Dick Cheney, l'un des vice-présidents les plus puissants de l'histoire des États-Unis, est mort

Né à Lincoln, dans le Nebraska, Dick Cheney est le fils d'un employé de longue date du ministère de l'Agriculture. Président de la classe de terminale et co-capitaine de l'équipe de football de Casper, il a bénéficié d'une bourse d'études à Yale pendant un an, mais a quitté l'université avec des notes insuffisantes.

Il est retourné dans le Wyoming, s'est finalement inscrit à l'université du Wyoming et a renoué avec Lynne Anne Vincent, son amour de lycée, qu'il a épousée en 1964.

La politique a attiré Cheney à Washington pour la première fois en 1968, alors qu'il était boursier du Congrès. Il est devenu un protégé de Donald Rumsfeld, (futur Secrétaire à la Défense sous George Bush) travaillant sous ses ordres dans deux agences et à la Maison Blanche sous la présidence de Gerald Ford, avant d'être promu chef de cabinet, le plus jeune de l'histoire, à l'âge de 34 ans.

Il est membre du Congrès, élu de l'État du Wyoming, dans les années 70 et 80, puis en 1989, il devient Secrétaire à la défense sous la présidence de George H.W. Bush, et sera à l'origine du déploiement des forces armées américaines lors de la première guerre du Golfe.

Il devient ensuite vice-président pendant les deux présidence de George W. Bush de 2001 à 2009. Dès le début, Dick Cheney se révèle être le vice-président le plus puissant que le pays ait connu. Il a joué un rôle, souvent prépondérant, dans la mise en œuvre des décisions les plus importantes pour le président.

Ses détracteurs l'accusent notamment d'avoir poussé George Bush à s'engager dans la seconde guerre du Golfe sous un faux prétexte (des armes de destructions massives présentes en Irak), un conflit qui a mis fin au règne de Saddam Hussein. Ils lui reprochent aussi d'avoir profité de la guerre pour prendre le contrôle d'une partie des réserves de pétrole irakiennes.

En effet, entre les deux administrations Bush, père et fils, Dick Cheney a dirigé la société Halliburton, basée à Dallas, une grande entreprise d'ingénierie et de construction de l'industrie pétrolière qui décrochera des contrats juteux après la fin du conflit.

Dick Cheney a aussi toujours défendu l'utilisation d'outils très controversés de surveillance, de détention et d'enquête utilisés en réponse aux attaques terroristes du 11 septembre 2001. Des prises de position qui lui ont valu de nombreuses attaques d'ONG et de ses adversaires démocrates.

Pouvoir immense, cœur fragile

Ayant survécu à cinq crises cardiaques, Dick Cheney a longtemps pensé qu'il vivait en sursis et a déclaré en 2013 qu'il se réveillait désormais chaque matin "avec un sourire sur le visage, reconnaissant pour le don d'un jour supplémentaire", une image étrange pour un personnage qui a toujours semblé sur la défensive.

Sa vice-présidence ayant été marquée par la guerre contre le terrorisme, Dick Cheney a révélé un jour qu'il avait désactivé la fonction sans fil de son défibrillateur des années auparavant, de peur que des terroristes n'envoient à distance un choc fatal à son cœur.

Au cours de son mandat, la vice-présidence n'a plus . Au contraire, Dick Cheney en a fait un réseau de canaux secondaires à partir duquel il a pu influencer la politique sur l'Irak, le terrorisme, les pouvoirs présidentiels, l'énergie et d'autres pierres angulaires de l'agenda conservateur.

Fixé par un demi-sourire apparemment permanent, ses détracteurs l'appelaient "sourire en coin". Dick Cheney plaisantait souvent sur sa réputation de manipulateur furtif : "Suis-je le génie maléfique tapi dans l'ombre que personne ne voit jamais sortir de son trou ?", s'était-il publiquement interrogé, avant de conclure : "c'est une belle façon d'agir, en fait."

Pour ses admirateurs, il a gardé la foi dans une période troublée, résolu alors même que la nation se retournait contre la guerre et les dirigeants qui la menaient.

Retour aux sources

Dick Cheney s'est retiré à Jackson Hole, non loin de l'endroit où sa fille Liz Cheney a acheté une maison quelques années plus tard, établissant ainsi sa résidence dans le Wyoming avant qu'elle ne remporte son ancien siège à la Chambre des représentants en 2016.

Les destins du père et de la fille se sont également liés, la famille Cheney étant devenue l'une des cibles préférées de Donald Trump.

Dick Cheney avait défendu sa fille en 2022, alors qu'elle jonglait entre un rôle central au sein de la commission chargée d'enquêter sur les événements du 6 janvier au Capitole, tout en essayant de se faire réélire dans cet État profondément conservateur qu'est le Wyoming.

Le vote de Liz Cheney en faveur de la destitution de Trump après l'insurrection lui a valu les éloges de nombreux démocrates et observateurs politiques en dehors du Congrès. Mais ces louanges et le soutien de son père ne l'ont pas empêchée de perdre lourdement les primaires républicaines. Une chute spectaculaire après son ascension rapide jusqu'au troisième poste le plus important au sein de la direction du parti républicain à la Chambre des représentants.

Dick Cheney laisse dans le deuil Lynn sa femme, Liz, et une deuxième fille, Mary.