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La sépulture du poète français Joachim du Bellay a-t-elle été découverte à Notre-Dame de Paris ?

Culture • Sep 19, 2024, 11:33 AM
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Il y a deux ans, lors des fouilles menées dans le cadre de la reconstruction de Notre-Dame consécutive à l'incendie de 2019, des chercheurs de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont mis au jour deux cercueils plombés.

Le premier, portant une épitaphe, a été rapidement identifié comme celui du chanoine Antoine de La Porte (1627-1710), grand bienfaiteur de la cathédrale.

L'identité du second individu, un homme d'une trentaine d'années, restait jusqu'à présent nimbée de mystère.

Les analyses effectuées à l'institut médico-légal du CHU de Toulouse ont révélé une structure de fémur indiquant une propension à monter à cheval.

Les études ont également permis de découvrir des ossements portant les traces d'une pathologie rarissime à l'époque : la tuberculose des os cervicaux, à l'origine d'une méningite chronique.

Une nouvelle autopsie et un portrait numérique ont conduit Éric Crubézy, professeur d'anthropologie biologique à l'université de Toulouse 3 et directeur de recherche au CNRS, à émettre une hypothèse audacieuse : "Le cavalier" pourrait bien être le poète français de la Renaissance, Joachim du Bellay.

Du Bellay (1522 - 1560) est le cofondateur de la Pléiade, un cénacle de poètes français du XVIe siècle qui compte parmi ses membres Pierre de Ronsard et Jean-Antoine de Baïf. Théoriquement enterré à la cathédrale Notre-Dame dans la chapelle Saint-Crépin, la tombe du poète n'a jamais été retrouvée.

"Il correspond à tous les critères du portrait", affirme Éric Crubézy. C'est un cavalier accompli, il souffre des deux affections mentionnées dans certains de ses poèmes.

"Il a fait le trajet Paris-Rome à cheval, ce qui n'est pas une mince affaire quand on est tuberculeux comme lui. Il a d'ailleurs failli en mourir", a expliqué Eric Crubézy lors de la conférence de presse.

Pourtant, certains doutes subsistent.

Christophe Besnier, l'un des responsables des fouilles de Notre-Dame, a évoqué une "analyse isotopique" qui "montre qu'on a affaire à une personne qui a vécu en région parisienne ou en région Rhône-Alpes jusqu'à l'âge de dix ans".

Joachim du Bellay est né en Anjou, dans la basse vallée de la Loire, dans l'ouest de la France.

"De plus, ce n'est pas parce que sa tombe n'a pas été retrouvée lors des fouilles de la chapelle Saint-Crépin en 1758 que ses restes ne s'y trouvaient pas", a ajouté M. Besnier.

D'autres études seront menées, notamment pour déterminer l'âge précis du défunt. Cependant, sans ADN comparatif, une identification formelle sera impossible - ce que Dominique Garcia, président de l'Inrap, a confirmé au Monde.

"Que peut-on faire de plus ?", interroge Dominique Garcia. "Son âge et sa pathologie offrent à eux seuls un argument statistique remarquable."