Les dirigeants européens sont divisés sur le mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu
Les dirigeants européens sont divisés quant au mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
La plus haute juridiction du monde en matière de crimes de guerre a délivré jeudi un mandat d'arrêt à l'encontre du dirigeant israélien et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, ainsi que du commandant du Hamas, Mohammed Deif.
La CPI affirme qu'il existe des "motifs raisonnables" de penser que Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en restreignant l'aide humanitaire et en prenant pour cible des civils lors de la campagne militaire menée par Israël dans la bande de Gaza.
La Cour ajoute que ses membres - dont font partie les 27 États membres de l'Union européenne - sont tenus de détenir les personnes visées par un mandat d'arrêt s'ils posent le pied sur leur sol. Toutefois, dans la pratique, la Cour n'a aucun moyen de faire respecter cette obligation.
Le responsable de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a déclaré jeudi que la décision de la Cour devait être "respectée et mise en œuvre" par les États membres.
Viktor Orbán conteste la décision de la CPI
Toutefois, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a répondu qu'il inviterait Benjamin Netanyahu à se rendre à Budapest, après avoir qualifié les mandats de "scandaleusement impudents" et de "cyniques".
L'Italie, l'Irlande, la Belgique, les Pays-Bas et la France ont en revanche fait savoir qu'ils respecteraient la décision de la Cour et arrêteraient Benjamin Netanyahu s'il se rendait sur leur territoire.
Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a déclaré jeudi que, bien qu'il soit "incorrect" selon lui de comparer Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant au Hamas, les deux hommes seraient arrêtés s'ils entraient en Italie.
Les mandats d'arrêt constituent "une étape extrêmement importante", selon le Premier ministre irlandais Simon Harris, qui ajoute que son pays respectera la décision de la CPI.
Le ministère belge des Affaires étrangères déclare quant à lui soutenir "pleinement" le travail de la CPI et considère que "les responsables des crimes commis en Israël et à Gaza doivent être poursuivis au plus haut niveau, qui que soit l'auteur de ces crimes".
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a confirmé que les Pays-Bas "donneraient suite aux mandats d'arrêt".
D'autres pays ont réagi de manière plus mitigée, mais ont indiqué qu'ils suivraient la décision de la Cour.
Le ministère français des Affaires étrangères a ainsi simplement déclaré qu'il agirait "conformément aux statuts de la CPI".
Son homologue autrichien a en revanche qualifié les mandats d'arrêt de "ridicules", tout en admettant que l'Autriche serait également contraint de procéder à des arrestations si Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant se rendaient en Autriche.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré que l'Allemagne "examinait" sa réponse à la décision de la Cour, ajoutant que le pays était lié à la CPI et reconnaissait le droit international.
C'est la première fois qu'un dirigeant en exercice d'un grand allié occidental est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par une cour de justice internationale.
Cette décision, bien que symbolique, n'est pas contraignante. Le président russe Vladimir Poutine, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes de guerre présumés en Ukraine, a récemment échappé à une arrestation lors de sa visite en Mongolie, bien que ce pays soit l'un des États membres de la Cour.
Joe Biden et Israël condamnent la décision de la CPI
Si les 27 États membres de l'Union européenne font partie de la Cour, ce n'est pas le cas des États-Unis et d'Israël.
Le président américain Joe Biden a condamné les mandats d'arrêt à l'encontre de Benjamin Netanyahu et de Yoav Gallant, les qualifiant de "scandaleux".
Ces derniers ont été délivrés en même temps qu'un autre mandat à l'encontre du commandant du Hamas, Mohammed Deif, pour crimes contre l'humanité, notamment meurtre et torture, lors de l'attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas.
Joe Biden considère qu'il n'y existe "aucune équivalence - aucune - entre Israël et le Hamas" et condamne le tribunal pour avoir comparé les hommes politiques israéliens à Mohammed Deif.
"Nous nous tiendrons toujours aux côtés d'Israël face aux menaces qui pèsent sur sa sécurité", ajoute le président américain sortant.
Israël conteste les mandats d'arrêt
Benjamin Netanyahu a quant à lui qualifié les mandats d'arrêt d'"antisémites" dans une déclaration faite jeudi.
Le dirigeant israélien a contesté les allégations du tribunal en affirmant qu'Israël avait fourni à Gaza "700 000 tonnes de nourriture pour nourrir la population de Gaza".
"Nous envoyons des millions de SMS, d'appels téléphoniques et de tracts aux citoyens de Gaza pour les mettre à l'abri du danger", ajoute-t-il.
Le Hamas n'a pas répondu à l'annonce du mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, mais a qualifié la décision contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant de "correction d'un long chemin d'injustice historique contre notre peuple".
Israël a affirmé avoir tué Mohammed Deif lors d'une attaque aérienne, mais le Hamas n'a jamais confirmé sa mort.
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