France : Emmanuel Macron annonce la construction d'un nouveau porte-avions nucléaire

Emmanuel Macron a confirmé dimanche que la France allait poursuivre la construction d'un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire, un ajout majeur aux capacités navales du pays malgré des finances publiques tendues.

S'adressant aux troupes françaises à Abou Dhabi, le président français a déclaré que la décision de lancer la construction du Porte-Avions Nouvelle Génération (PA-NG) avait été prise cette semaine.

"À l'ère des prédateurs, nous devons être forts pour être craints, et particulièrement forts en mer. C'est pourquoi, dans la continuité des deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen approfondi et attentif, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a-t-il déclaré.

Ce que l'on sait du nouveau porte-avions nucléaire

Le navire, baptisé Porte-Avions Nouvelle Génération (PA-NG), devrait être achevé en 2038 et remplacera le navire amiral français vieillissant, le porte-avions Charles de Gaulle, qui est entré en service en 2001.

Il aura un déplacement d'environ 78 000 tonnes et une longueur de 310 mètres, contre 42 000 tonnes et 261 mètres pour le Charles de Gaulle.

Le nouveau porte-avions serait toujours plus petit que l'USS Gerald R. Ford, le plus grand navire de guerre au monde, qui déplace plus de 100 000 tonnes et mesure 334 mètres.

Comme son prédécesseur, il sera à propulsion nucléaire et équipé d'avions de combat Rafale M français. Il sera également équipé de deux ou trois systèmes électromagnétiques de lancement d'avions (EMALS), permettant des lancements rapides d'avions.

Emmanuel Macron a déclaré que le projet bénéficierait à 800 fournisseurs, dont 80 % sont des petites et moyennes entreprises (PME).

"Je me porterai personnellement garant de cet engagement en faveur de nos entreprises, et je me rendrai sur le chantier naval en février prochain pour les rencontrer", a-t-il déclaré.

La ministre des armées, Catherine Vautrin, a déclaré que le nouveau porte-avions serait capable de s'engager dans des déploiements lourdement armés et à longue distance, sur court préavis, de manière répétée et pour des périodes prolongées.

Le programme devrait coûter environ 10,25 milliards d'euros. Les travaux sur les composants de la propulsion nucléaire ont commencé l'année dernière et la commande finale doit être passée dans le cadre du budget 2025.

Certains législateurs français du centre et de la gauche modérée ont récemment suggéré que le projet soit reporté en raison des difficultés financières de l'État français.

Augmentation des dépenses de défense

Emmanuel Macron a annoncé des dépenses militaires supplémentaires de 6,5 milliards d'euros au cours des deux prochaines années. Il a déclaré que la France viserait à dépenser 64 milliards d'euros pour la défense en 2027, la dernière année de son second mandat, soit le double des 32 milliards d'euros dépensés lorsqu'il est devenu président en 2017.

L'armée française compte actuellement environ 200 000 militaires actifs et plus de 40 000 réservistes, ce qui la place au deuxième rang de l'Union européenne, juste derrière la Pologne. La France souhaite porter le nombre de réservistes à 80 000 d'ici 2030.

La France est l'une des rares nations européennes à exploiter un porte-avions, aux côtés du Royaume-Uni, de l'Italie et de l'Espagne. Le PA-NG sera le plus grand navire de guerre jamais construit en Europe.

Les capacités européennes restent limitées par rapport à la flotte de 11 porte-avions des États-Unis et aux trois porte-avions de la Chine. La France est la seule puissance nucléaire de l'UE et le seul pays européen à exploiter un porte-avions à propulsion nucléaire.

À l'origine, Emmanuel Macron avait annoncé que le nouveau porte-avions serait construit en 2020. Le Charles de Gaulle, mis en service en 2001 après 15 ans de planification et de construction, est le seul porte-avions français et le seul porte-avions à propulsion nucléaire en dehors de la marine américaine.

Le navire a joué un rôle central dans les opérations françaises de l'OTAN, participant à des missions depuis l'Afghanistan jusqu'aux opérations contre le soi-disant groupe État islamique en Syrie et en Irak.

Cependant, le porte-avions a été confronté à des problèmes techniques récurrents tout au long de sa durée de vie, notamment des problèmes d'hélices qui ont nécessité de multiples remises en état, et il a passé de longues périodes en cale sèche pour la maintenance.