui a été convenu au sein de la coalition".
Après avoir refusé de donner des précisions sur sa déclaration pendant plusieurs jours, le chancelier a finalement ajouté : "Demandez à vos filles ce que j'ai pu vouloir dire par là".
Plus tard, Friedrich Merz a indiqué qu'il considérait les personnes issues de l'immigration comme indispensables en Allemagne, et ce quelle que soit la couleur de leur peau. Le chancelier affirme avoir en revanche des problèmes avec ceux qui "n'ont pas de statut de séjour durable, qui ne travaillent pas et qui ne respectent pas non plus les règles".
Le SPD veut un sommet sur "le paysage urbain"
Les propos du dirigeant allemand ont provoqué une vague de protestations dans le pays ces dernières semaines, qui n'est pas sans rappeler la réaction déclenchée par le discours de Jacques Chirac sur "le bruit et l'odeur" en 1991.
Mais alors que des manifestants sont encore descendus dans les rues de plusieurs villes ce week-end, un sondage réalisé vendredi dernier montre que plus de 60 % des personnes interrogées estiment que les déclarations de Friedrich Merz sont justes.
Dix membres du Bundestag du SPD, réunis autour d'Adis Ahmetovic, appellent désormais le chancelier à rencontrer les représentants d'associations communales, de grandes villes et des groupes parlementaires.
Les députés avaient auparavant présenté un plan en huit points, avec pour objectif un "paysage urbain social, sûr et solidaire".
La liste fait référence à des "causes multiples" de "difficultés dans le paysage urbain", telles que le manque de logements, la dégradation des espaces publics, les inégalités sociales, le manque d'infrastructures sociales et une prévention insuffisante.
Les auteurs du document estiment par ailleurs que réduire le débat à l'asile, à la fuite et à la migration empêche de trouver des solutions, et appellent à parvenir à une compréhension commune du "paysage urbain" d'ici la fin de l'année.
Tensions au sein de la coalition gouvernementale
Steffen Bilger, chef du groupe parlementaire de la CDU/CSU, a immédiatement rejeté l'idée d'un tel sommet, affirmant que le chancelier avait "clairement" défini la situation lors de son intervention du 14 octobre.
Le président du groupe parlementaire, Jens Spahn, a également critiqué la proposition du SPD - qui fait partie de la coalition de Friedrich Merz -, parlant d'"opposition au gouvernement".
De son côté, Felix Banaszak, président de Bündnis90/Die Grünen (Les Verts), a déploré des "propos de comptoir" à propos de ce débat. Dans un article pour le groupe de médias Funke, il a parlé toutefois parlé d'"espaces de peur", affirmant que certains Allemands n'osent plus sortir dans la rue la nuit.
Felix Banaszak a parlé "des fascistes qui traînent dans les gares des petites villes et des fans de football ivres morts qui braillent dans les trains", mais également des "groupes criminels, y compris de familles immigrées, qui arnaquent les gens le vendredi soir ou harcèlent les femmes".
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